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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Profession : maraîcher et marchand de fruits et légumes

 

Cueillis le matin, dans la casserole le soir ! Tout le monde en rêve et pour celui qui ne cultive pas son jardin potager, cela risque de rester un rêve éternellement. Je n’ai pas de jardin potager et pourtant je cuisine régulièrement des légumes du jour. Incroyable, non ? Et pourtant vrai !

 

Depuis quelques années maintenant, en dehors du marché de Léognan le samedi matin, c’est dans une petite boutique « L’Authentique », sise à La Brède, bourgade calme des environs de Bordeaux, là où Montesquieu logeait en son château, que je m’approvisionne chaque semaine en fruits et légumes et bien d’autres choses encore. L’intérêt de cette boutique est qu’une grande partie des légumes provient directement du jardin potager des propriétaires du magasin.

 
 
Un potager de 3000 m2.

Ce sont Mr et Mme Godeau et leur fils Pierre qui réalisent cet exploit. Ils possédaient autrefois 12 hectares de tenues maraîchères sur plusieurs communes du département de la Gironde. Ils fournissaient quelques grands et moyens supermarchés en fruits et produits transformés tels que soupes pour la fabrication desquelles ils avaient fait construire une fabrique. Au bout de quelques temps, quasiment ruinés par ce commerce, ils décidèrent de distribuer eux-mêmes leurs productions. Et c’est ainsi qu’ils créèrent « L’Authentique »

«  Maintenant que je suis à la retraite (sic), dit Claude Godeau, je ne cultive plus que 3 à 4000 m2 des plantes faciles à ramasser tout seul. » Une retraite bien occupée !
 


citrouille et Galeuse d'Eysines, une variété ancienne et locale

Les terrains jouxtent la maison d’habitation. Claude Godeau y cultive en plein champ plusieurs espèces de citrouilles, des pastèques, des courgettes, des tomates de variétés anciennes , 3 variétés de poivrons : corne de bœuf, piment des Landes et poivrons doux, des salades, batavia brune et blonde, des blettes et des choux, des céleris et des topinambours. Ça, c’est durant l’été. L’hiver ce sont les carottes et les navets, les radis noirs et les oignons et les pommes de terre bintje.


Rangs de batavias

Sous les serres sont plantés tous les légumes qui sortiront au printemps : le persil et le céleri, les blettes et les oignons blancs, les fèves, les aillets, les carottes et navets ainsi que les petites pommes de terre nouvelles. Tous les légumes se retrouvent dans le magasin, frais ou parfois transformés par Mme Godeau qui cuicine d’exquises soupes de légumes, de non moins succulentes confitures, et prépare des carottes râpées et des cœurs de salade pour les clientes pressées.

 


De haut en bas: piments, tomates et courgettes
 
Durable, disiez-vous….

Une organisation parfaitement maitrisée où chacun à sa place. Le potager est le domaine de Claude Godeau qui cultive ses légumes sans traitement. Bien sûr, il y a des pertes, des légumes qui ne murissent pas, qui sont abimés ou qui ne sont pas ramassés à temps. Ils partent au compost.

«  Pas de traitements, la terre est généreuse. Quand il pleut beaucoup, un peu de bouillie bordelaise, mais c’est tout. S’il n’y a pas de récolte, tant pis. » Mr Godeau bénéficie de l’aide de machines, des survivantes du temps de la grande exploitation, en particulier une semeuse qui lui évite bien des fatigues et des arrosages bien minutés.


La réserve d'eau

L’eau  provient d’un puits et d’une réserve alimentée par le cours d’eau qui passe au fond du jardin et où s’ébat une famille de canards. Les graines de certaines plantes sont gardées d’une année sur l’autre comme celle de la galeuse d’Eysines. Les autres proviennent de semenciers qui aiment les variétés anciennes comme les tomates corne de bœuf et ferline, une variété italienne, les bintjes et les aillets, spécialité régionale.

La cueillette a toujours lieu le matin, après que Mr Godeau soit rentré du marché de Brienne où il s’approvisionne pour le magasin jusqu’au déjeuner avec parfois une livraison à la boutique, sinon, les légumes arrivent l’après midi à l’ouverture du magasin. Après le déjeuner, une sieste et retour au potager jusqu’à 21 h ou 22 l’été, et plus tôt l’hiver. Il peut compter sur une aide ponctuelle de son fils. Mais celui-ci a fort à faire également.

 

Tomates dans la boutique
 
La recherche du meilleur

Dans cette famille chacun a son rôle. La boutique est le domaine de Mme Godeau qui, assistée d’une vendeuse, conseille et discute avec chaque client(e), des fidèles le plus souvent. Des amateurs de qualité qui savent qu’ils trouveront là les meilleurs produits et des conseils avisés car Mme Godeau est une gourmande et une fine cuisinière..




Les belles blettes du jardin

Pierre, le fils, s’occupe de la mise en place le matin lorsque son père revient du marché. Ensuite, il part avec sa camionnette chez les producteurs pour récupérer les fruits et légumes, le mait et les laitages qui proviennent de la bourgade d'à côté. Les fruits viennent du Lot et Garonne et si Pierre va les chercher tous les jours, c’est dans un souci de fraîcheur et de qualité. Car les pêches viennent d’une exploitation où elles sont cueillies mûres et ne connaissent pas le frigo. Elles ont un goût incomparable ! Les pêches, les fraises et les framboises sont ramassées du jour. De même que les reines-claudes et les mirabelles qui proviennent d’un petit producteur qui ne cultive que des variétés authentiques Cela est possible car « on ne compte pas notre temps, c’est notre passion, on fait ça pour avoir le plaisir de faire quelque chose qui sort de l’ordinaire, pour faire plaisir aussi. Et pendant nos vacances, nous recherchons des producteurs et des artisans de qualité. »

Et le lundi, c’est la tournée des charcutiers et des conserveurs, dans les Pyrénées. « Toujours du frais, toujours chez des petits artisans qui transforment leurs produits. Nous avons ainsi le top de la qualité. » Les jambons et les charcuteries de chez Oteiza et d’un artisan de Monein, juste à côté d’une biscuiterie familiale qui fait des croquants délicieux. Et puis il y a l’artisan qui transforme ses cochons qu’il élève lui-même et qui fait un jambonneau et une sauce bolognaise aussi goûtée et parfumée que la vôtre qui a cuit 8 h au coin du feu. Le saumon de chez Barthouil, le must, les sardines de Jean de Luz, sardines de petits bateaux authentifiés sur le bocal, les confitures du Pays basque, etc., il n’y a rien à jeter. Sans compter quelques produits de base bio, comme la farine moulue à la meule qui sent bon la farine, le lait cru, le cidre, le salers, les laitages… J’arrête là la liste, ce serait trop long.

 

Voila pourquoi, je fais 15 kms deux fois par semaine pour me ravitailler. Je n’achète plus aucun produit frais dans les supermarchés depuis bien longtemps et je ne jette rien car tout est bon. Et je suis toujours satisfaite, car ici on connait les goûts de chaque client  et on a à cœur de le servir au mieux. Du bon, du propre, du sain, on est des petits veinards dans le sud de Bordeaux.


L'Authentique
24 rue Montesquieu
33650 La Brède


Mots-clés : Technorati

le 15.08.09 à 09:00 dans Autour de la nourriture
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Commentaires

Je pense que ce genre de choses c'est l'avenir de la distribution. Et c'est tant mieux !
Ici où j'habite, on trouve aussi des maraîchers qui font de la vente directe aux consommateurs, ceux-ci sont eplus en plus intéressés par des circuits de distribution courts et par la fraîcheur des produits. On peut même se faire livrer des paniers de légumes habdomadaires dans des lieux proches de chez soi, si on habite loin.
Ça remonte le moral, de voir tout cela  !

Marie-Claire - 17.08.09 à 19:53 - # - Répondre -

J'ai la chance d'habiter un village où je peux acheter les fruits, légumes et fromages directement chez les producteurs, ceux-ci sont largement gagnants financièrement et les consommateurs sont gagnants sur la qualité, la fraîcheur et sur le côté humain de ce "commerce". Bref, tout le monde s'y retrouve. C'est ça l'avenir!
Vika

Vika - 17.08.09 à 22:15 - # - Répondre -

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Mon livre

L'histoire des légumes, des potagers, du néolithique à nos jours en passant par les abbayes. Plus une cinquantaine de recettes de Michel Portos, cuisinier de l'année 2012 GaultMillau, avec les accords vins de Patrick Chazallet. De très belles photos d'Anne Lanta, une préface de Christian Coulon pour la beauté de l'ouvrage. alt : Widget Notice Mollat Analyse sur un ton léger des rapports des femmes au vin de l'Antiquité à nos jours, les interdits, les tabous, les transgressions, se ponctuant par quelques portraits de femmes du vin contemporaines. alt : Widget Notice Mollat

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