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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Et le Champagne pétilla!

 

La gloire des vins de Champagne fut encore plus grande après la découverte de l’effervescence.

Et pétillèrent les vins de Champagne !
Les vins blancs devenaient mousseux quelques mois après leur mise en bouteille, en mars plus particulièrement lors de l’équinoxe de printemps. Ce vin mousseux ravisait les buveurs britanniques et le « sparkling champagne » devint la boisson à la mode, pas seulement à Londres, à Paris aussi il fit fureur !

Pour boire ce vin frémissant et vivant, on inventa des coupes qui furent soufflés en prenant pour modèle, dit-on, les seins de la belle Madame de Montespan. La légende est délicieuse et le geste généreux, laissant la postérité rêver aux tétins de la favorite du roi. Plus tard, Madame de Pompadour, à qui l’on n’en rebattait pas en matière de galanterie, disait du champagne qu’il était le seul vin qu’une femme puisse boire sans s’enlaidir, qu’il fait briller les yeux, monter le rose aux joues et le rire aux lèvres. Il fait disparaitre toute timidité, fait jaillir confidences et audaces à l’instar de cette mousse qui déborde des coupes ou des flûtes. Argument imparable où la légèreté le dispute à l’esprit.

Cette manière de faire ne fut pas propre au grand siècle. Au milieu du XXème siècle, Odette Pol Roger était une grande amie de Sir Winston Churchill. Cette amitié ouvrit le marché britannique aux vins de la maison familiale, Winston Churchill ayant déclaré que la maison Pol Roger était « l’adresse la plus délectable ».

 
 
Les bulles du champagne

Ah ! Dès qu’il pétilla, il fit briller les fêtes et les repas ! Le champagne, frémissant et vivant, était devenu le breuvage des fêtes et des repas mondains. Cette petite mousse qui pétille, ces bulles qui dansent dans le verre sont les prémices d’un plaisir garanti. Si Furetière considérait le champagne comme une charmante orgie qui ne pouvait mener qu’à des façons dignes des Bacchanales les plus débridées L’abbé de Bernis pensait tout autrement qui taquinait la muse en utilisant à des sous-entendus coquins pour vanter le plaisir de ce vin pétillant.

Ce champagne est prêt à partir
Dans sa prison il fume,
Impatient de te couvrir
De sa brillante écume.
Sais-tu pourquoi ce Vin charmant,
Lorsque ta main l’agite,
Comme un éclair étincelant,
Vole et se précipite ?
Bacchus en vain dans son flacon
Retient l’Amour rebelle ;
L’Amour sort toujours de prison
Sous l’amour d’une belle.

 

 

Le champagne et la galanterie

Le champagne, devenu le compagnon inséparable de la séduction et de la cour galante,  menait droit… aux plaisirs de l'alcôve. Dans tous les romans libertins du XVIIIème siècle, on boit beaucoup de champagne. Casanova, par exemple, ne conçoit pas un dîner sans champagne lorsqu'il désire vaincre les résistances de des belles qu’il convoite. Du champagne pour n’être pas totalement ivre, mais mettre le rire aux lèvres et rendre coquines. Il a une prédilection pour le punch au champagne les « fait devenir folles » et qui, associé aux huîtres, devient une arme irrésistible de séduction, faisant tomber les résistances des plus farouches ou… des plus naïves.

Comptant un peu sur Bacchus, j’ai défendu l’eau. Mes pauvres héroïnes s’en donnèrent. Emilie même était toute en flammes. J’ai fait porter des citrons, une bouteille de rhum, du sucre, une grande jatte et de l’eau chaude, et après avoir fait mettre sur la table les autres cinquante huîtres, j’ai renvoyé le valet J’ai fait un grand punch que j’ai animé en y versant une bouteille de champagne. Après avoir avalé cinq à six huîtres et bu du punch qui fit faire des hauts cris aux deux filles car elles se trouvaient excédées par les charmes de cette boisson. Elles étaient assises devant le feu, ne faisant que rire de l’état dans lequel elles se trouvaient. Je leur servais de paravent, ne leur disant rien du plaisir que j’avais à les voir dans un désordre qui, me laissant contempler la beauté de leur sein, me ravissait l’âme.

 Casanova restait modéré dans ses propos suggérant plus qu’il ne décri. Le divin marquis ne contente pas de le sabler, ni de le verser dans les flûtes, il le répand sur les corps des belles, les fait s’y baigner, comme dans les Cent Vingt Journées de Sodome où une fille est « à cheval, nue, sur un bidet rempli de vin de Champagne, et là, notre homme, armé d’une grosse éponge, la nettoyait, l’inondait, en recueillant avec soin jusqu’aux moindres gouttes qui coulaient de son corps ou de son éponge ».

Il fallait en profiter, la Révolution Française se profilait à l’horizon. Alors le champagne coula beaucoup moins. Les fêtes révolutionnaires étaient beaucoup surtout sanglantes et l’on perdit la tête davantage sous le couperet de la guillotine que grâce aux bulles de champagne.

            Et pourtant, au XIXème siècle, le champagne continua d’avoir les faveurs du monde de la galanterie. Zola dans son roman « Nana » fait une description étonnante de l’héroïne du livre en grande prêtresse du champagne, le faisant couler à flots sur un champ de course, signal de rassemblement dans ce récit: « Mais bientôt on se pressa surtout devant le landau de Nana. Debout, elle s’était mise à verser des verres de champagne aux hommes qui la saluaient……Le cercle grandissait. Maintenant, La Faloise versait, Philippe et Georges racolaient des amis. Une poussée lente amenait peu à peu la pelouse entière. Nana jetait à chacun un rire, un mot drôle. La bande buveurs se rapprochaient, tout le champagne épars marchait vers elle ; il n’y avait bientôt plus qu’une foule, un vacarme autour de son landau ; et elle régnait parmi les verres qui se tendaient, avec ses cheveux jaunes envolés, son visage de neige, baigné de soleil. Alors, au sommet, pour faire crever les autres femmes qu’enrageait son triomphe, elle leva son verre plein, dans son ancienne pose de Vénus victorieuse. »


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le 25.05.12 à 09:00 dans Vins
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