Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

Sens

Quelqu’un  a dit un jour, Descartes me semble t’il,  que « le bon sens était la chose la mieux partagée au monde ». Cela devait être il y a bien longtemps. Car, à tous les étages de notre société, il y aurait besoin de remettre les gens dans le bon sens, de donner du sens à ce que nous faisons, d’avoir tout simplement un peu de bon sens. 
Plutôt que de ratiociner, je livre à votre méditation ce petit texte de François Cheng, dédicace de son livre « Le Dialogue » aux éditions Desclée de Brouwer. Un texte ciselé comme un bijou et d’une grande profondeur.  

“Le diamant du lexique français, pour moi, c’est le substantif « sens ». Condensé en une monosyllabe – sensible donc à l’oreille d’un Chinois - qui évoque un surgissement, un avancement, ce mot polysémique cristallise en quelque sorte les trois niveaux essentiels de notre existence au sein de l’univers vivant : sensation, direction, signification. Entre ciel et terre, l’homme éprouve par tous ces sens le monde qui s’offre. Attiré par ce qui se manifeste de plus éclatant, il avance. C’est le début de sa prise de conscience de la Voie. Dans celle-ci, toutes les choses vivantes qui poussent irrésistiblement dans un sens, depuis les racines vers la forme du plus grand épanouissement, semblent traduire une intentionnalité, celle même de la Création. D’où le lancinant attrait de l’homme pour la signification qui est le sens de sa propre création, qui est de fait la vraie « joui-sens ».”  

le 09.03.08 à 18:07 dans Coup de gueule- Coup de coeur
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