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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Donner du sens à sa nourriture

La crise, nous renvoie à nous-mêmes. 
Je ne parle pas de la crise financière qui alimente les médias toujours prompts à nous effrayer, mais de la crise écologique et alimentaire qui existe et couve depuis des mois et dont on parle beaucoup moins. Il est vrai qu’elle affecte surtout les paysans et les consommateurs les plus pauvres des continents lointains et qu’elle n’affecte pas vraiment notre porte-monnaie. Pourtant, il y a un an, on en parlait beaucoup lors du Grenelle de l’Environnement. Il y a eu des commissions qui ont pondu des rapports qui furent lus par des décideurs qui prirent un certain nombre de mesures qui laissèrent les vrais écologistes sur leur faim. Depuis, rien, le sujet ne semble pas émouvoir, on a un peu parlé des émeutes de la faim, de l’augmentation du prix du blé, des OGM à la sortie du reportage sur Monsanto, mais l’intérêt des journalistes et des consommateurs est retombé comme un soufflé.

Et pourtant !

 
 Potager de l'Oustal del Barry à Najac en Aveyron

Le désir de qualité

Depuis toujours, l’homme a été soucieux de la qualité de sa nourriture. Depuis qu’il mange, il choisit celle qui est la meilleure pour lui, même si ce fut primitivement de manière empirique. Il inventa la cuisine au feu et toutes sortes de façons de conserver sainement sa nourriture selon les régions où il habitait : salage, fumage, séchage, dans la saumure et même lyophilisée chez les Incas des hauts plateaux andins.

Depuis toujours, l’homme a une peur récurrente de s’empoisonner avec sa nourriture et cela a entrainé des interdictions et des tabous qui tenaient autant du rationnel que de l’irrationnel. (Je vous parlerai à ce propos de 2 livres qui traitent de ce sujet). 
Aliments avariés en raison de mauvaise conservation, eau non potable, maladies animales ou de certaines céréales… il y eut, au cours des siècles précédents de nombreuses raisons de se méfier de sa nourriture. Et l’homme essaya par tous les moyens de se protéger.    

 

Le paradoxe du XXIème siècle

Les nourritures sont maintenant malades du fait des hommes. 
Aux siècles précédents, les hommes tentaient de se protéger des désordres alimentaires ou des maladies provoqués par la nature mais maintenant les nourritures sont rendues dangereuses le plus souvent le fait des hommes.

Rendues dangereuses et déjà mortifères parfois à cause des pesticides et autres produits sanitaires dont sont gorgés certains fruits et légumes cultivés de manière intensive ainsi que le montre des rapports alarmants et le livre « Pesticides » de François Veilleret.

 

Rendues dangereuses par les certains conservateurs et autres additifs contenus dans la plupart des aliments préparés industriellement qui, absorbés régulièrement, finissent par provoquer allergies et réactions diverses. Sans compter que la majorité d’entre eux contiennent trop de graisse, de sucre et de sel, une foule de calories vides, et sont un apport de mauvaise graisse et de cholestérol plus que nourriture pour les muscles.

 

Rendues suspectes par le manque de visibilité sur ce que nous consommons. Peu ou pas d’indications qui précisent si les aliments que nous allons consommer contiennent ou non, des OGM ou des produits dangereux pour la santé. 

Nous pouvons lire par exemple : viande provenant de l’UE. Géographiquement cela nous donne un indice, vaste certes mais définissable. 
Mais qu’en est-il des conditions d’élevage ? en plein air ou en stabulation ? 
Et la nourriture, l’herbe des champs ou des tourteaux de soja OGM ? 
Et la durée d’élevage ? Les conditions d’abattage et de conservation ? 
Et le degré de mûrissement de la viande ? Ce que tout le monde semble avoir oublié tant il est vrai que laisser rassir sa viande pour la vendre à son état idéal de consommation est devenu presque un délit pour un boucher en regard des règles d’hygiène censées rassurer le consommateur.

  Vaches dans l'Aubrac


Une nouvelle devise : Qualité, Diversité, Goût.

Vous n’en avez pas assez de manger toute l’année les mêmes fruits et les mêmes légumes qui ont toujours la même forme, le même calibre, la même couleur et le même manque de goût ? Qu’on vous propose des tomates en hiver et des endives en été ?

Vous n’en avez pas assez que les industriels de l’agro-alimentaires aient aboli les saisons ? 

Vous n’en avez pas assez de payer de l’énergie et des transports plutôt que les paysans ? Des emballages, polluants, plutôt que du produit ?

Vous n’en avez pas assez du manque de goût des aliments tout préparés et de certains produits frais ?
Des diktats des professionnels des industries alimentaires qui ont décidé que tous les aliments devaient avoir les mêmes saveurs: douçâtres, sucrées, salées, les mêmes textures, molles ou  croustillantes pour ne plus avoir à mâcher ? 
De régresser en matière d’éducation au goût ? 


Vous n’êtes pas scandalisés par le fait que les abats et les bas-morceaux, dont personne ne veut plus ou ne sait plus cuisiner, soient jetés. Que la profession de tripier, avec tout son savoir-faire, est en train de disparaitre ? Qu’un boucher qui ferme ne trouve quasiment jamais de remplaçant ?

 Si ! 

Et bien, les débuts d’année étant propices aux bonnes résolutions, changez vos habitudes d’achats.
Regardez les calendriers saisonniers de produits et retrouvez les recettes de votre grand-mère ou celle de votre mère si celle-ci cuisinait. 
Prenez le temps de faire vos achats chez les producteurs sur les marchés ou par le biais des Amap. 
Achetez votre viande chez le boucher, vos légumes chez le primeur, votre fromage chez le crémier. Non, ce n’est pas plus cher, parfois même c’est moins cher ou équivalent en prix. Et en plus vous aurez un contact avec un vrai professionnel à qui vous pouvez poser toutes les questions que vous voulez et vous achèterez des produits qui auront du sens.

 
 La transhumance des moutons en Pyrennées Atlantiques

Calendrier saisonnier desfruits
des poissons
des fromages déjà parus sur mon blog, la suite dans les jours suivants.


Mots-clés : Technorati

le 09.01.09 à 09:00 dans Coup de gueule- Coup de coeur
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Mon livre

L'histoire des légumes, des potagers, du néolithique à nos jours en passant par les abbayes. Plus une cinquantaine de recettes de Michel Portos, cuisinier de l'année 2012 GaultMillau, avec les accords vins de Patrick Chazallet. De très belles photos d'Anne Lanta, une préface de Christian Coulon pour la beauté de l'ouvrage. alt : Widget Notice Mollat Analyse sur un ton léger des rapports des femmes au vin de l'Antiquité à nos jours, les interdits, les tabous, les transgressions, se ponctuant par quelques portraits de femmes du vin contemporaines. alt : Widget Notice Mollat

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