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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Manger durant la Grande Guerre, fin

Comme nous l’avons écrit dans un article précédent, l’Allemagne plus industrialisée et moins agricole manquant d’approvisionnement du fait du blocus maritime va cruellement souffrir de la faim durant cette guerre. Pour essayer de pallier à cette situation, le gouvernement va pratiquer une économie de prédation de produits alimentaires dans les pays occupés (Belgique, nord et est de la France), va encourager la fabrication de produits de substitution les Ersatz et va comme en France rationner les populations civiles. 

Un rationnement drastique
Dès 1915 le beurre, la viande, les œufs, le thé, le café, le sucre et les pommes de terre uniquement avec cartes de rationnement.

Les prix augmentent, le prix du beurre est multiplié par 4, un marché noir va donc se mettre en place, et comme les stocks sont mal gérés,  la population a faim. Très vite, les femmes ont protester contre l’augmentation du prix du beurre lors d’émeutes de la Faim à Berlin et dans d’autres grandes villes. 

L’hiver de 1916 est appelé le Kolhrübenwinter : l’hiver des navets, de faible valeur nutritive, quand ceux-ci remplacent les pommes de terre.


Carte de rationnement de vêtements

Les ersatz sont mauvais et nourrissent mal. Un mélange de margarine, suif et fécule en place de beurre, chou-rave pour les pommes de terre, houblon ou feuilles de chêne pour le tabac. Même les vêtements sont touchés : habits en un mélange de papier et fibres d’orties, beaucoup de tissus synthétiques.

L'exemple de l'Alsace
En 1916 à Mulhouse, les boucheries chevalines vendent du chien.
En Alsace le lundi et le jeudi devinrent des jours sans viande, ni graisse, ni lard dans les restaurants. Le mardi et vendredi, les boucheries charcuteries sont fermées et le samedi il est interdit de vendre du porc.

La population souffre tellement de la faim qu’en 1916 des incidents violents eurent lieu devant les magasins d’alimentation à Fribourg. On dénombre entre 450 000 et 700 000 personnes décédées à cause d’une sous-alimentation. L’enjeu alimentaire devient alors une question politique et entraine une rupture du consensus politique avec une montée de l’opposition et des grèves.

Au printemps 1917, les civils sont  rationnés :

200 g de farine/j/personne 

5 livres de pommes de terre ou chou rave/semaine/personne

250 g de viande/j/pers

50 g de « beurre »/j/pers

1918 la ration des civils était de moins de 1000 calories/jour, ce qui représente  60 à 70% de la ration nécessaire à une bonne santé

Bien évidemment, l’état sanitaire des populations s’est  détérioré entrainant des épidémies de choléra, de tuberculose et de variole, les dysenteries et le scorbut ravagent les populations épuisées. Les femmes sous-alimentées deviennent infécondes et la hausse de la mortalité infantile est impressionnante.

Puis au printemps 1917, les fantassins allemands sont également rationnés, ils n’ont droit par jour qu’à 400 gr de pain,  de fécule de pommes de terre ou légumes secs et un peu de beurre ou de saindoux, de l’alcool seulement avant les batailles. Et ils ne pouvaient être ravitaillés par leurs familles qui manquaient de tout.

.Préparation de paquets pour prisonniers par un comité de bienfaisance

Les conflits perturbent systématiquement la vie quotidienne des habitants d’un pays en guerre : fuite des habitants des zones occupées ou bombardées, ravitaillement désorganisé, caisses publiques vides ou réservées aux conflits : achats d’armes et nourriture des soldats. La première guerre mondiale n’a pas échappé à cela. La percée des armées allemandes, l’étendue des zones de combat qui touchent des régions cruciales pour l’industrie et l’agriculture, l’exode de villages entiers détruits par les bombardements, la majorité des hommes valides en âge de travailler partis au front pour de longues années, leur remplacement par les femmes, les enfants et les hommes âgés, autant de facteurs qui s’additionnent pour rendre l’approvisionnement des soldats et des populations civiles particulièrement difficile, surtout dans les villes. La guerre est un fleau qui touche toutes les populations, belligérants comme civils.


 

le 11.11.18 à 20:11 dans Autour de la nourriture
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