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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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La pêche à la préhistoire

La pêche est une activité qui occupe les hommes depuis qu’ils se procurent leur nourriture. La mer est une source sans cesse renouvelée de poissons, de crustacées et de coquillages très recherchés pour leur saveur et le plaisir gustatif qu’ils procurent. Comme le poisson ne peut pas se conserver très longtemps, les hommes le séchèrent et le salèrent, les conserveries sont des industries très anciennes. Avec l’arrivée du christianisme et les 166 jours de jeune annuels,  la pêche, l’approvisionnement des villes et la vente des poissons furent des activités économiques importantes et vitales. Approvisionner les villes en poisson frais ne fut pas chose simple avant que l’on maitrise les techniques de réfrigération, et le pauvre Vatel en périt ! Maintenant que les bateaux de pêche sont tellement perfectionnés et les techniques de conservation parfaitement au point, et  les prises de plus en plus importantes, les poissons se raréfient.

 

A l’aube des temps

A la fin de la glaciation de Würm, quelque part au bord d’une étendue d’eau que l’on appelle maintenant la Mer Noire, des hommes et des femmes pêchent. Ils ont guetté l’arrivée des premiers esturgeons qui allaient remonter les rivières pour pondre et en profiteraient pour pêcher des morues  quittant les hauts fonds pour chercher leur nourriture à la surface.

« Les femmes s’appliquaient à réparer les filets ; elles consolidaient les zones les plus fragiles avec des cordelettes provenant  de tiges ou d’écorces fibreuses, d’herbes résistantes, et de longs poils d’animaux. […] Le filet fut tendu en travers de l’embouchure du cours d’eau. Des vessies d’esturgeon, conservées de la pêche précédente, soigneusement lavées et séchées pour qu’elles durcissent à l’air, faisaient office de flotteurs pour le pourtour du filet, et des pierres attachées en quelques points leur donnaient du poids. Brun et Droog tirèrent une extrémité vers la rive opposée et, sur un signe de leur chef, les adultes et les enfants entrèrent dans l’eau. […] Avançant tout doucement pour agiter l’eau le moins possible, les hommes et les femmes déplièrent le filet en u large demi-cercle. Puis ils attendirent que le sable se dépose à nouveau, jusqu’au signal de Brun. Quand Brun leva le bras, tout le monde se mit à crier et à agiter l’eau en soulevant des gerbes écumantes. Ce qui semblait un désordre indescriptible était en réalité une habile manœuvre, destinée à entrainer le poisson à l’intérieur du filet tout en rétrécissant le cercle. Bientôt le filet se referma sur une masse de poissons affolés, prisonniers dans un espace de plus en plus réduit, qui se débattaient entre les mailles, menaçant de rompre. Toutes les mains s’agrippèrent au filet, le poussant vers le rivage, tirant, luttant pour hisser hors de l’eau les énormes prisses agitées de terrible soubresauts. […]  Les hommes assommèrent les prises à coup de massue, et les femmes entreprirent de les vider et de les préparer pour la conservation. Outre les outils de silex tranchants utilisés pour ouvrir et découper leurs prises, elles se servaient d’un instrument spécial. C’était une sorte de couteau dont la partie supérieure était émoussée pour permettre un maniement plus facile, et qui comportait également, vers la pointe,  un léger renflement pour y placer l’index et contrôler avec précision la pression de la main, afin d’écailler le poisson sans l’abîmer.

La pêche était bonne ; outre les esturgeons, le filet était plein de morues, des carpes d’eau douce, de quelques grosses truites et même de crustacées. […] une fois les poissons préparés, les femmes étendirent dessus le filet, tout d’abord pour le faire sécher, mais aussi pour empêcher les oiseaux de s’emparer d’un butin chèrement gagné. »
Jean M. Auel, Les Enfants de la Terre, livre 1, Le Clan de d’Ours des Cavernes

Les claies supportaient les poissons mis à sécher et chaque jour offrait un festin de poissons frais, aromatisé d’herbes odorantes et  mis à cuire sur les braises enveloppés dans des feuilles. On peut encore voir des scènes de pêche assez semblables dans certaines régions du monde.  Même gestes, même efforts d’une collectivité, seuls les outils ont changé, les filets sont en nylon et les silex ont disparu au profit de couteaux en métal. Les poissons sèchent sur des claies en bois et cuisent dans des feuilles sur des feux de bois.


Source: parc préhistorique de Bretagne

La pêche pouvait être aussi un acte solitaire et dans ce cas, il fallait être assez habile pour attraper les poissons à la main, ou le harponner avec un bâton taillé en pointe ou bien patient pour l’attraper à la ligne. Les pêcheurs fabriquèrent aussi des nasses en osier, des hameçons en os et des foënes en os dès le Paléolithique. A cette époque, les premières embarcations furent fabriquées : troncs d’arbres creusés, certains équipés de balanciers permettant une meilleure stabilité, pirogues de roseaux,  canots de bois assemblés qui permettaient de s’aventurer sur les rivières et sur la mer à proximité des côtes. Les rames étaient fabriquées à partir d'une planche épaisse, modelée à la hache et polie au silex. l'usage de la rame permetait de se déplacer plus aisément et surtout de diriger sa navigation. Le pêcheur navigait rarement seul, il était accompagné d'un ou de deux rameur et il pêchait au harpon ou à l'arc


Source, parc préhistoriquede Bretagne

Car la mer recelait un tel nombre de poissons et d’animaux marins qu’elle était une source importante de nourriture, on y pêchait bien sur et on ramassait sur ses bords à marée basse de nombreux coquillages délicieux. Seuls les découvertes de restes de poissons nous permettent de déduire les consommations de poissons, ils sont nombreux près des côtes et parfois le long des fleuves mais les crues et les changements de lits de certains cours d’eau rendent les recherches aléatoires. Il semblerait cependant que la truite et le saumon aient été des poissons très consommés, des goûts pérennes chez les amateurs de poisson.

 
Thon de la grotte de Pindal

Les hommes de la Préhistoire ont dessiné beaucoup de scènes de chasse mais peu de scènes de pêche. Nous n’en connaissons qu’une dans la grotte de Beaume-Bonne décrivant une scène de pêche à la ligne d’un saumon et quelques dessins de truites et de saumons.


Mots-clés : Technorati, Technorati

le 28.10.11 à 09:00 dans Histoire des aliments
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