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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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La pêche

A l’issue de la conférence internationale, intitulée « Voyage au pays des abysses » organisée par l’Institut océanographique-Fondation Albert 1er-Prince de Monaco qui vient de se tenir à Paris, les scientifiques et les chercheurs appellent à une mobilisation « pour une gestion durable des grands fonds marins ». Plusieurs articles ont parus sur ce blog concernant la pêche, « Pour une pêche durable » et « Plaidoyer pour une pêche durable » dans lesquels j’attirais l’attention sur les dangers d’une surexploitation des fonds marins. J’y ai ajouté  un calendrier saisonnier pour acheter son poisson de manière responsable. Nous avons joué dans ce domaine, comme dans tant d’autres, aux apprentis sorciers, pêchant toujours plus et toujours plus profond au fur et à mesure que les espèces s’épuisaient en surface, lançant les chaluts jusqu’à 600 mètres de profondeur. Attitude totalement irresponsable.

 
Mathurin Méheut, thonier

La mer est restée longtemps un monde mystérieux pour les terriens. Les bords de mer semblaient amicaux mais dès qu’on s’éloignait des côtes tous les dangers semblaient guettés les navigateurs. Vents, tempêtes, vagues scélérates, courants ont entrainé tant de navires par le fonds. Le fond justement, mystérieux, était dans l’imaginaire des humains peuplé de créatures dangereuses prêtes à attirer le pêcheur ou le marin vers une mort certaine. C’est la pieuvre géante des « Travailleurs de la mer » de Victor Hugo, les créatures inconnues et donc potentiellement redoutables décrites par de nombreux auteurs, fruits de leur imagination. Tant que les fonds marins furent inconnus, ils demeuraient l’objet de craintes et de fantasmes. Et lorsque les plongeurs découvrirent les grandes profondeurs et leurs habitants, on s’aperçut que les fantasmes des hommes se rapprochaient de la réalité quand on découvrit la laideur des têtes de certains des habitants des grandes profondeurs. C’est d’ailleurs pourquoi jamais vous ne verrez autre choses que des filets pour la plupart de ces poissons sur les étals des poissonniers.

Maitrisant leurs peurs et les dangers, les marins se sont faits pêcheurs pour ramener du poisson dès qu’ils purent construire des esquifs suffisants fiables pour s’aventurer en haute mer ou même s’éloigner un peu des côtes. Tant que les marins pêchaient avec des lignes le mal n’était pas bien grand, car les pêches restaient raisonnables. On ne parlait pas de quotas de pêche  et les poissons avaient le temps de se reproduire. Mais depuis que la pêche industrielle existe, à la fin du XIXème siècle lorsque les chalutiers à vapeur ont commencé à labourer les océans, les espèces ont été menacées et nombre d’entre elles ont disparu comme la morue surpêchée dans les eaux de Terre Neuve. Les appels à la raison de certains scientifiques ou de certains marins sont restés vains  parce que personne ne voulait les entendre et ce fut dans la seconde moitié du XXème siècle une véritable fuite en avant. Toujours plus, toujours plus loin, plus profond. Et notre pays, largement entouré de mers, il est vrai, n’est pas le dernier à pratiquer une pêche intensive comme il a privilégié une agriculture intensive. Nous sommes une grande nation de pêche pélagique et benthique mais le nombre de bateaux de pêche diminue d’année en année.  Nous ne sommes plus à un paradoxe près.

En 2008, 459 229 tonnes de poissons ont été pêchés par les bateaux de pêche en France et les français ont consommé en moyenne 25 kg de poissons/personne. (Moyenne Europe : 20, 7 kg/an/hab.,  moyenne mondiale : 16, 4 kg/an/hab.)

Si nous ne sommes pas vigilants et si nous continuons à pratiquer ces pêches destructrices en 2048, nous verrons un effondrement des espèces pélagiques et pour les espèces benthiques qui se renouvellent lentement et vivent longtemps, la date fatidique est fixée en 2025.

 

Comment en est-on arrivé là alors que les océans recouvrent les ¾ de notre planète?  L’histoire de la pêche est une longue histoire que je vous propose pour les semaines à venir.

 

Mots-clés : Technorati, Technorati

le 21.10.11 à 09:00 dans Histoire des aliments
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Commentaires

Sur le poisson

Quelle bonne idée que de partir du passé pour évoquer le présent (et le futur) de la pêche! J'attends vos articles avec impatience, ils nous apporteront sûrement un peu du recul nécessaire pour comprendre l'impasse dans laquelle nous nous trouvons.
Je mets ici en lien un billet de mon blog de mai 2011: Le poisson, un trésor du passé.

Marie Morgane

Marie Morgane - 21.10.11 à 10:03 - # - Répondre -

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