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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Epices, le duel entre le Portugal et la Hollande

 Le Portugal prend les rênes

Henri du Portugal, dit le Navigateur, va organiser de multiples expéditions le long des côtes occidentales de l’Afrique pour trouver une nouvelle route maritime des épices. Tout d’abord des expéditions ramenèrent du poivre de Guinée et du romarin des côtes de Mauritanie. De l’autre côté de l’Atlantique, C. Colomb, puis Cabral ramenèrent du piment (poivre rouge), de la vanille. Vasco de Gama contourna l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance, rallia Mombasa et atteignit l’Inde par l’Océan Indien. Alors,  traitant avec le zamorin de Calicut, il chargea enfin les épices tant convoitées : cannelle, girofle, muscade, gingembre, poivre.  
Les portugais triomphèrent aisément des Arabes en prenant Ormuz, l’île de Diu dans la Mer d’Oman



La route des épices est entre leurs mains. Grâce à la construction de quelques postes sur la côte d’Afrique Orientale, ils disposaient d’un système de relais qui leur permettaient de détourner vers Lisbonne l’essentiel du commerce européen du poivre, de la cannelle, de la girofle, du gingembre.
Il semble qu’au temps d’Albuquerque la production moyenne de poivre commercialisée se soit montée au total à 6000 tonnes et l’on déchargeait jusqu’ ‘à 25 et même 40 tonnes de cannelle à Lisbonne au début du XVIème   siècle. Jusqu’au début du XVIIème siècle, les Portugais contrôlaient les sources de production des épices. Entre 1500 et 1520, leur trafic atteignit en tout 10 000 tonnes environ, et de 1600 à 1620, il est estimé à 19 000 car la production et la consommation de poivre avaient doublé.
Les profits sont immenses, par exemple, un lot de 500 livres de clous de girofle, acheté 2 ducats aux Moluques, est revendu 1600 à Londres. Ce monopole du commerce des épices et les fabuleux profits qu’on pouvait en tirer poussèrent les Anglais et les Français à se livrer à la piraterie avec les célèbres W .Drake et J.Ango qui prirent plus de 300 navires portugais.
Mais au cours du XVIème siècle, Lisbonne fut progressivement remplacée par Amsterdam. Le Portugal, devenu possession de Philippe II, ne sût pas défendre ses possessions lointaines face aux Hollandais en guerre contre leur ancien suzerain espagnol.

  

Les épices sous domination hollandaise

Le monopole hollandais. Attirés par le bruit des écus,  les hollandais s’accordèrent avec les portugais pour gérer le commerce des épices en Europe du nord. Après la victoire des hollandais sur les espagnols qui avaient envahi leur pays, les hollandais lancent des expéditions dans un premier temps sur les côtes africaines, puis aux Indes. Ils en reviennent avec une cargaison impressionnante : 254 sacs de poivre, 45 tonnes de muscade, 30 ballots  de fleur de muscade. Ceci sonne le début de la ruée vers l’Océan Indien et la mainmise hollandaise sur les territoires précédemment conquis par les portugais. Ils y arrivent d’autant plus facilement que les populations indigènes étaient soucieuses de se débarrasser des portugais.

La Compagnie Unifiée des Indes Orientales
Le gouvernement hollandais créa
la Compagnie Unifiée des Indes Orientales, qui constitue le modèle de ces compagnies coloniales. Elle a le monopole du trafic et de la navigation entre le cap de Bonne Espérance et le détroit de Magellan, son objectif est commercial mais elle a aussi des responsabilités coloniales puisqu’elle peut,  au nom de l’état, passer « des contrats dans les Indes avec les naturels du pays ». La Compagnie est souveraine, mais garde des liens étroits avec l’Etat à qui les employés de la Compagnie doivent prêter serment d’allégeance.
Forts de cet appui, ils prennent Colombo, Java,  Bornéo, les Célèbes, chassent les portugais des de Ceylan, des Moluques et des îles Banda. Ils finissent par prendre Malacca et se basent à Batavia (Djakarta).
Ils brisent toute tentative étrangère de commerce et protégèrent les cours des épices en limitant les productions dans les îles par l’arrachage de muscadiers et girofliers pour les cantonner dans trois îles : Amboine, Ternate et Banda, par le brûlage des récoltes et l’installation, à la place des indigènes, des colons plus faciles à contrôler.


Vue du port d'Amsterdam

Les Hollandais ont réussi ce que les portugais, avant eux, n’avaient pu réussir : le contrôle total de la production et du commerce dont Batavia est la clef de voûte et Le Cap, fondé en 1652, un relais stratégique. Les gros commerçants acquièrent la cargaison d’un navire entier ou de tous les navires de
la flotte. La vente se fait alors par contrat qui interdit alors à la Compagnie de mettre en vente, pendant un certain délai, d’autres cargaisons de la même denrée afin de ne pas baisser les prix. Parfois aussi, les directeurs de la Compagnie fixent le prix de vente. La vente aux enchères se développe au cours du XVIIème siècle. Les directeurs font parfois partie de syndicats d’acheteurs ; d’où de violents conflits et de manœuvres de monopole.

 

Macis et noix de muscade


Mots-clés : Technorati

le 23.10.05 à 12:54 dans Histoire des aliments
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