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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Y a t-il une crise du vin ?

Suite à l'intervention d'Eric Reppert et de ses réflexions sur l'agrément, il m'a paru nécessaire d'expliquer rapidement en quoi consiste la comission d'agrément et la réforme dont elle est l'objet.

On parle de surproduction mais la récolte 2007 n’est pas suffisante pour répondre aux demandes du marché. On parle de la concurrence des pays du nouveaux monde mais cette année 2007 sera pour eux très difficile en raison de faibles récoltes notamment an Australie. Un marché en libre concurrence doit-il forcément être dommageable au marché des vins en France ? On dit aussi que le marché français n’est pas assez attentif aux attentes des consommateurs. Cependant, on rencontre souvent des viticulteurs passionnés et heureux de faire leur métier malgré les inévitables problèmes inhérents la profession.

 

1/Etat du marché du vin.

Le marché mondial est divisé en 3 :

-          les vins de volume ou vino-industrie, souvent présentés sous le nom du cépage. Ils pratiquent de forts rendements à l’hectare, font parfois 2 vendanges,  une mécanisation du travail de production et un personnel réduit dans la vigne et dans le chai, des techniques de vente empruntées à celle des marques. Ces vins offrent un produit flatteur à bas prix accompagné d’un fort marketing, produits surtout en Australie et Amérique.

-          Les vins de niche. Avec de petits volumes de production et de faibles rendements/hectare, ils offrent une production artisanale d’auteurs de vins, souvent classés en vin de table ou vin de pays. C’est un marché difficile tant pour le producteur que le consommateur où se côtoie le meilleur comme le pire. Les préférés des amateurs éclairés

-          Les grands crus qui ne subissent pas la crise malgré leur prix élevé.

 

 

2/ les commissions d’agrément AOC

Elles sont sur la sellette actuellement en raison des différents qui les opposent à un nombre grandissant de vignerons leur reprochant leur subjectivité car ce sont elles qui jugent des agréments des vins au sein des AOC et qui peuvent reléguer certains vins en vin de table ou vin de pays. Or sortir de l’AOC pour certains vignerons, c’est signer leur arrêt de mort. On note dans ces commissions une prise de pouvoir des vins de volume au détriment des vins de terroirs minoritaires sur le seul critère de la typicité.

 

Qu’est ce que l’agrément ?

Les commissions d’agrément doivent repérer les défauts et évaluer un niveau de qualité global qui est le critère de l’appellation. Les résultats sont

-          l’homogénéité des vins et des itinéraires techniques

-          une rupture avec le terroir

-          l’exclusion des vins différents et atypiques relégués en vin de table

Les vignerons dénonce ce procédé où l’agrément devient un outil de stratégies de recherche de marché pour des groupes particuliers, par des méthodes qui s’apparentent à de la concurrence déloyale.

La recherche d’un goût et d’un profil organoleptique homogène pour un produit, en l’occurrence le vin,  ne relève pas de la démarche de l’appellation qui devrait proposer plutôt une palette de produits qui correspondent aux expressions des différents terroirs.

 

Origine de l’agrément

En 1935, Jean Capus fonde les AOC pour les vins fins. Et rédige « les Fondements de l’Appellation d’Origine Pour les vins fins » qui est édité en 1947 par l’INAO. Jean Capus associe l’Appellation d’Origine à une originalité, une authenticité et une qualité dépendant d’usages de production et reposant sur les bases du sol et du cépage. Le terme original qui signifie unique, ne ressemblant à rien d’autre s’oppose à typique qui caractérise un type. Dans le premier cas on revendique la différence dans le second la similitude.

La commission d’agrément est rendue obligatoire par le décret du 9/01/67

 

La typicité et ses conséquences

En 1997, Jean Salette dans « La revue des Œnologues »  définit la mise en place de la typicité par une étude de la typicité et la constatation de la possession pat l’échantillon d’une typicité représentative de l’AOC considérée et la mise au point d’itinéraires technologiques pour la travail de la vigne et la vinification pour mieux typer les vins et réduire l’hétérogénéité autour de un ou deux types reconnus. La dégustation d’agrément valide à partir de ce moment l’appartenance au type. Avec une idée sous jacente : renforcer les avantages des vins français caractérisé par leur histoire et leur relation unique au terroir. Le mot typicité est apparu dans les années 80 et dans le dictionnaire en 1993.

 

Les conséquences peuvent maintenant être analysées

-          abandon d’anciens terroirs et d’anciens cépages et d’anciens types de vins

-          passage au tout chimique dans les vignes et donc abandon des labours  et enracinement de surface des ceps

-          sélection de clones productifs qui offrent des rendements élevés

-          pour la vinification, utilisation de levures standard et chaptalisation systématique, homogénéisation des pratiques œnologiques.

-          Suppression des anciens usages de production et de l’hétérogénéité.

-          Offre aux circuits de distribution de vins standards facilement identifiables // montée en puissance de la GD

-          La typicité est devenue la référence de pratiques  majoritaires de la profession à un moment donné et dans un lieu donné.

Cela a entrainé une très grave crise commerciale.

 

3/ Problèmes spécifiques

-          En beaujolais, un sur rendement a entrainé une baisse des prix et une baisse de l’image.

-          Dans le bordelais, deux spécificités locales ont eu des conséquences mauvaises, les prix de sont pas fixés par le négoce et varient sur une  échelle de 1 à 1000 et la vente en primeur. Cela a entrainé une spéculation sur les grands crus en particulier qui a fait artificiellement monté les prix de l’ensemble des vins. Ces pratiques sont en totale opposition avec celles de la Champagne où 4 ans de stocks servent d’amortisseur et à celles de la Bourgogne où l’échelle des prix est plus réduite.

-          mauvaise image du vin et  les campagnes de lutte contre l’alcoolisme qui associe le vin et l’alcool et qui ont fait chuter la consommation de vin mais augmenter celles des alcools forts.

 

Conclusion

La clientèle est très hétérogène.

-          Il y aura toujours une demande pour les vins exceptionnels, les vins d’étiquettes considérés comme des produits de luxe.

-          La majorité des consommateurs désire des vins constants à prix corrects et c’est là qu’intervient la concurrence étrangère.

-          Une minorité recherche avant tout le plaisir et a envie de découvrir des vins étonnants. cette clientèle d’amateurs éclairés, plus informée, est moins soucieuse du marketing.

-          Une nécessaire éducation à la consommation des vins et à la lecture des étiquettes  est nécessaire

-          Le problème venait de l(intérieur de la profession. Dans une interview au « Monde », en mars 2005, René Renou (Pdt du Comité des vins de l’INAO) déclarait :

-         
«Jusqu'en 1985, le vignoble français de moyenne et haut de gamme était en situation de monopole, avec un seul code, magique : le lien au terroir, porteur de culture, de luxe», «Dans cette situation, vous pouvez faire n'importe quoi. Il y a eu des horreurs, un relâchement absolu.». «Les syndicats d'AOC ont trop souvent protégé les mauvais. Il faut rompre avec la loi du silence, retrouver une transparence absolue » La crise ? «C'est la profession qui se fait du mal à elle-même». "le système actuel défend la médiocrité, écrase ceux qui font des efforts ».

-           

 

Les propositions des institutionnels

 

Face à ces problèmes bien réels et à la grogne des vignerons, face aux interrogations des consommateurs, les institutionnels du vin ont proposés des réponses à cette « crise du vin » avec une réforme de la commission d’agrément datée de juillet 2007. Celle-ci sera dorénavant composée d’experts, de porteurs de mémoire du produit et des usagers du produit, éduqués à la dégustation désignés et formés par l’ODG afin de définir et de trouer un profil organoleptique pour les vins d’AOC, d’IGP et d’AOP.

 

Les réponses des vignerons

Elles sont très simples et proposent des solutions qui poussent vers une extension de la qualité et un nivellement vers le haut.

-          la reconnaissance des vins de niche

-          une diminution de la quantité au profit de la qualité

-          un travail de la vigne

-          le retour des cépages publiés

-          privilégier les vins naturels

-          aide à la commercialisation des vins de table et vins de pays spécifiques de la qualité d’un terroir

-          discussions entre vignerons, voir l’exemple de Farre qui réunit des partisans de la biodiversité et ceux de la lutte raisonnée. http://www.farre.org/index.php?id=49

 


Mots-clés : Technorati

le 14.04.08 à 22:25 dans Vins
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