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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Vin et société dans le Proche-Orient antique

 
Vin et religion
 

Les égyptiens attribuaient la naissance de la vigne à Osiris, le maître de la vigne en fleur, qui renaît de ses cendres comme la grappe naît d’un cep qui semble mort. A Bubastis, chaque année avait lieu un festival dédié au vin et le peuple avait alors l’occasion de boire du vin tout son content ainsi qu’une inscription le montre : « buvez jusqu’à l’ivresse et célébrez ce jour de fête ! » Le vin signifiait le plaisir et d’ailleurs lors des banquets funéraires, les proches du défunt vidaient des coupes de vin sur sa tombe, profitant d’un plaisir qui était ôté à celui qui dormait dans ses bandelettes. Du vin et des raisins accompagnaient le défunt pour le long voyage vers l’au-delà.

Lors de certaines cérémonies religieuses, des offrandes de vin mêlé d’aromates comme la rue, la belladone, ou l’absinthe étaient faites au dieu et ensuite distribuées aux fidèles. Il devait leur faire un drôle d’effet !

 

Une des plus anciennes divinités sumériennes s’appelaient Gestin ou Ama-gestin « la mère du vin » qui avait un temple en la cité de Lagash. Elle régnait an compagnie du dieu du vin Pa-gestin et sa consœur Nin-kasi, » boisson d’ivresse », et d’une tribu de 9 frères et sœurs dont les noms ont des liens avec le vin, la bière et l’ivresse. Et le grand héros de mythologie babylonienne rencontre dans sa quête, une déesse, propriétaire d’un vignoble extraordinaire, Siduri sâbîtu qui lui apprend le secret du vin : procurer le plaisir aux hommes.

 

Les hébreux aux aussi appréciaient tous le vin, hormis quelques tribus. De nombreux passages de l’Ancien Testament chantent la vigne et le vin, mais d’autres condamnent l’ivresse. A côté d’eux, les arabes aussi aimaient à boire le vin et longtemps ont chanté le bonheur procuré par le vin et le plaisir de boire entre amis. La prohibition du von par Mahomet supprima les plaisirs de la boisson. Cette interdiction ne fut pas uniquement sous-tendue par les désordres provoqués par ceux qui abusaient du vin, mais aussi parce que Mahomet était engagée dans une véritable guerre d’extermination de la tribu juive de Nadîr et que cette loi mettait fin au commerce du vin dont cette tribu avait le monopole.

 
 
Un certain goût pour le vin.
 

Le vin est cité dans tous les textes des sumériens des peuples du Proche-Orient et des listes de provisions pour des fêtes font état à Babylone de quantités considérable de vins, en particulier celui de la montagne qui était très prisé et surtout beaucoup moins chers que les vins étrangers, lourdement taxés. Les babyloniens et les assyriens étaient réputés être des buveurs invétérés. Leur amour du vin était encore plus fort que celui des perses qui passaient pourtant pour de fieffés buveurs. De nombreuses scènes de banquet montrent des convives buvant dans de fort belles coupes lors de fêtes civiles et de réjouissances familiales.

Hérodote appelait les égyptiens les amis de la bouteille, surnom qui laissent à penser qu’ils ne buvaient pas que l’eau du Nil ! Les artistes n’ont pas hésité à peindre sur les murs de tombe des scènes de banquet où les convives sont dans un état d’ivresse avancée. Comme en Mésopotamie, l’ivresse ne semblait choquer personne. Les vins égyptiens étaient couramment mélangés d’épices.

Déjà, de substantielles taxes frappaient le vin ! Payées en nature elles correspondirent d’abord au 6ème de la production annuelle de chaque région viticole. Sous les Ptolémées, les propriétaires payèrent en numéraire une cotisation dont le montant, fluctuant, dépendait de la qualité du vin et était calculée d’après le montant du produit du vin ou sur la consommation de vin. Pas facile à calculer de manière juste !

 

Chez les hébreux, qui craignaient l’ivresse mais ne l’interdisait pas, le vin était le plus souvent coupé d’eau et parfumé d’épices qui amélioraient le goût. Lors de funérailles ou de mariages, les excès étaient tolérés, tolérance qui illustrait bien le rôle consolateur et de plaisir du vin.

 

Cependant les profits qui découlaient de la vente du vin étaient très conséquent, les palestiniens les levaient sur les marchés et aux portes des cités et pour les phéniciens, le vin était l’objet d’une intense activité d’import-export qui a fait la richesse du pays. 

 

Dans tous les pays du Proche-Orient, on remarque que les cabarets ou maisons de vin où l’on pouvait acheter du vin et le rapporter chez soi mais aussi où l’on pouvait consommer sur place. Ces établissements souffraient d’une horrible réputation car les servantes et les chanteuses qui hantaient ces lieux n’offraient pas seulement les plaisirs procurés par le vin mais, avec une grande générosité, leurs charmes aux clients. Et comme la plupart du temps, ces servantes étaient des étrangères, l’opprobre n’en était que plus violent ! Dans ces établissements, on buvait le vin directement dans des grands bols à l’aide de paille à Sumer, plus simple que le service au verre. Et en Arabie, les tavernes appelées hânût, étaient jonchées de tapis et signalées par une branche verte suspendue au-dessus de la porte. L’ancêtre de la lanterne rouge. Comme le vin importé coûtait très cher, le vin était réservé à une certaine élite.

 
 

Mots-clés : Technorati

le 08.05.09 à 09:56 dans Histoire des aliments
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Commentaires

Intéressantes précisions sur l'interdiction mahomettane du vin.. J'avais posé la question sur Fdv mais point de réponses, quand sort ton autre livre ?

Tiuscha - 10.05.09 à 09:16 - # - Répondre -

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