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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Ubu au pays de Rabelais


Lu dans Vitisphère :
« La campagne d'Interloire "Cabernet d'Anjou, Qui ose dire que jeunesse ne rime pas avec délicatesse", condamnée en première instance, blanchie en appel, vient d'être à nouveau condamnée en Cassation. Les juges ont estimé que ces mots "renvoyaient au comportement humain", et ne se limitaient donc pas à la description du produit. Surtout, ils ont estimé que cela poussait à la consommation du produit. » 

On se demande vraiment dans quel autre but une appellation viticole ferait de la publicité, on atteint vraiment le comble de l’hypocrisie, ou celle de la bêtise, on se le demande.

La deuxième aberration est que l’emploi du mot jeunesse inciterait les jeunes à boire. Cela va vraiment poser un réel problème sémantique aux annonceurs et publicistes de tout poil.

Mais alors, « un Ricard, sinon rien ! » Qui laisse à penser que l’on ne peut rien boire d’autre que du Ricard, autorisé ?

D’abord, messieurs les censeurs, sachez  que

-         premièrement ce slogan ne visait pas la jeunesse mais expliquait que contrairement à une idée reçue, des vins jeunes peuvent être délicats

-         et deuxièmement, si les jeunes boivent et parfois même s’alcoolisent lors de soirées, ce n’est pas avec du vin, fusse t’il d’Anjou,  mais avec des alcools forts ou de la bière dont la publicité est autorisée. 
 

Et il serait plus avisé de se demander pourquoi maintenant certains jeunes se saoulent systématiquement en soirée. Un tel phénomène de masse  n’est pas qu’une question de mode, il est l’expression d’un malaise de la jeunesse dont il serait plus judicieux de chercher les causes pour les enrayer. Et plutôt que de proposer un avenir purement matérialiste et prohibitionniste ; mettre un peu d’humanité et d’éducation. Un peu de transmission entre génération. Et apprendre à boire du vin et à bien le déguster est un antidote à l’alcoolisme.  

C’est ce qu’ont compris tous les autres pays européens producteurs de vin qui aiment et promotionnent leurs vins et soutiennent leurs vignerons, tel l’Espagne.

Et si l’exception française dont on nous rebat les oreilles n’était que de couper la branche sur laquelle on est assis. On vient du monde entier en France pour notre vin et  notre gastronomie et l’état ne cesse de brimer ces deux secteurs, de leur mettre des bâtons dans les roues et de créer des interdictions hygiénistes qui freinent leur développement.

 

La France, pays du bon et bien vivre, est en train de devenir une espèce de dictature hygiéniste et rigoriste où le fait de rire et de prendre du plaisir risque de devenir un délit.

 

le 23.06.08 à 09:00 dans Coup de gueule- Coup de coeur
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Commentaires

Je suis bien d'accord avec vous. Grands spécialistes de la jeunesse qui boit - car habitants du centre ville de Rennes - nous confirmons que les jeunes boivent du fort et du pas cher. Ils ne savent rien d'un bon vin , ni même d'un grand whisky, ou d'un porto vintage. Ils se baladent avec une bouteille de rhum ou de vodka de discount, mélangés dans une bouteille plastique avec un jus de fruit, lui aussi de bas de gamme !
J'ai lu quelque part que chaque civilisation avait sa drogue, qu'elle était maitrîsée culturellement. Le problème c'est que la culture effectivement ça se transmet.
Nous avons initié nos enfants aux bonnes choses, issues du génie de l'homme, de son histoire, le vin, le whisky, la bière - ah une bonne bière belge ! - et même un excellent cidre, il y en a. Ils savent apprécier et ne se "mettent pas à la ramasse" comme les jeunes rennais trois fois pas semaine.
Et pourquoi les juges laissent-ils passer des slogans faisant le lien entre la bière et la soif ! Cela me parait beaucoup plus dangereux !
merci pour votre blog, toujours passionnant. Merci de partager vos connaissances. isabelle

deltombe - 27.06.08 à 19:51 - # - Répondre -

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L'histoire des légumes, des potagers, du néolithique à nos jours en passant par les abbayes. Plus une cinquantaine de recettes de Michel Portos, cuisinier de l'année 2012 GaultMillau, avec les accords vins de Patrick Chazallet. De très belles photos d'Anne Lanta, une préface de Christian Coulon pour la beauté de l'ouvrage. alt : Widget Notice Mollat Analyse sur un ton léger des rapports des femmes au vin de l'Antiquité à nos jours, les interdits, les tabous, les transgressions, se ponctuant par quelques portraits de femmes du vin contemporaines. alt : Widget Notice Mollat

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