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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Comment devenir un gourmet écologiquement responsable ?



Attention, voici du sérieux et du grave! Je viens de lire dans le “Courrier International” un article très intéressant qui nous interpelle tous. La grande bleue, cette eau revivifiante  et salvatrice ne serait-elle donc qu’une source de dangers multiples et elle-même  fort menacée?

Nous avons joué et nous jouons encore aux apprentis sorciers. Il est temps de prendre conscience de la vulnérabilité de notre monde.

Les stocks de poissons sont notoirement menacés. Quelles espèces peut-on manger sans contribuer à la destruction des écosystèmes ?

Le consommateur de poissons responsable est confronté à un dilemme de plus en plus cruel. Doit-il d’abord faire passer sa santé, fortifiée par les bienfaits des poissons gras riches en oméga-3, avant la sauvegarde  des réserves mondiales de poissons qui s’épuisent ?

Les ventes de compléments alimentaires à base d’huile de poissons ont grimpé en flèche, sur la foi d’études indiquant qu’ils peuvent accroître l’espérance de vie et même avoir un effet bénéfique sur le comportement des enfants. Pourtant, préviennent les écologistes, de nombreuses espèces de poissons sont surexploitées et nous ferions bien d’arrêter de les consommer. Ils affirment par ailleurs que la pollution industrielle déversée pendant des décennies dans la mer a provoqué l’accumulation dans les tissus graisseux des poissons, de certaines toxines cancérigènes, comme les dioxines et les polychlorobiphényles.

Alors quelle attitude adopter ? Tous les avis contradictoires viennent d’être collationnés dans un rapport publié par « Sustain », une association qui milite pour une alimentation et une agriculture responsable. Après avoir analysé les informations fournies par sept sources faisant autorité en la matière (…), Sustain a établi une liste de poissons à la fois bons pour la santé et dont l’exploitation est durable. Les meilleurs pour la santé sont les poissons gras, à la fois riches en oméga-3 et non contaminés. Le hareng, le kipper, le pilchard, la sardine, le sprat, la truite(sauvage), la hareng atlantique, les anchois et la carpe (d’élevage) entrent dans cette catégorie, ainsi que les moules.

Ce sont les sardines, les pilchards et les sprats qui présentent la plus forte teneur en acides gras oméga-3. Le thon en boîte n’en contient que très peu, car la graisse a été extraite pour être recyclée en nourriture pour animaux. Le thon frais est riche en oméga-3 mais il est très souvent contaminé par du mercure. Seule la bonite à ventre rayé, l’albacore, le germon et le thon ventru sont des pêches écologiquement durables.

Parmi les autres poissons et crustacés sains et de pêche durable, on compte le bar d’élevage, le bar blanc, la cabillaud du Pacifique, la sole, le flétan d’Alaska et du Pacifique, le rouget barbet de roche, les crevettes d’eaux froides (mais pas celles des eaux tempérées),  le tilapia et le turbot. En revanche ce ne sont pas des poissons gras et, même s’ils contiennent de nombreux nutriments excellents pour la santé et qu’en conséquence leur consommation est recommandée, ils ne sont pas riches en acides gras oméga-3 que nous devrions consommer en plus grandes quantités, selon les dires des spécialistes. La liste des poissons qui remplissent tous les critères n’est pas longue, mais Jeannette Longfield, qui a dirigé le rapport de Sustain est catégorique : «  Si nous ne changeons pas nos comportements alimentaires et que les Etats continuent de se plier aux intérêts catégoriels, nous serons bien tôt à cours de poissons » Depuis 1950, les progrès technologiques accomplis dans le domaine de la pêche ont permis une augmentation des prises annuelles de 18 millions de tonnes, à l’époque, à 95 millions de tonnes en 2000. Au cours des années 1990, cette croissance rapide a été freinée par le déclin spectaculaire des stocks de poissons. Les derniers chiffres de la FAO montrent que 52% des espèces commerciales sont exploitées à un rendement maximal, 17% sont surexploitées et 8% épuisées.

La pêche industrielle intensive, par exemple le chalutage, est très destructrice pour les fonds marins. En raclant les fonds, les filets détruisent les coraux et les plantes aquatiques qui sont à la base des écosystèmes locaux. On ne sait pas si les zones endommagées de la sorte pourront se reconstituer ou non. Malgré tout, la tendance est à la construction de chalutiers de plus en plus grands (……) La pêche de haute technologie a aussi entraîné une augmentation des prises accessoires, ces poissons qui ne correspondent pas à ceux recherchés et qui n’ont pas de valeur commerciale. Jusqu’à 80% des poissons capturés entrent dans cette catégorie.( …..)

Quant à l’aquaculture, certains la présentent comme une solution pour préserver les stocks de poissons sauvages.  Mais l’association Sustain recommande de consommer uniquement les poissons provenant d’élevages biologiques. Outre les problèmes liés à la pollution et aux maladies ‘(conséquences des grandes concentrations d’animaux dans les fermes d’élevage), chaque kilo de poissons produit nécessite pour son élevage un minimum de deux kilos de poisson pêché.

Le rapport dénonce également des incohérences des politiques publiques. Outre les avis divergents émis sur les conséquences pour la santé, l’UE mène des politiques contradictoires. La politique commune des pêches est censée protéger les espèces menacées, et pourtant elle subventionne les super chalutiers qui ravagent les écosystèmes océaniques. ( …..)

Felicity Lawrence, The Guardian, Londres.

 


Mots-clés : Technorati

le 13.10.05 à 19:20 dans Autour de la nourriture
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