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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Réponse à Amour de la cuisine

En réalité, vos nombreuses réponses montrent qu’un article sans photos sur un blog peut provoquer une lecture et des réactions intéressantes. J’ai beaucoup aimé vos commentaires qui étaient très constructifs, merci à vous.
Une réflexion, et oui, il m’arrive de réfléchir parfois, m’est venue à l’esprit en vous lisant. Tous les blogs dont je parle sont des blogs de recettes exclusivement.
Le mot recette vient de recepta qui lui-même vient du verbe latin recipere qui signifie recevoir. Et c’est cet esprit qui ressort des commentaires et cela m’a fait plaisir ; on fait des recettes pour que nos convives reçoivent du plaisir en mangeant. Vous pouvez m’objecter que cuire des patates à l’eau c’est déjà une recette, Exact, mais, sauf en cas d’extrême nécessité ou d’extrême paresse, on améliore toujours ces pommes de terre bouillies. On ajoute du beurre, de la crème, des préparations à base de légumes, de viande ou de fromage, d’œufs de poissons, on peut même en faire des purées, des pommes dauphine etc.
Mais revenons à nos recettes.  Il a fallu le 15ème siècle pour que le mot recette soit utilisé par Littré dans le sens que nous lui donnons actuellement. L’origine de cette définition est le double mot formula recepta traduit par composition d’un médicament ou d’un remède. Auparavant ce mot avait pris le sens de ce qui est reçu en argent, sens que nous lui donnons encore lorsqu’on parle de la recette des impôts, par exemple.
Les recettes ont évolué au fil des siècles. Primitivement destinés à public de cuisiniers professionnels des grandes maisons et ne montrant que les façons de manger des classes les plus aisées, les livres de cuisines s’adresseront plus tard aux cuisinières du quotidien, aux mères de famille, comme l’ « Ouverture de Cuisine » (bien nommé) de Lancelot de Casteau, paru en 1604 à Liège qui s’adresse « aux dames qui travaillent en cuisine mieux que bien des cuisiniers » ou La Varenne qui publie en 1630  « Le Cuisinier François »,  et « Le Parfaict Confiturier »  accessibles aux cuisinières bourgeoises. Ces auteurs avaient eu des précurseurs puisque deux livres étaient publiés à peu prés à la même date : 1540 « le Livre de Cuisine » parait à Paris et en 1542 à Lyon, « Le Livre fort excellent de Cuisine ». C’est le même livre.100 ans plus tard,  en 1746, parait en France le premier livre de cuisine écrit par Menon, « La Cuisinière Bourgeoise » qui se veut un vadémécum destiné aux femmes qui favorise une cuisine familiale qui assure la santé de la famille. Jusque là et encore longtemps après la majorité des femmes apprenaient de leurs mères ou d’une figure féminine de leur entourage comment faire la cuisine tous les jours avec ce que l’on cultivait ou ce que l’on pouvait acheter et qui dépendait des possibilités de sa bourse et des aléas de l’approvisionnement.
Il ne faut oublier non plus que, très tôt, s’est créée une cuisine de rue, prête à manger, destinée aux ouvriers qui ne mangeaient pas chez eux, aux escoliers et à tous ceux qui n’avaient pas la possibilité de cuisiner correctement chez eux. Car pour les moins aisés, l’endroit où l’on cuisine restera longtemps très rudimentaire (à titre d’exemple, moins bien que certaines chambres d’étudiants actuelles). C’est pourquoi existera et fonctionnera longtemps et très bien le commerce des regrattiers qui vendaient à bas prix les restes des repas des plus riches où la prodigalité et l’excès régnaient en maître. Les choses ont évolué parallèlement à la modernisation des cuisines et l’accès du plus grand nombre à des logements équipés du confort moderne, ce qui est logique.
Maintenant ce qui est positif dans les échanges provoqués par la création des blogs culinaires, c’est l’ouverture vers d’autres cuisines, d’autres manières de manger puisque l’Internet abolit les frontières.
Et c’est aussi la cuisine à portée de tous, l’art culinaire désacralisé comme le dit Estèbe. Cela enlève les complexes, c’est vrai qu’on peut se dire : « si une telle réussit ce qui me parait si compliqué, je peux peut-être essayer ». On peut cependant regretter l’uniformisation des recettes, du ton et des commentaires. Je maintiens que le désir de faire une belle photo fait privilégier les recettes de jolies entrées et de desserts, toujours photogéniques, à celles des légumes et des viandes plus difficiles à bien photographier. J’aimerai que l’on y parle davantage du fruit, du légumes ou de la viande que l’on a découvert sur un marché ou chez son petit commerçant que du produit Tartempion, offert en cadeau, ou dont on voit les publicités partout. J’aimerai que la recherche du vrai produit et le respect de la saisonnalité soit plus présent sur les blogs. L’exemple de Blog Appétit est déjà là et éveille les consciences et l’espoir fait vivre, même si, en tant que slowfodienne de longue date, j’ai souvent l’impression de me battre contre les moulins à vent ou de faire de la résistance.
Mais haut les cœurs, le combat en vaut le coût. 

 


Mots-clés : Technorati

le 22.09.06 à 18:56 dans Autour de la nourriture
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L'histoire des légumes, des potagers, du néolithique à nos jours en passant par les abbayes. Plus une cinquantaine de recettes de Michel Portos, cuisinier de l'année 2012 GaultMillau, avec les accords vins de Patrick Chazallet. De très belles photos d'Anne Lanta, une préface de Christian Coulon pour la beauté de l'ouvrage. alt : Widget Notice Mollat Analyse sur un ton léger des rapports des femmes au vin de l'Antiquité à nos jours, les interdits, les tabous, les transgressions, se ponctuant par quelques portraits de femmes du vin contemporaines. alt : Widget Notice Mollat

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