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Pisciculture
Notre amour du poisson que nous partageons avec plus de 7 milliards d’habitants de la planète ne saura être satisfait par la pêche en mer. Nous épuisons les stocks et le risque de ne pouvoir nourrir tous les humains de protéines d’origine maritime a poussé à développer l’élevage des poissons en bassin ou en cages. L’aquaculture que les romains pratiquaient déjà pour contrebalancer leurs pêches intensives s’est étendue dans le monde entier. Est-ce la solution miracle ?
Nous mangeons 17 kg de poisson par an et par habitant. Nous pêchons 90 millions de tonnes et nous ne pouvons en pêcher davantage Nos captures stagnent en raison de l’épuisement de certaines espèces et des limitations des prises. La pisciculture apparait donc comme la panacée pour continuer à fournir du poisson et la solution miracle pour un avenir poissonneux. C’est un secteur en plein développement qui représente 42% (62 ,5 millions de tonnes) des poissons consommés dans le monde. C’est en Asie que la pisciculture est la plus développée, soit en milieu naturel c'est-à-dire en mer, soit en bassin à terre.
On distingue trois méthodes d’élevage :
- L’élevage extensif : faible densité d’animaux et peu ou pas d’apport alimentaire
- L’élevage semi-intensif : densité moyenne d’animaux et complément alimentaire
- L’élevage intensif : forte densité d’animaux et alimentation exclusivement sous forme d’intrants.
source: visoterra.com
La pisciculture en milieu naturel
Dans des cages flottantes aux parois formées de filets et ancrées sur le fond marin, des poissons nagent dans leur milieu naturel. Ces cages sont placées de préférence dans des zones où le courant est assez puissant pour renouveler l’oxygénation de l’eau de mer et où les vagues ne sont pas trop fortes. On élève de cette manière de nombreux poissons : saumon, truite, cabillaud, flétan, bar, daurade, maigre etc. L’aquaculture est rare dans l’espace côtier en France contrairement à d’autres pays comme la Norvège où les cages sont installées dans les fjords, on les développe en haute mer. Pour les écloseries, des bassins en circuit fermé à terre sont préférés.
Pour les poissons d’eau douce, les élevages sont installés dans ces lacs.
Comment nourrir les poissons d’élevage ?
Les poissons marins sont carnivores, ils sont donc nourris de farines ou d’huiles de poissons car il est impossible de leur donner des petits poissons qui s’enfuiraient à travers les mailles de filets. Cette farine est fabriquée à partir des petits poissons qui sont l’ordinaire des poissons élevés en cage : sardine, sprat, maquereau, anchois, lançon. Il faut 3 à 5 kg de poisson pour élever 1 kg de poisson d’élevage, car pour produire 1 kg de farine de poisson il fait 5 kg de poisson et 20 kg pour produire 1 kg d’huile de poisson. C’est une pression énorme pour les stocks de ces espèces qui, même si elles se reproduisent assez bien, commence à poser problème. Pour compenser on introduit dans les farines de poisson des protéines et farines végétales telles le soja qui apportent aux poissons des acides gras indispensables à leur croissance. Mais la proportion de nutriments d’origine végétale doit être limitée pour garantir la qualité nutritionnelle et organoleptique du poisson.
Certaines espèces comme le thon rouge ne peuvent se reproduire en captivité. On pratique alors un élevage d’embouche. Des jeunes thons sauvages sont capturés et mis à engraisser dans des cages nourris de petits poissons pélagiques, 20 kg de poissons pour produire 1 kg de thon en captivité. En raison des prises sans cesse plus importantes, les stocks de ces petits poissons de fragilisent.
L’impact de la pisciculture sur l’environnement.
Il y a eu des reportages sur les élevages en mer de poissons qui montrent les dégâts inévitables sur l’environnement. En plus de la surpêche des espèces destinées à nourrir les poissons élevés en captivité on note :
- Une pollution des fonds sous-marins causée par les déjections des poissons et les résidus de nourriture non consommée.
- Des maladies et parasites et une pollution de la mer par les résidus médicamenteux donnés aux poissons malades ou parasités.
- Des impacts sur d’autres espèces : reproduction des poissons d’élevage échappés de leur cage avec des poissons sauvages et prise dans les filets protégeant les cages d’autres espèces dont des espèces protégées.
Source: wikipédia
La pisciculture en bassin à terre.
Elle concerne certains poissons comme le bar, la daurade, le turbot, l’esturgeon, la truite, la carpe etc. Ils grandissent dans des bassins remplis d’eau de mer. Ce sont des élevages en circuit fermé ou recyclé : l’eau est soit filtrée, purifiée et réoxygénée en continu. Ou en circuit ouvert, l’eau n’est utilisée qu’une seule fois, las bassins étant équipés d’un système à écoulement.
Les nourritures sont les mêmes que dans les élevages en mer.
Les impacts sur l’environnement sont similaires aux élevages en milieu naturel, la pollution causée par les déchets pouvant entrainer une eutrophisation des cours d’eau par le rejet des eaux usées. Mais il est plus facile de maitriser cette pollution qu’en pleine mer. Pour les élevages en circuit fermé il faut ajouter une grande consommation d’énergie. Le recyclage et l’installation de systèmes éco énergétiques sont de plus en plus favorisés.
Les solutions d’élevage durable
Pour diminuer les impacts sur l’environnement certaines pêcheries élèvent leurs poissons de manière plus responsable et durable. Par exemple en intégrant des productions de phytoplancton qui élimine les substances rejetées par les élevages ou en intégrant des espèces filtreurs : mollusques ou moules et huîtres qui digèrent les déchets.
A l’intérieur de l’UE des normes ont été établies afin de réglementer les conditions environnementales et sanitaires des élevages. Hors de l’UE, les élevages ne sont pas soumis aux mêmes normes de production, es produits finis importés doivent répondre aux normes européennes pour pouvoir y être exportés.
Nous avons tous en tête les images du film Le cauchemar de Darwin. Tous les élevages ne sont pas identiques. Il y a des pêcheries remarquables qui pratiquent un élevage extensif, durable et responsable et sont plus soucieux de la qualité des poissons que de la quantité de sujets vendus. Il ne faut pas mettre tous les élevages dans le même panier ; Mais pour le consommateur, il n’est pas facile de reconnaitre le poisson « bien élevé » d’un autre, sauf à faire confiance à son poissonnier. Il n’en reste pas moins qu’un poisson qui nage c’est comme un poulet qui court, la qualité organoleptique de sa chair est bien supérieure à son congénère élevé en cage ou en bassin.
Il nous reste peut-être à revoir nos manières de manger.
le 30.03.12 à 09:00
dans Histoire des aliments
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Commentaires
A propos de l'élevage des poissons
Bonjour,
je suis bien d'accord avec vous sur le fait que l'aquaculture n'est pas une solution à la raféfaction des stocks, elle consomme d'ailleurs, avec l'élevage de porcs et poulets, un tiers des captures mondiales de poissons réduits en farine et huile de poissons...
Cette pêche dite "minotière" cible les poissons fourrages qui servent d'aliments aux autres, c'est donc la base de la chaine alimentaire qui est ciblée sans que l'on ne connaisse l'impact sur l'ensemble de la chaine. De plus, cette pêche se fait souvent dans les eaux des pays du sud au détriment des populations qui consomment ces poissons (une solution pas vraiment éthique). Dans tous les cas, mieux vaut manger de l'anchois, du chinchard (délicieux en carpaccio ou suchis) ou du maquereau de bonne qualité que des saumons aux pesticides et aux antibiotiques... L'élevage de carnivores (90% des poissons le sont) reste une solution marginale. En Asie, l'élevage massif concerne des herbivores (carpes...).
A noter que les statistiques sur l'aquaculture fournies par la Chine (2/3 des produits d'aquaculture) sont contestées par les spécialistes. En fait, la part des produits d'aquaculture est beaucoup plus faible. Cf. article avec D. Pauly :
Le poisson n’est pas un produit de masse mais un produit occasionnel qui doit rester festif
Les élevages extensifs et actions de repeuplement, menés avec les pêcheurs, présentent beaucoup d'avantages. Ce sont des expériences à mener localement avec les acteurs de terrain, une autre politique... Les élevages de coquillages sont également très interressants, ils participent à l'enrichissement du milieu naturel par l'apport de zooplancton et constituent une sentinelle sur la qualité des milieux. Mais avec la dégradation croissante des milieux, ils sont soumis depuis quelques années à de fréquentes maladies.
Encredemer - 07.04.12 à 16:46 - # - Répondre -
Rectificatif
Il faut en effet 20 kg de poissons pour faire 1 kg d'huile de poisson, mais les process pour faire de l'huile et de la farine sont les mêmes, donc avec 5 kg de poissons, on fait 1 kg de farine et 250 g d'huile.
Maurin - 09.07.13 à 11:12 - # - Répondre -