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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Manifeste sur l’avenir des semences

Faisant suite au manifeste sur l’avenir de la nourriture publié en 2003, ce présent manifeste a été élaboré après une consultation globale qui s’est déroulé lors de terra Madre à Turin en Octobre 2006. Ce texte est disponible sur le site de l’ARSIA, je vous en donne une synthèse telle qu’elle est écrite dans le magasine Slow, le magasine culturel du goût consacré à Terra Madre. Cette revue n’étant accessible qu’aux membres de Slow Food, elle est par conséquent très peu lue en France.  Voici donc ce qu’on peut lire aux pages 36 et 37.
 

Les semences, premier maillon de la chaîne alimentaire, concrétisation de la diversité biologique et culturelle mine pour l’évolution future de la vie, symbole de la vie même, sont actuellement assaillies.
L’agriculture industrielle a mené à une érosion sévère de la biodiversité biologique des semences, des cultures et des races animales. La conférence de la FAO à Liepzig en 1996 a vu dans le remplacement des variétés locales la cause première de l’érosion génétique.

Les monocultures sont génétiquement instables. Le rétrécissement de la base génétique de l’agriculture conduit à une accentuation de la vulnérabilité de la production et à une menace pour la sécurité alimentaire. L’augmentation de l’uniformité augmente le risque d’échec de la culture. An cours de l’histoire, nombreux sont les exemples qui montrent combien il est précieux de conserver la biodiversité. Dans bien des cas, ce n’est que grâce à des variétés sauvages d’espèces cultivées que ‘on est parvenu à limiter les conséquences d’épidémies endommageant des cultures fondamentales pour l’alimentation humaine.

Les ressources génétiques des espèces cultivées se réduisent au rythme de 1 à 2%/an (FAO, 1993) et on estime que, de 1900 à nos jours, on a perdu environ 75% de la diversité des cultures agricoles.
Au niveau mondial, les races d’animaux d’élevage sont en train de disparaitre au rythme de 5%/an et 6 races p/mois (FAO, 1995). Sur 4500-5000 races, 1500 sont en danger d’extinction.

Afin de juguler la menace qui pèse sur nos semences et nos agriculteurs, de régénérer la biodiversité et de renforcer les droits des agriculteurs, nous nous obligeons aux principes suivants :
 

I - Une stratégie de diversification

I.1 - Diversité dans l’utilisation des semences  
Pour assurer l’avenir de l’humanité, il est urgent d’inverser la tendance dangereuse qui consiste à réduire la diversité des plantes utilisées et la diversité génétique au sein d’une même espèce. 


I.2 - Diversité dans les systèmes agricoles
Les politiques agricoles qui visent à promouvoir la diversité des cultures doivent soutenir le développement et la diffusion des systèmes agricoles basés sur une approche intégrale, où la biodiversité représente un instrument indispensable pour réduire les apports extérieurs.
 

I.3 - Diversité des rapports producteurs consommateurs
La biodiversité agricole s’améliore quand la production dérivant des semences entre dans des circuits de production et de consommation qui permettent au cultivateur d’avoir un revenu adéquat. La concentration du système de distribution réduit la biodiversité, tandis que les systèmes où les producteurs sont directement en contact avec les consommateurs l’enrichissent.
 

I.4 - Diversité des cultures
Le maintien, la conservation et la reprise des la diffusion des traditions et ds cultures agricoles qui ont survécu représentent un défi immédiat et urgent pour éviter de limiter encore les possibilités d »avenir au niveau mondial et régional. Cela sous-entend le respect et la valorisation des différentes traditions, des différents modes de percevoir la nature et les cultures gastronomiques.
 

I.5 - Diversité dans les parcours d’innovation.
Des centaines de milliers de communautés et de coopératives d’agriculteurs, des millions de familles, des agricultures de subsistance partout dans le monde forment non seulement la base pour le maintien des réserves actuelles et des variétés de semences et de connaissances dérivant des cultures indigènes ou industrielles mais aussi pour le développement futur des semences. Si nous sommes capables de garantir une coopération juste et équitable entre ces groupes, les chercheurs et les agriculteurs et les agriculteurs professionnels et d’intégrer les différents niveaux de connaissance et d’expérience, il n’y a aucune raison de  craindre les défis que nous lance la futur.
 

II  « Freedom of Life »
 

II.1 - Liberté d ‘accès pour les agriculteurs.
L’accès des cultivateurs et des communautés agricoles aux semences et aux ressources génétiques ne doit pas être limité par les brevets, la propriété privée ou le refus de fournir du germoplasme conservé en dehors de l région d’origine.
 

II.2 - « Open source » ou accès libre.
Par définition, les connaissances relatives aux semences et au germoplasme ne sont une invention, mais l’héritage commun de l’humanité, sur lequel on peut baser d’autres découvertes. Ces connaissances devraient être librement disponibles et accessibles à tous.
 

II.3 - Liberté de réensemencer
Les cultivateurs et les paysans ont le droit de conserver et de réensemencer tous les types de semences qu’ils ont cultivées.
 

II.4 - Liberté de produire des semences
Elle comprend le développement de nouvelles variétés à partir de ces semences.
 

II.5 - Liberté d’échange
Ceci inclut également le droit de vendre et de partager les semences sur une base non-exclusive.
 

III Respect de la vie


III.1 - Biosécurité
L’introduction de nouvelles variétés et plantes doit tenir compte des risques potentiels pour l’environnement ainsi que de la possibilité d’autres risques pour l’agriculture.

 III.2 - Ingénierie génétique
Par précaution, les semences génétiquement modifiés ne devraient pas être dispersées dans l’environnement. Les nations, les régions et les communautés ont le droit d’interdire la dispersion et l’utilisation d’OGM.
 

III.3 – Semences stériles
La production de semences qui ne peuvent pas se reproduire est contre la nature même des semences, car elles sont source de reproduction de la vie et de liberté pour les cultivateurs. L’introduction de ces caractéristiques doit être interdite au niveau mondial parce que ces semences sont étudiées pour créer un monopole à l’échelle mondiale.
 

III.4 - Les semences hybrides n’ont pas d’avenir
Il ne faut pas poursuivre le développement des semences qui ne peuvent pas être reproduites naturellement par les cultivateurs.
 

IV. Cultiver les semences de demain
 

IV.1 - Conservation et développement des semences d’après les valeurs des Communautés de la Nourriture.
Les technologies modernes de sélection, indentification et culture devraient se baser sur l’expérience et l’ingéniosité des cultivateurs et des Communautés de la Nourriture dont ils font partie et inclure leur participation active dans les aspects scientifiques de la culture.
 

IV. 2 – Introduction dans des écosystèmes agricoles
L’objectif futur, dans l’utilisation et le développement des semences, devrait être l’intégration de la production agricole dans des agro-écosystèmes.
 

IV. 3 – duire les gaz à effet de serre
L’objectif devrait être le développement de pratiques agricoles à « zéro-émission », se basant sur des ressources du sol ou biologiques.
 

IV. 4 - Eliminer progressivement l’utilisation de substances toxiques
Pour réduire les contaminations toxiques dans notre chaine alimentaire et notre environnement, la culture ne doit plus se baser sur l’utilisation de produits chimiques, mais sur celle de semences plus adaptées aux exigences des pratiques agricoles écologiques.
 

IV. 5 – Diversité à l’intérieur des variétés
Pour réduire le risque de prédispositions aux parasites et aux conditions environnementales défavorables, et augmenter la diversité naturelle, le développement futur des semences devrait se baser sur la diversité génétique la plus large possible.
 

IV. 6 – Cultiver de la nourriture de qualité
La sélection génétique devrait être axée de plus en plus sur la qualité, aussi bien dans le goût que dans le respect des caractéristiques physiologiques et culturelles des populations. La production de semences par les Communautés de la Nourriture devrait s’inspirer de ces principes.
 

IV. 7 – Femmes protagonistes de la biodiversité
Les
femmes constituent globalement la majorité de la main d’œuvre agricole et elles possèdent et transmettent des connaissances sur la qualité et les méthodes de travail de la nourriture. Elles devraient donc jouer un rôle primordial dans la protection de la biodiversité et la conservation ; l’échange et la reproduction des semences.
 

Cette dernière partie n’est que la  présentation de quelques suggestions non contraignantes sur la conservation, l’utilisation et le développement des semences en vue de répondre aux défis futurs.
 

 


Mots-clés : Technorati

le 27.07.07 à 17:45 dans Biodiversité
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