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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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les vins d'Anjou

Ce sont les étés très secs et lumineux qui permettent la réussite des vins d’Anjou.

La Loire descend vers l’océan et quand le vent souffle, il est facile de remonter jusqu’à Orléans. Cette navigation dans les deux sens ouvre des débouchés au commerce du vin vers l’aval comme vers l’amont. Ce commerce devint encore plus intense à partir du XIème siècle quand la viticulture répond aux besoins du marché.

 Carte du Vignoble

 

Une viticulture ecclésiastique

Si Grégoire de Tours fait allusion à plusieurs reprises aux vignes angevines, du Vau IXème siècles, la viticulture semble essentiellement religieuse autour des monastères fondés par Charlemagne, des évêques et des chanoines. La vigne est plantée « intra muros » dans les jardins des évêques. Le premier évêque est signalé à Angers en 372, puis St Maurille choisit une villa de campagne à Chalones vers 420. Les évêques iront même jusqu’à changer leur évêché pour le transporter dans une ville aux sols plus favorables à la culture de la vigne ! «  Pantavit vineas et ficit ecclesias » Grégoire de Tours

Les moines amenèrent la viticulture dans les campagnes les plus éloignées des villes. Saint Maur à partir de 543, St Serge au VIIème siècle, les cisterciens au XIIème siècle, les riches et puissants bénédictins fondèrent moult prieurés pourvus d’églises romanes et de vignes plantureuses comme St Nicolas de Savennières, Notre Dame de la Charité à Ronceray. Les moines de St Florent s’installèrent à Saint Hilaire dans des grottes, à l’emplacement actuel des établissements Bouvay-Ladubay, ils se firent défricheurs de forêts et plantèrent des vignes en 1066. C’est sur les vignes de l’abbaye de Ronceray que le comte d’Anjou Geoffroy Martel fit implanter le plant bordelais que Rabelais qualifiait de breton car venant de Nantes en Bretagne.

Les moines cultivaient la vigne pour récolter leur vin de messe et pourvoir à leur devoir d’hospitalité. Les monastères sont aussi des hôtelleries et les moines doivent offrir du bon vin à leurs hôtes de marque, et les bons vins font la célébrité des monastères.

 

Un vin, boisson royale

Le vin d’Anjou coulait dans le verre de Jean sans Terre et à Paris dans celui de Guillaume d’Auvergne et de Charles de Valois. Beaucoup de monastères, d’églises normandes possédaient des vignes en Anjou et exportaient ce vin vers l’est, les Flandres et le Hainaut par Soissons et Laon.

Angers possédait un vignoble considéré comme l’un des principaux ornements du paysage suburbain. Les vignes étaient nombreuses depuis La Reculée jusqu’à l’Onglée, à la Quinte et autour de Frémur, plus tard elles s’étendirent sur les terres défrichées de la forêt de Verrières. Guillaume Le Breton disait de cette ville : « on aurait peine à trouver une ville plus riche, plus belle, une ville qui ait la gloire de produire en telle abondance un aussi noble vin, la terre tout autour porte uniquement des vignes. »

Le vignoble fut l’objet de tous les soins par les souverains-ducs d’Anjou. Par exemple, ils rendirent le droit de banvin aux habitants d’Angers et leur donnèrent également le droit exclusif de charger sur les bateaux le long de la Loire et du Maine. Les étrangers ne pouvaient se fournir qu’à Angers, seul point d’échange du vin, les courtiers et les marchands de la ville qui avaient l’exclusivité du négoce du vin en contrôlaient la commerce et maintenaient une qualité nécessaire à la réputation du vignoble.

Les vins d’Anjou étaient par conséquent récoltés pour une large part au dessous d’Angers, le long de la voie fluviale conduisant à la mer. Les nombreuses stations de batellerie comptent parmi les lieux du comté où l’activité vinicole a le plus profondément marqué le paysage et les hommes. L’un des plus anciens témoignages connus de l’excellence de ce vignoble concerne le bourg de Chalonnes-sur-Loire où les évêques d’Angers possédaient un château près duquel se trouvait la vigne d’une extraordinaire qualité dont ils donnèrent la moitié aux moines de Marmoutiers installés en ce lieu entre 1047 et 1060.

Le succès de ce vignoble s’étendit aussi à celui du Saumurois et de la vallée du Layon.

 
 


le 21.11.09 à 09:00 dans Vins
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