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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Les supermarchés, une révolution culturelle.

Il y a 50 ans, le 15 octobre 1958, le premier supermarché français ouvrait ses portes à Rueil-Plaine, près de Paris, 30 ans après celui de New-York. Nommé « Express Marché », nom évocateur,  il exprimait bien la révolution alimentaire qui allait en découler.

 

 

Un pas vers la modernité

Mesurant 400 m2, 10 fois plus qu’une épicerie normale, vendant une large gamme de produits, il était installé à l’entrée d’un centre commercial et possédait son propre parking, à l’image de ce qui se faisait aux EU, c’était le symbole de la modernité. Et aussi de la liberté, plus besoin de passer par l’intermédiaire d’un vendeur, on se servait soi-même et on posait ses achats dans un chariot à roulettes que l’on poussait sans fatigue entre des linéaires, à hauteur d’homme, attirés, déjà, par les produits phare en tête de gondole. En dernier lieu, on déposait ses courses sur le comptoir de la caisse, encore très semblable au comptoir classique devant une caissière inconnue, on faisait ses courses en tout anonymat. On y trouvait déjà des produits à la marque de l’établissement et les promotions ciblées. Appartenant aux établissements Goulet-Turpin, les Express Marché seront rachetés en 1979 par Promodès puis 20 ans plus tard par Carrefour.

Un certain succès mitigé au départ, les clientes trouvaient les temps d’attente aux caisses trop longs, les prix peu attractifs, aussi chers que la petite épicerie du coin et surtout elles étaient sceptiques et déroutées devant les produits frais préemballés qui interdisaient d’acheter la quantité dont on avait réellement besoin. Mais, ce scepticisme dura peu et les Etablissement Goulet-Turpin, propriétaires de ce supermarché, firent rapidement des émules. On compte maintenant 5500 supermarchés en France.

 

 

Les  hypermarchés

En 1963, Carrefour passa à l’échelon supérieur en inaugurant le premier hypermarché à Ste Geneviève des Bois, vaste hall de 2400 m2 avec grands chariots et tapis roulants aux caisses et une politique de prix bas. Il fallait concurrencer vraiment le petit commerce de proxinmité.

Les préférences des Français vont plutôt aux supermarchés qu’aux hyper où ils perdent davantage de temps et dépensent plus d’argent. Certains supermarchés, environ 500 en presque 20 ans se sont transformés en hard discount car la guerre des prix est ouverte entre les différentes marques de la GD. Pour se mettre aux goûts des Français, beaucoup de rayons fruits et légumes, certains rayons de fromage et de charcuterie vendant à la coupe. Cela inspire davantage confiance. 

La mode est maintenant aux produits équitables et aux produits du terroir vendus en général sous la marque du magasin.

Enorme rouleau compresseur qui a presque totalement laminé le petit commerce de détail, la GD essaye de donner à sa clientèle l’impression de la convivialité et d’un service personnalisé qui se veut de même qualité d’un petit commerce et comme toute une génération n’a pas connu autre chose, ça marche.


 

 

Une révolution alimentaire

Les super et hyper marchés ont chamboulé totalement les systèmes classiques de distribution. Ne passant plus par les traditionnels marchés d’intérêt national, leurs centrales d’achat  négocient directement avec les producteurs aux prix les plus serrés possible. Les conséquences sont lourdes pour la qualité de l’agriculture et celle de notre alimentation. Les prix d’achat ne permettant pas aux producteurs de vivre correctement, il ne leur restait souvent que deux choix, vendre à un plus gros qu’eux qui allaient avoir les moyens financiers de moderniser son exploitation à des fins de cultures industrielles ou s’endetter pour se moderniser soi-même. Ce qui fut fatal à un grand nombre d’entre eux. Les cultures sont donc modifiées afin de produire toujours plus, plus vite et moins cher. Sont cultivées des variétés spécialement conçues pour répondre à ces conditions auxquelles s’ajoutent celles de résister à des transports parfois longs, produits calibrés, sans saveur et hors saison, certains  poussant sans voir ni la terre, ni le soleil.

L’autre bouleversement est la vente massive des plats prêts à l’emploi, en conserve, sous vide ou surgelés, voire même en rayon frais. Fabriqués par l’industrie agro alimentaire, ils soufrent des mêmes maux que les produits frais : des goûts uniformes sensés plaire à tout le monde, des recettes sans âme, une diminution des saveurs dans les préparations et  in fine, un désintérêt des femmes pour la cuisine.

 

Et même si maintenant la tendance est un retour vers les bons produits de saison et la cuisine à la maison, le mal est fait car premièrement les bases de la cuisine restent la plupart du temps inconnues et la palette des goûts s’est considérablement émoussée. Sans culture culinaire, on reproduit ce qui est imposé par les médias et la publicité.

 

Les photos proviennent du site Goulet-Turpin

 

 


Mots-clés : Technorati

le 07.05.08 à 08:03 dans Autour de la nourriture
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