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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Les femmes et la cuisine; infidélité et engouement

Les cours de cuisine affichent complet et jouent à guichets fermés.
Parallèlement et depuis des années, les cuisines deviennent des pièces importantes et souvent super équipées pour des femmes qui, le plus souvent, cuisinent peu, voire désertent leurs cuisines et utilisent davantage les micro-ondes que le four. La cuisine devient un signe extérieur de réussite sociale au même titre que la voiture.
En effet, dans certains foyers, la pièce à vivre est agencée en fonction de la télévision devant laquelle on mange sans prêter attention aux aliments auxquels on demande seulement d’être vite préparés et faciles à manger.
Les femmes travaillent autant que les hommes et pour elles les tâches ménagères, et cuisiner en fait partie, deviennent des corvées pour lesquelles elles prennent de moins en moins de temps.
A cela s’ajoute une obsession de la minceur, le désir de garder un corps d’adolescente qui entraînent parfois un dégoût pour la nourriture. Il faut inclure un autre paramètre : les nouvelles générations sont acculturées culinairement parlant : leurs mères, elles-mêmes femmes libérées, avaient désertées les cuisines et n’ont pas transmis  ce qu’elles avaient appris de leurs mères et grands-mères.
Cependant, les crises alimentaires, le retour du cocooning, le besoin d’affirmer des nouveaux talents – plus personne n’est ébloui par des performances au travail pour une femme, mais on admire une femme qui sait cuisiner – les soucis de qualité des produits, de santé par l’alimentation et les crises sociales qui ont ramené certaines femmes à leurs foyers entraînent un nouvel attrait pour la cuisine.  

 

Donc, il faut réapprendre à cuisiner. Mais comment faire ? Il y eut d’abord les livres de cuisine, écrits par des célébrités toquées et d’autres moins connues. Ah ! Les célèbres fiches cuisine de Madeleine Peter dans « Elle », les recueils de Ginette Mathiot qui savait faire la pâtisserie, les gâteaux et les conserves, les cours de Maïté à la télévision et j’en passe. Peu à peu, la curiosité s’émoussait, face à la demande les magasines et livres de cuisine se multiplièrent, jusqu’à devenir un véritable enjeu éditorial. A tel point qu’il faut maintenant avoir publié un livre de recettes pour être branché et tendance. Tous ces petits manuels évincent ceux qu’écrivaient les femmes dans le vent de la génération précédente qui vous apprenaient à être super organisée et extra performante…. Autre temps, autres mœurs !
Mais il faut toujours du nouveau et ce sont les cours de cuisine. Puisque les mères ne savent plus transmettre il faut des professeurs.  On y retrouve l’ambiance des cours sans la sanction de la note, et on y travaille dans la joie, le rire et le bonheur de l’apprentissage, on s’y attache au savoir-faire et à la transmission des savoirs, ça a à la fois un petit côté traditionnel et moderne. Et c’est plaisir de voir l’application, l’attention, la joie de créer et la fierté de réussir un plat
Du coup, émerveillées, elles découvrent le plaisir sensuel de toucher les aliments, de pétrir une pâte, de sentir ce qui mijote sur le feu ou cuit au four, de participer à cette alchimie qui consiste à transformer légumes, viandes et céréales en plats savoureux. Les marchés désertés retrouvent des jeunes maîtresses de maison soucieuses de la qualité des produits et appréciant les relations que l’on peut nouer avec son boucher, son fromager, son marchand de primeurs, des petits magasins où l’on se parle et où s’échange recettes et trucs pratiques.
La cuisine et le repas retrouvent leur fonction de lieu social, de convivialité, de plaisirs partagés, des découvertes de goûts nouveaux, d’échanges culinaires.
Elles s’épanouissent de la satisfaction du plaisir donné, de se donner du mal pour les autres, de la fierté de réussir un repas, de l’amour de la « belle ouvrage ».
Et si c’était le début de la fin de l’affreux égoïsme qui est le propre de nos civilisations modernes ?

 


Mots-clés : Technorati

le 09.10.05 à 18:47 dans Autour de la nourriture
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Mon livre

L'histoire des légumes, des potagers, du néolithique à nos jours en passant par les abbayes. Plus une cinquantaine de recettes de Michel Portos, cuisinier de l'année 2012 GaultMillau, avec les accords vins de Patrick Chazallet. De très belles photos d'Anne Lanta, une préface de Christian Coulon pour la beauté de l'ouvrage. alt : Widget Notice Mollat Analyse sur un ton léger des rapports des femmes au vin de l'Antiquité à nos jours, les interdits, les tabous, les transgressions, se ponctuant par quelques portraits de femmes du vin contemporaines. alt : Widget Notice Mollat

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