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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Les bienfaits du vin





Toutes ces considérations pessimistes ne doivent pas nous faire oublier que si le vin n’est pas un médicament, il fait partie d’une bonne hygiène de vie. Il n’est pas nécessaire de se mettre à boire du vin si on est buveur d’eau. Cependant une femme adulte, en bonne santé qui n’est pas enceinte, peut, au cours des repas, consommer 20 cl de vin par jour dans le cadre d’une alimentation équilibrée pour un bien être certain. Les produits de la vigne ont été utilisés depuis Hippocrate pour protéger l’espèce humaine de toutes sortes de maladies ou de dangers. Le mélange de vin et d’eau permettait de rendre buvable une eau dont on n’était pas sûr de la qualité, Arnaud de Villeneuve l’un des doyens les plus connus de l’Ecole de médecine de Montpellier invente au XIII° siècle la distillation du vin pour en faire « l’eau de vie » (Aquae Vitae) qu’il utilise pour ses blessés et malades. Car le vin, qui est un tonique, est considéré comme un aliment. On lui connaît, depuis l’Antiquité, un effet diurétique, il facilite la digestion grâce aux tanins agissant sur les muscles de l’estomac, sur le côlon, et il diminue la constipation. Les propriétés bactéricides et anti-allergiques du vin ont été démontrées. Les composants anti-oxydants et les polyphénols du vin ont une action réductrice sur les cancers de l’ovaire.  Les flavonoïdes des polyphénols du vin rouge ont un rôle phyto-hormonal, en particulier le resveratrol dont la structure moléculaire, proche de celles des œstrogènes, peut se fixer sur les récepteurs d’œstrogènes de la femme. Sans connaître ces bienfaits, les sages femmes, autrefois, réconfortaient les accouchées d’un bon verre de vin doux. Le vin a donc une action bienfaisante au delà de 50 ans et des études médicales montrent également les effets bénéfiques sur les fonctions cognitives surtout chez la femme d’après une étude menée par l’INSERM de Bordeaux II de 1987 à 1997.Et que l’on soit homme ou femme, les médecins ont observé qu’avec une consommation modérée de deux verres par jour et par personne, la France possède la mortalité cardiovasculaire et coronarienne la plus basse parmi les pays industrialisés, mais aussi une baisse des risques de diabète ou de calculs du cholédoque. Ce sont toujours les polyphénols du vin  qui en empêchant l’oxydation des lipoprotéines, diminuent l’agrégation des plaquettes et ont un effet vaso-relaxant et hypotenseur. C’est le fameux « Paradoxe Français » propre à notre pays où l’on boit davantage de vin que d’alcool et surtout pendant les repas. Nous sommes les héritiers d’une civilisation pour laquelle le vin est la boisson habituelle et quotidienne depuis au moins 2500 ans comme toutes les populations méditerranéennes. Avec le blé, il a été l’un des facteurs du développement de la civilisation gréco-romaine et de ses valeurs, dont nous sommes les héritiers et les continuateurs, ils sont même devenus les symboles religieux les plus représentatifs. Nous sommes un pays du vin, autour du vin se développa tout un art de vivre : banquets, libations, art de boire lié à des rites et fêtes. C’est la boisson des réjouissances, des fêtes religieuses et sociales auxquelles les femmes ont toujours participé. Que serait un repas sans vin, lui qui sublime les plats préparés avec amour par chaque maîtresse de maison qui reçoit des invités. Les cuisinières remarquables  qui ont marqué l’histoire de la gastronomie savent bien combien le vin participe à l’alchimie des produits : que serait une daube sans vin, combien tristes seraient toutes les sauces  sans cet apport vineux qui les aromatise et les bonifie ?Le vin est un élément civilisateur, les rois, les empereurs, voire les papes  se sont servis des dieux du vin ou des symboles sacrés du vin pour établir une société harmonieuse dont les rites et les pratiques du vin serviront d’exemple. A ces vertus civilisatrices se substituent les plaisirs sensuels du vin qui ne peuvent déplaire aux femmes : le corps se détend par l’entremise des  sens, l’oreille est réjouie par le bruit du vin versé dans le verre, le nez  charmé par l’odeur, l’œil séduit par la robe, et le goût enchanté par la saveur du vin. C’est pour cela qu’il fut toujours et qu’il reste le compagnon de la galanterie. Les plaisirs de la boisson et de la bonne chère sont les prémices de l’amour. Les poètes chantèrent l’alchimie mystérieuse que cette divine boisson fait subir aux cerveaux humains, le bonheur de boire, les délices de l’ivresse. Car le vin, par l’ivresse, est aussi une transgression nécessaire à l’homme. Le vin qui a guérit Dionysos de son chagrin, donne l’oubli du monde terrestre, de ces vicissitudes et douleurs morales. Quand on parle d’ivresse il ne s’agit nullement d’ivrognerie, ni de rouler dans le ruisseau, mais d’un état enthousiaste cher à nos anciens grecs. Le vin était avant tout une boisson de convivialité qui, en faisant tomber certaine retenue, facilitait les rencontres. Pour clore ce propos je laisserai la parole à Plutarque qui dans « le Banquet des sept Sages » définit ainsi le partage du vin :
 

« L’objet d’Aphrodite n’est donc pas non plus le coït et l’union des corps, ni celui de Dionysos l’ivresse et le vin, mais les effets qu’ils provoquent en nous par ces moyens, la gaîté, le désir, l’intimité, les relations qui nous lient les uns aux autres…. Dans une réunion d’hommes ordinaires qui n’avaient aucune relation entre eux et qui ne se connaissaient guère, c’est Dionysos qui assouplit pour ainsi dire leurs caractères, en les humectant de vin, comme on assouplit le fer en le chauffant et qui provoque un début de mélange et d’amitié entre eux ».


Mots-clés : Technorati

le 19.07.05 à 19:21 dans Vins
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