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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Le vin, l’image du vin, la réponse des Vins de Pays de l’Atlantique

Avant chaque Salon, les organisateurs de Vinexpo commandent une enquête ; il y a deux ans, le thème en était la consommation de vin et les femmes et cette année les jeunes et le vin. De cette enquête, faite par BVA, il ressort que les jeunes assument parfaitement bien le plaisir de consommer du vin mais que cette consommation est réservée à des moments conviviaux et privés. Cette génération est également très consciente d’une nécessaire modération, les campagnes de prévention ont fait leur œuvre et c’est tant mieux. Beaucoup d’entre eux, connaissent les bienfaits d’une consommation maitrisée du vin sur l’organisme et sont conscients des méfaits des abus. Pour les jeunes, l’enquête privilégie les 20-25 ans, le vin est lié au plaisir, à la sociabilité, à la convivialité : on le boit et on le partage aux moments de fêtes et c’est aussi une occasion de découvertes. 81% des jeunes considèrent que le vin est un produit culturel qui marque une appartenance à un groupe social particulier, pour d’autres, c’est aussi un produit très tendance actuellement. 50,8%  avouent en consommer une fois par semaine ce qui est moins que les catégories d’âge supérieures.

Ce que montre cette enquête c’est la préférence des jeunes pour le vin, davantage que pour les alcools purs dont l’approche est cependant plus facile. Car celle du vin leur semble complexe surtout si  le milieu familial ou l’entourage n’ont pas permis une initiation ou une éducation au vin. Ils pensent qu’une éducation à la dégustation  vin est nécessaire pour connaitre le vin.

Qu’est ce qui les freine ou les gène dans leur achat de vin ? D’abord le prix, le plus souvent, partant du principe qu’un bon vin est rarement bon marché. Ensuite le langage alambiqué et hermétique des dégustateurs et le décryptage des étiquettes. Ils sont désemparés  lorsqu’ils doivent acheter du vin pour un repas, quel vin choisir pour accompagner le plat qu’ils ont cuisiné. Ils désirent des vins légers et fruités, moins complexes avec des indications de qualités organoleptiques et des conseils d’accords avec les mets sur les étiquettes. Sans doute parce que la plupart d’entre eux achètent leur vin en supermarché et qu’ils ne peuvent donc pas bénéficier des conseils d’un caviste.

Cette enquête révèle que les nouveaux consommateurs de vin désirent le faire sortir du carcan élitiste où il est mis et simplifier le choix des vins. Qu’ils désirent aussi pouvoir acheter des vins avec un bon rapport qualité/prix.

Les producteurs et les acteurs de la filière vin y songent depuis un moment déjà et essais de rajeunissement de l’image du vin ont été tentés pour produire des vins légers et fruités, des vins de cépage facilement repérable, des vins au merchandising plus jeune.

C’est ce à quoi se sont attelés les producteurs de vin de l’Aquitaine.

L’idée est née en 2003 et a vu sa réalisation 3 ans plus tard lorsque la dénomination : Vins de Pays de l’Atlantique a été définie par le décret du 18 octobre 2006. Cette réalisation en temps record fut menée par le Comité Régional des Vins d’Aquitaine.

Pourquoi cette nouvelle gamme de Vins de Pays ? Il fallait simplifier la visibilité, produire des vins plus simples pour des nouveaux consommateurs qui ne sont pas des experts, nous dit Christian Mabille, venu représenter le Conseil Régional. La région a été partie prenante dans cette cogitation qui s’est effectuée avec les professionnels et les comités de bassins et donc le CRVA a été la cheville ouvrière. Cette gamme de vins de pays permet d’élargir l’appellation à 5 départements : Charente et Charente Maritime, Dordogne, Gironde et Lot et Garonne.

Pierre Cambar, directeur du CRVA,  explique que Bordeaux et le négoce a accepté de revenir sur son privilège et de reconnaitre la mixité de ces vins de pays avec les vins d’AOC en 2004, ce qui n’était pas si évident à Bordeaux. Le dossier a été confié au CRVA qui  a travaillé sur cette idée nouvelle de segmentation des vins d’Aquitaine en proposant une gamme par type de vins, par tranche de prix (entre 2,50 € et 5 €) qui rend une image plus claire et plus lisible par la consommateur : l’accent est mis sur le cépage – les cépages recommandés par chaque département -  qui devient un point de repère facilitant le choix d’un vin. On achète plus du rouge, du  rosé ou du blanc, mais un merlot, un cabernet sauvignon, un camenère, un ugni blanc ou un assemblage des cépages autorisés par les cahiers des charges des bassins de production. Ce sont des vins de plaisir, souples, fruités, ronds, prêts à boire qui sont élaborés en cuves avec une extraction légère qui met en valeur le fruit.

Il y a eu une recherche sur le design des bouteilles - la bordelaise classique est souvent abandonnée - sur celui des étiquettes - plus modernes, moins conventionnelles qui mettent en avant le cépage et donc donnent une idée du goût du vin - et sur celui des bouchons-: certains sont à vis, d’autres ont des collerettes de couleur - l’ensemble est moins conventionnel et plus attractif. Le but de cette révolution est d’offrir à des consommateurs débutants une entrée plus accessible dans l’univers du vin. Des consommateurs qui auront envie d’aller plus loi dans la découverte du vin, de passer à d’autres types de vin, de progresser dans l’apprentissage de la dégustation et de la connaissance de vins plus complexes, de vins de garde. Espérons que la notion de terroir, qui est vraiment une particularité des vins européens et qui a donné aux vins français leur identité et leur qualité, ne disparaisse pas.  Elle sera toujours primordiale pour les grands vins et les vins de niche, il semble que l’on se dirige vers des productions très différenciées des vins qui correspondent à des demandes des consommateurs.

 


Mots-clés : Technorati

le 06.06.07 à 19:32 dans Vins
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