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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Labourage

« Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ». 

Nous avons tous appris ces paroles de Sully à l’école primaire. Forts de ce principe qui semblait avoir fait ses preuves, les paysans comme les jardiniers amateurs s’emploient à retourner la terre préalablement à l’acte de planter. Là, nous nous plantons lamentablement, nous disent les tenants des TCSL, techniques culturales sans labour. Le pâturage était déjà menacé par la stabulation, le labourage deviendrait totalement « has been » et la charrue à remiser au rang des accessoires désuets.

En effet, une étude du ministère de l’agriculture publiée dans sa revue Agreste de février 2008, annoncent les chiffres suivant : 1/3 des grandes cultures ont été semées sans labourage préalable des sols, parmi lesquelles  58% des exploitations de plus de 400 hectares et 20% de moins de 400 hectares.

Pourquoi ? A cause de l’érosion, parait-il. Les cultures qui s’étendent sur des centaines d’hectares d’un seul tenant sont menacées d’érosion et les labours, en supprimant la couverture végétale, augmentent ce risque d’érosion. Les exploitants agricoles de ces grands domaines optent pour ces TCSL qui permettent un gain de temps et de main d’œuvre ainsi qu’un gain d’argent : moins de fioul dépensé par des tracteurs en labours considérés comme inutiles.


Les défenseurs des TCSL justifient leur choix en arguant que les labours répétés appauvrissent et dégradent les sols et entrainent la formation d’une couche imperméable empêchant l’eau de s’infiltrer dans le sous-sol et les racines d’y pénétrer profondément. 
Les TCSL permettent également de préserver la biodiversité en surface - vers de terre et matières organiques - et de cultiver sans interruption les champs par des rotations de cultures principales et de cultures intermédiaires qui ne laissent jamais les sols nus et donc protègent de l’érosion. 

Ce à quoi les tenants du labourage rétorquent que les labours offrent à la terre des périodes de repos, qu’en retournant la terre, on étouffe les bio-agresseurs et  les mauvaises herbes qui nourrissent le sol en s’y décomposant ce qui permet à la terre de se régénérer. 
Que dans le cas de non labour, le recours aux herbicides est nécessaire pour tuer les mauvaises herbes et aux insecticides pour éliminer insectes et gastéropodes, ces fameux bio-agresseurs protégés par l’absence de labour.

 

 

A l’heure où de nombreux agriculteurs s’interrogent sur  une éthique agricole et où certains reviennent vers une agriculture extensive, moins productive et plus qualitative, ne serait-il pas plus sage  de diminuer la taille des parelles, de réintroduire des haies qui protègent très efficacement de l’érosion et maintiennent une biodiversité animale, de réhabiliter les jachères bienfaisantes ? Pas les jachères de terrains abandonnés à la vie sauvage, mais des jachères s’inscrivant dans un cycle cultural.

Ces divergences d’opinions qui divisent le monde agricole opposent, me semble t-il, les exploitants agricoles aux agriculteurs-paysans. On en parle moins que des OGM, pourtant il s’agit aussi dans le cas du non labour de la divergence entre  deux conceptions de l’agriculture, une agriculture intensive, très productiviste contre une agriculture durable.

A nous de choisir quel paysage agricole nous désirons conserver. A nous de choisir quel type d’aliments nous désirons acheter, cuisiner et manger. A nous de décider quelle terre nous désirons léguer à nos enfants et nos petits enfants.

 


Mots-clés : Technorati

le 16.02.08 à 19:10 dans Agriculture
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