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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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la pêche à la baleine


Source: wikipedia

La baleine a inspiré de très belles pages de la littérature, il y eu Jonas avalé par la baleine narré dans la Bible, le superbe roman de Melville Moby Dick et son capitaine Achab, obsédé par la baleine blanche. Même  Pinocchio fit un séjour dans ses entrailles. Maintenant en voie de disparition, mais encore pêchée à des fins « scientifiques », elle n’a cessé d’intriguer les hommes en raison de sa taille, de son comportement et ce ne fut qu’en 1753 que les scientifiques la classèrent parmi les mammifères. Quelques mystères disparaissaient, mais les baleines continuaient à fasciner : leurs chants, leurs sauts extraordinaires et si beaux, leurs migrations et leur manières de vivre en groupes soudés sont étonnants.


Dans le Golfe de Gascogne

En Aquitaine, seuls quelques échouages sur les plages nous rappellent qu’elles furent nombreuses à nager dans nos eaux marines. Ce ne fut que dans cette province que la baleine fut pêchée dans le golfe de Gascogne par les pêcheurs basques et gascons. Une pêche très lucrative qu’offrait la baleine franche nommée ainsi car elle ne coulait pas une fois harponnée et blessée, ne risquant pas d’entrainer les frêles barques et leur équipage par le fond. Car la pêche à la baleine était une pêche dangereuse, un coup de queue, un abordage et la barque et ses occupants disparaissaient à tout jamais. Mais les pêcheurs prenaient tous les risques car tout était utile en cette époque si lointaine, le Haut Moyen-âge, XI-XIIèmes siècles, et ces fiers marins bravaient leurs peurs et les superstitions pour embarquer lors des tempêtes d’équinoxes courser les baleines qui passaient près des côtes.


Source: wikipedia

Un duel incertain
Les adversaires sont en place.
Dans l’eau la baleine, énorme animal de plusieurs tonnes qui, grâce à des particularités physiques, se déplacent avec une grande facilité et une grande légèreté. En effet, un squelette très léger lui permet de fendre les flots en se riant de la densité de la mer. L’épaisse couche de graisse sus la peau allège son poids et lui procure une protection contre le froid. Ses plongées en apnée, très longues, lui permettent de se déplacer et de se nourrir à l’abri des regards. Perpétuellement en quête de nourriture, elle se déplace sans cesse et ses voyages l’emmènent une fois par an dans le golfe de Gascogne près des côtes du Pays basque.
Sur la terre, un peuple de pêcheurs qui pratiquent une pêche côtière. De rudes marins qui plaçaient des vigies sur les hauteurs pour repérer le passage des cétacés. Une fois prévenus, ils mettaient à la mer des chaloupes assez légères et ramaient à la poursuite des baleines. En plus des rameurs la chaloupe embarquait des harponneurs. La baleine repérée ils s’en approchaient par l’arrière et le harponneur debout à l’avant lançait son harpon. Reliée à la baleine par un filin, les pêcheurs s’en approchaient le plus près possible pour lui donner le coup de grâce en lui perforant les poumons avec une lance. C’était le moment le plus dangereux, la baleine blessée se défendait, à tout instant, un violent coup de queue, un plongeon, un choc et la chaloupe se fracassait entrainant l’équipage dans une mort certaine.
Si les pêcheurs étaient vainqueurs, la baleine était ramenée à la rame vers le rivage, tirée par la chaloupe. Une fois hissée sur la plage, hors d’atteinte de la mer, les pêcheurs la dépeçaient en vitesse. Toute la population aidait à la tâche car la baleine était une manne pour ces populations démunies et pauvres.  La langue était toujours offerte au seigneur du lieu. La viande et la graisse était partagées entre tous les villageois ainsi que les os qui remplaçaient le bois dans les constructions ou servaient d’éléments décoratifs. L’ivoire sculpté ou gravé et les fanons servaient de manches à touts sortes d’instruments avant de conter les robes et les ombrelles des belles élégantes. Et l’ambre fixait les parfums, donc pouvait être vendue fort cher.
Les viandes étaient découpées en lanières et fumées ou séchées pour une consommation ultérieure. Et la graisse nourrissait et éclairait. Découpés en morceaux, elle était fondue dans des chaudrons sur des grands feux et conservé dans des pots. Utile dans les lampes à huile et comme graisse alimentaire. Tout était bon dans la baleine.
Cette pêche côtière ne prélevait chaque année qu’un nombre très restreint de cétacés respectant l’équilibre. Certaines « chasses » à la baleine étaient parfois beaucoup plus meurtrières pour les hommes que pour les baleines.
Il commença à en aller autrement lorsque les explorateurs découvrirent Terre-Neuve, le sanctuaire des baleines.

La compagnie baleinière du Nord et le début d’un duel inégal
Cette compagnie fit créée par le cardinal Mazarin en 1690 après que les côtes du Québec et du Labrador furent explorées et que des armateurs commencèrent à armer de gros navires pour la pêche à la baleine au grand large «  les Terre-neuvas ». On passe à une pêche d’une autre dimension. Les bateaux équipés de four en brique pour fondre la graisse n’avaient plus besoin  de revenir à terre après chaque prise et  augmentaient les possibilités de capture. Les basques, les hollandais et les britanniques et les habitants de Terre-Neuve se côtoyaient dans les eaux et dans les ports de Terre-Neuve où des relais commerciaux s’étaient implantés, l’huiles et les produits dérivés de la baleine formaient la base de ce commerce.
Les conséquences de cette pêche importante ne furent pas aussi désastreuses qu’elles le furent aux siècles suivants quand la pêche à la baleine s’intensifia. Durant la première moitié du XIXème siècle, de 30 000 à 50 000 cétacés furent exterminés par an ce qui eu pour résultat une raréfaction des stocks de baleines. Il faut dire que tous les peuples s’y étaient mis  dans toutes les mers du monde. Baleines et cachalots furent harponnés (par des canons à harpons plus efficaces et précis) du Groenland à la Patagonie. Les navires à vapeur très rapide avaient remplacé les voiliers et les cétacés les plus rapides pouvaient être rattrapé : baleine bleue, à bosse, Rorqual commun, cachalots etc.
2 décembre 1946, la Commission baleinière internationale réunie à Washington décide d’un moratoire sur la pêché à la baleine qui décide de réductions annuelles de pêche excepté pour les populations dont c’est l’unique ressource comme les Inuits.
Certaines nations ont obtenu des dérogations telles la Norvège et surtout le Japon qui sous couvert de pêches scientifiques continuent à prélever des prises sur des populations de baleines en voie d’extinction.
Les baleines ne présentent plus le même intérêt pour les pêcheurs qu’autrefois. Seuls les japonais consomment encore leur viande et els Inuits évidement mais eux aussi sont en voie de disparition et ils prélèvent un quota tellement faible qu’ils ne sont pas une menace pour elles. Les progrès de la chimie font que la graisse, les fanons et l’ambre sont remplacés par des produits de synthèse. Les os ne servent plus et l’ivoire est interdit. L’alibi d’une pêche culturelle au Japon commence à perdre de sa force et les ports baleiniers déclinent.

Les échouages fréquents de cétacés nous interpellent sur la précarité des ces mammifères marins victimes maintenant de la pollution des mers très dangereuse pour des populations affaiblies. A cela s’ajoute maintenant le réchauffement des océans…  
Cétacé dit la baleine!



Pour compléter cet article, quelques chants de baleines.



Mots-clés : Technorati

le 27.01.12 à 09:00 dans Histoire des aliments
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