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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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La dune et l’homme

 Lorsqu’à la fin de l’ère Tertiaire, les océans ont atteint le niveau que nous leur connaissons, notre littoral s’est enfin formé : rencontre de la terre, de la mer et de l’atmosphère. Cet immense cordon dunaire et prend l’aspect d’une frontière formée par l’accumulation de sables arraché à l’estran très vaste à marée basse, et transporté par le vent.
Les vents venant de la mer accumulent sans cesse du sable formant des petites dunes appelées « nebkas » qui finissent par se rejoindre pour former un long cordon de dunes littorales. Si le vent forcit l’alimentation en sable est moins importante, les dunes sont dites paraboliques car leur concavité est au vent. Par soudure, ces dunes paraboliques constituent de vastes ensembles appelés « dunes en râteau » telle qu’on peut les voir dans les alentours de Cazaux ou de Capbreton. Les grains de sable se déposent sur les pentes au vent et d’autres, atteignant la crête, retombent sur la pente sous le vent. Cette activité donne à la dune un aspect dissymétrique avec une face au vent douce et convexe et une face sous le vent raide et concave.
Au niveau de la crête, les grains arrachés par le vent sont transportés jusqu’à la dune suivante, la dune se déplace donc vers l’intérieur et le paysage se modifie. C’est de cette manière que les dunes ont fini par barrer l’accès à la mer des fleuves côtiers en retenant captives les eaux favorisant la naissance de lacs. Cette belle plage longue de 240 kilomètres est totalement rectiligne à l’exception du bassin d’Arcachon et de l’embouchure de quelques courants côtiers : Soustons, Contis, Huchet et Mimizan. Battue par les vents cette côte est alors un semi désert disputé par le sable et les eaux.
Les dunes mobiles avançaient vers l’intérieur au rythme de 10 à5 mètres par an et recouvraient villages et chapelles, bouchaient les rivières et les courants, enfermaient les eaux en de grands lacs ou de vastes et insalubres marais. Et inlassablement le vent emmenait des plage le sable qui renforçait les dunes.



Les hommes finirent par s’inquiéter de la lente et inexorable avancée des sables ensevelissant habitations, lettes, et la lande primitive plantée e bruyères, d’ajoncs et de genets. A la fin du XVIIIe siècle, sous l’impulsion de l’ingénieur Brémontier, les travaux de fixation des dunes commencent : on recouvre le sol de brandes entre les branches desquels on plante des gourbets, autre nom de l’oyat. Tris ans plus tard, arrivent les immortelles et les chardons des sables ; la dune ne bouge quasiment plus. Les zones plantées sont encloses par des barrières qui freinent l’expansion du sable et protègent les plantes du piétinement des promeneurs et les chemins d’accès aux plages sont recouverts de fascines qui empêchent l’écoulement du sable en le fixant au sol.

Mais même fixées les dunes restent extrêmement fragiles car l’aménagement des plages et le développement du tourisme entraînent la destruction de la couverture végétale et donc la reprise de l’érosion éolienne. Très vite, des brèches semi circulaires s’ouvrent, les coudeyres, provoquant le déchaussement des plantes, par conséquent le sable s’envole de nouveau et s’accumule, créant des dunes de reconstitution, les pourrières, et les dunes résiduelles, les crocs, restent en bordure de mer. Les longues théories de piquets de bois, certains enfouis sous le sable, ne sont pas une barrière pour empêcher l’accès aux plages, non, l’homme les a plantés pour lutter contre le vent et empêcher sa fuite vers les terres et les dunes plus lointaines. Elles protègent aussi la dune des hommes dont l’inconscience et l’esprit de conquête sont aussi redoutables que les pires ouragans. Ces précieuses sentinelles, dont la blondeur se patine au fil du temps en vieil argent veillent dans relâche.

Résistance des soldats de bois qui se dépouillent de leur eau ne gardant que des lambeaux d’écorce sur leur face sous le vent, du côté de l’ennemi, ils se forgent une carapace de métal. Résistance de l’oyat qui, même ensablé développe encore des tiges vertes pleine de vie, ou de l’euphorbe qui profite de la protection du bois. Un maillage de chanvre, brunes résilles, telles des volettes, masque pudiquement le sable. Raidies par le sel, enroulées par le vent, elles offrent à nos regards une danse des sept voiles.

La dune est fragile, éloignons-nous, ne laissant que les traces de nos pas, près du panicaut des sables qui résiste vaillamment.


Mots-clés : Technorati

le 14.09.21 à 16:33 dans Escapades
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