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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Histoire du chocolat

Chocolat. Savez-vous d’où vient ce mot ? Du mot aztèque « tchocolatl » que les espagnols ont modifié et que l’on trouve dès 1680 dans le « Dictionnaire français contenant les mots et les choses ».

 Vase aztèque

L’Amérique centrale, le berceau du chocolat

Les premiers hommes à avoir goûté le chocolat furent les Olmèques qui habitaient les jungles humides au sud-est du Mexique il y a 3000 ans. Ces civilisations inventèrent toutes sortes de techniques élaborées et d'arts remarquables dont l'invention du chocolat  en est la synthèse.

En maîtrisant la fermentation, le séchage, la torréfaction et le concassage des fèves, ils ont su transformer les graines amères des cabosses en une boisson qu'ils nommèrent "Kakaw", originellement réservée aux rois, aux nobles, aux guerriers et aux marchands : l'élite de leur société. C'était un produit tellement précieux que les graines servaient de monnaie d’échange et que la boisson célébrait les grands évènements de la vie : les mariages et les fiançailles ainsi que  tous autres types d'alliance. C’était également une offrande prisée faite aux morts. On a trouvé dans des tombes des pots cylindriques en céramique qui avaient contenu du chocolat. Sur ces pots sont indiqués le nom du potier, la destination du pot : pot à boisson et la boisson : kakaw parfumé. Toujours consommé en tant que boisson, le chocolat, mêlé à de l'eau et à du maïs broyé, était aromatisé de vanille et de piments - mode que les espagnols ont perpétuée un temps - peut-être était-elle adoucie de miel ou de "sucre", jus tiré des tiges de maïs. Les Olmèques et les Mayas le versaient depuis des pots en terre cuite munis de bec verseur d'une certaine hauteur dans des coupes afin d'obtenir de la mousse, considérée comme le meilleur du chocolat et que les Aztèques mangeaient à l'aide de cuillers en écaille de tortue. Lors des banquets, le chocolat était servi après le repas et on le buvait en fumant des pipes de tabac parfumé. Voilà des hommes qui savaient vivre ! Les Mexicains continuent à boire le cacao comme le faisaient leurs lointains ancêtres. Si vous voulez faire un voyage dans le temps, allez à Oaxaca et, attirés par l'odeur, entrez dans une boutique qui fabrique encore le chocolat selon les recettes ancestrales. Vous choisirez de belles fèves torréfiées que le marchand moudra avec un bâton de cannelle et des amandes, ensuite il ajoutera du sucre et le passera de nouveau dans le moulin. Vous serez alors l'heureux possesseur d'une pâte moelleuse et odorante dont vous ferez l'usage qu'il vous plaira.

 

La folie du chocolat en Europe

Le chocolat fut ramené comme un trésor en Espagne par les conquistadors. Le cacao, auquel les espagnols rajoutèrent du sucre de canne pour le rendre moins amer, devint une boisson extrêmement populaire. Dès 1631, un médecin andalou écrivit un livre sur le chocolat « Curieux traité de la nature et de la qualité du chocolat » qu’accompagnaient  différentes recettes pour le préparer de la meilleure façon qui soit, reprenant les recettes traditionnelles des Aztèques et y ajoutant les délices de l'époque : des fruits secs - amandes, noisettes et noix - et les précieuses épices : cannelle, clous de girofle, poivre, gingembre et noix de muscade râpée.. On le consommait au déjeuner et au goûter comme maintenant, accompagné de pains et de biscuits et d'un verre d'eau rafraîchissant.

Cette fièvre du chocolat se répandit dans toute l'Europe, d'abord dans les pays sous domination espagnole, même si Charles Quint n'en raffolait pas : Italie, Pays Bas, Portugal, puis en France et en Autriche grâce aux infantes espagnoles, qui, elles, en étaient folles, et qui, en devenant reines, apportaient dans leurs bagages et leurs dots ce chocolat qui eut des amateurs célèbres : Mazarin, Madame de Sévigné, l'impératrice Marie-Thérèse et Napoléon. A Vienne, par exemple, l’infante apporta 150 arrobes de chocolat - 1725 kg ! -  dans ses bagages lorsqu’elle épousa l’empereur Léopold Ier. Voila pourquoi les pâtisseries viennoises dont la célèbre Sacher Torte, utilisent tant le chocolat. En France, Louis XIV donne par lettre patente à David Chaillou, propriétaire d'une boutique rue de l'Arbre sec à Paris, le privilège exclusif de " fabriquer et vendre une certaine composition qu'on nomme chocolat sur toute l'étendue du royaume" et ce pour 29 ans. Cette gourmandise, très chère, resta l'apanage des plus riches.

L'Angleterre le découvrit au XVIIème siècle, en même temps qu'elle conquit la Jamaïque et subit le même engouement que le reste de l'Europe comme le prouve les carnets de Samuel Pepys et l'ouverture de la première maison de chocolat qui fera de nombreux émules dans ce pays. Les anglais lui firent retraverser l'Atlantique vers l'Amérique de Nord cette fois-ci, mais aussi dans toutes leurs colonies. Thomas Jefferson écrit dans une lette « la suprématie du chocolat, tant pour la santé que pour l’alimentation, en fait une boisson privilégiée au même titre que le thé ou le café en Amérique et en Espagne. »


Mots-clés : Technorati

le 26.03.08 à 19:21 dans Histoire des aliments
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