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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Histoire des peurs alimentaires

Lors d'un précédent article, je promettais de parler de deux livres traitant des peurs aliemntaires et des interdits e tabous, les voici.
Ils sont parus, il y a queques années mais su trouvent toujours sur les aryo,ns des bonnes librairies. A défaut, dans les bibliothèques.

Madeleine Ferrières nous offre une étude qui reprend sa thèse de doctorat sur les peurs des hommes de manger mauvais. Nos angoisses ne sont pas nouvelles, elles s’expriment seulement différemment.

 

Au départ, bien réelle est la peur de manquer de nourriture, la peur de ne pas manger à sa faim est doublée de celle de manger dangereux : des aliments corrompus, malsains, avariés, porteurs de maladies comme le charbon, le mal des ardents, les pestes et fièvres diverses. 
 

Pour les autorités se posent deux problèmes : la gestion de la pénurie et la mise sous surveillance de la chaîne alimentaire. Et l’on s’aperçoit que notre époque n’invente rien. Si dans notre monde occidental la pénurie n’est plus un réel problème, le souci d’une alimentation saine est toujours d’actualité et les méthodes utilisées pour se protéger reprennent celles avérées sûres des siècles précédents. Par exemple, en 1303, la charte de Mirepoix donne en 18 articles un règlement concernant la vente de la viande dans la ville avec comme principal objectif la sécurité alimentaire, le souci de la santé publique et comme second objectif de permettre aux bouchers de vivre de leur commerce. Les mesures préconisent des inspections des marchés, des contrôles de toutes les bêtes par les vétérinaires, des amendes en cas d’infraction.

Un peu plus tard, en 1711, le pape Clément XI et son premier médecin Lancisi prennent des mesures préventives drastiques contre les pestes bovines en préconisant des mesures coupe-feu : empêcher toute communication entre animaux malades et animaux sains, tuer les animaux malades, établir des cordons sanitaires, séquestrer les animaux contaminés, interdir les circulations d’animaux, désinfecter.

En 1714, les anglais mettent au point le « Stamping out ». Le chirurgien de Georges Ier, Thomas Bates reprend les principes de Lancisi en y ajoutant deux préceptes : « acheter et faire brûler tous les troupeaux attaqués de maladie et tenir les autres dans des lieux séparés ». Bates va instaurer ainsi l’indemnisation à l’abattage.

Cette histoire des peurs alimentaires met en avant le rôle important des vétérinaires, la science vétérinaire plus efficace et plus pragmatique que la médecine officielle fait avancer la recherche et les mesures prises pour protéger les consommateurs.

Les médecins de campagne ont un rôle important comme observateurs et correspondants de la Société Royale de Médecine. Comme les vétérinaires, leurs observations sur le terrain permettent des préconisations utiles et efficaces.

Ce qui est aussi intéressant de remarquer c’est qu’avant même des politiques nationales, les municipalités et autorités locales légifèrent sur la sécurité des aliments : comme nous l’avons vu sur la viande, mais aussi sur le pain à Paris au XVIIème, sur l’utilisation du cuivre et du plomb dans les contenants alimentaires, sur la sécurité des conserves.

On observe aussi petit à petit la naissance du consommateur, soucieux de sa santé, en faveur de celle-ci les médecins instaurent des doctrines hygiéniste, aériste et nutritionniste. La consommateur se veut averti et veut absolument concilier abondance et sécurité.

Cette étude passionnante illustre que si l’histoire n’est pas toujours un éternel recommencement, les comportements humains n’évoluent pas tant que ça.

 Madeleine Ferrières

 

 

Edition du Seuil, l’Univers Historique 

472 pages 
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Olivier Assouly montre dans cet essai montre comment les interdits alimentaires sont passés de raisons religieuses à des raisons diététiques. En d'autres termes comments des interdits imposés sont devenus consentis.

 

Les nourritures divines

Essai sur les interdits alimentaires

Olivier Assouly

Editions Actes Sud

244 pages.


Etude pertinente sur les tabous et interdits alimentaires.

Commençant par des aliments interdits dans les textes religieux, l’auteur, Olivier Assouly, dresse un catalogue des aliments obligatoirement interdits sous peine de châtiments ou d’exclusion chez les Chrétiens, les Juifs, les Musulmans et les Hindous. 
L’auteur tente ensuite une explication de toutes ces interdictions religieuses, considérant l’animal en lui-même, ce qu’il représente pour l’homme, par les traditions culturelles et historiques. Olivier Assouly s’attarde longuement sur le porc et les vaches sacrées, proposant une explication cohérente des statuts particuliers de ces deux animaux par rapport à la pureté et l’impureté. 
O. Assouly  explique tous les rites de purification du corps humain, la manière de tuer les animaux, de préparer les mets. Là aussi, rien n’est simple et certaines préparations illicites entraînent l’exclusion de certains aliments. D’autre part, il explique un certain nombre d’interdits par leur dégradation, leur putréfaction durant l’ingestion et la digestion quelquefois même durant leur préparation.


La purification du corps et le désir de divin, de s’échapper des contraintes d’un corps mortel peuvent expliquer les jeûnes et les mortifications propres à la plupart des religions. Tous ces rites tendent à sortir de son corps de chair, à s’abstenir de toute nourriture carnée évidemment car elles ramènent l’homme à sa condition et le goût de la bonne chère entraîne celui de la chair. Par l’abstinence l’homme se libère des contraintes et des pulsions de la chair, de toutes les chairs. A l’extrême pour les ermites et les ascètes toute nourriture devient taboue.


Cependant, des considérations médicales poussèrent les religieux, peu à peu, à assouplir ces servitudes alimentaires, à limiter les interdictions pouvant devenir mortelles, au mieux délabrer la santé : les temps de jeûne diminuèrent, les aliments interdits aussi, les indulgences pour certaines classes d’âge apparurent. Les jeûnes et interdictions alimentaires se firent moins contraignantes pour les chrétiens au fur et à mesure que la foi et les croyances subirent des crises.


Maintenant les interdits alimentaires, dans nos civilisations occidentales, sont d’ordre diététiques et scientifiques : préventions à l’égard des OGM, des productions modifiées ou trop traitées aux pesticides, herbicides ou hormones de croissance. Si, en Inde, ou chez les croyants de l’Islam, les interdits et jeûnes pèsent toujours autant, pour la plupart des habitants des pays chrétiens ou juifs, hormis une minorité très traditionaliste, les interdits sont moins religieux que sociaux ou médicaux. La religion a cédé le pas au diététiquement correct, au goût des produits de la nature, à un retour vers le terroir. Ce qui crée d’autres interdits mais librement consentis et choisis.
 

 

le 14.01.09 à 09:00 dans Livres
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L'histoire des légumes, des potagers, du néolithique à nos jours en passant par les abbayes. Plus une cinquantaine de recettes de Michel Portos, cuisinier de l'année 2012 GaultMillau, avec les accords vins de Patrick Chazallet. De très belles photos d'Anne Lanta, une préface de Christian Coulon pour la beauté de l'ouvrage. alt : Widget Notice Mollat Analyse sur un ton léger des rapports des femmes au vin de l'Antiquité à nos jours, les interdits, les tabous, les transgressions, se ponctuant par quelques portraits de femmes du vin contemporaines. alt : Widget Notice Mollat

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