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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Histoire de la dinde

 

Noël et ses dindes farcies aux marrons ou aux pommes, sans oublier la dinde au whisky. Après Thankgiving, c’est le deuxième massacre en masse de ces volatiles qui sont si appétissants bien rôties sous leur peau dorée.

  
 


Dindes, dindons et dindonneaux
 

Sans les audacieux conquistadors partis à la découverte de terres inconnues, jamais nous ne mangerions de dinde à Noël ! Terres inconnues, en effet, ces braves navigateurs se croyaient en Inde. Donc lorsqu’ils ramenèrent ce volatile du nouveau continent sur lequel ils avaient posé leurs hispaniques pieds, ils le nommèrent « poulle d’Inde ».

 

 

Une volaille appréciée des Aztèques.

Cependant de l’autre côté de l’Atlantique dans les royaumes incas, mayas et aztèques, dindons et dindes étaient prisés depuis plus de 3000 ans avant que les espagnols découvrent cette volaille et la fassent connaitre à leurs contemporains. Ces volatiles qui comptaient plusieurs espèces différentes étaient consommés régulièrement comme gibier. Mangées rôties ou grillées, les dindes étaient accompagnées de sauce souvent très relevées. Pour les rôtir, les aztèques avaient conçu de grandes poteries qu’ils enterraient et qui servaient de fours chauffés par en-dessous. Installations compliquées qui étaient réservées pour les banquets des grandes fêtes.  

 
 
Une appellation non contrôlée

Les espagnols, puis les français, les polonais, les allemands, les hollandais la nommèrent dinde (chacun dans leur langue) en simplifiant le terme poule d’Inde. Persuadés étaient’ ils qu’elles provenaient de cette lointaine contrée. C’était avant qu’Amerigo Vespucci remette les choses en ordre et fasse distinguer les Indes de l’Amérique.

Les portugais qui arrivèrent en Amérique plus tard l’appelèrent péru du nom de l’endroit où ils la firent la première fois.

Les anglais et es anglo-saxons la nomment toujours turkey, car elle leur était parvenue par la Turquie. Les dindes et dindons étaient si nombreux en Amérique du Nord qu’ils sauvèrent les colons de la famine. A tel point qu’il fut proposé qu’elle figure sur le drapeau national. Finalement les américains du nord se contentèrent de la farcir pour Thankgiving et choisirent l’aigle, plus décoratif comme emblène.

Les mexicains ont mexicanisé le nom original huexolotl, en guajalote imitant le cri de l’oiseau. En France, nous disons que la dinde glougloute.

  Dindon
 


Très vite adoptée

Découverte par Hernan Cortès au Mexique autour de 1520, la dinde ne met que 14 ans pour être citée dans un monument de la littérature française : le Gargantua de Rabelais. Ce qui prouve que les européens ont très vite adopté la dinde. En Navarre, Marguerite d’Angoulême en faisait élever et Catherine de Médicis en avait fait servir lors d’un banquet à paris en 1549. Sa chair délicate, sa taille idéale pour les grands repas et sa cuisine aisée furent les atouts de son succès. La première recette que l’on connaisse est le « mole poblano de guajalote » inventé par des religieuses espagnoles installées au Mexique. Inspirée de la cuisine locale et espagnole, en effet, elles empruntèrent des ingrédients du cru, la sauce contient du chocolat et du piment et les traditionnels épices et condiments de la cuisine médiévale européenne : raisins secs, cannelle, clous de girofle, coriandre, graines de sésame et d’anis.

Son prix fut tout de suite assez modique permettant à toutes les couches de la société de la déguster même si la dinde est restée un produit gastronomique jusqu’au XXème siècle. Au XIXème siècle, les livres de cuisine rengorgent de recettes de dindes farcies, contisées de truffes, accompagnées de riches sauces. Depuis l’élevage industriel en a fait un produit ordinaire vendu en pièces détachées vue sa taille imposante. Cuisses et escalopes de dinde ou de dindonneau, plus petit et donc plus pratique, envahissent les rayons des supermarchés. La raison en est que la France est le 2ème producteur mondial derrière les Etats-Unis avec environ 625 000 t/an.

 

A l’heure d’attaquer avec couteaux et fourchettes cette brave volaille, ayez une pensée pour ces découvreurs qui rapportèrent la dinde de leurs pérégrinations maritimes. Sans eux, les fêtes ne seraient pas ce qu’elles sont et le curé de Cucugnan n’aurait pas, par péché de gourmandise, expédié ses trois messes basses, ni fini rôti comme la dinde qu’il convoitait tant !

 
 

le 25.12.09 à 09:00 dans Histoire des aliments
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