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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Grippe aviaire


 

 

Coq

Le blog Appétit 7 : volailles et choux arrive en pleine psychose collective liée à la grippe aviaire si l’on en croit les journaux. Certains pourraient considérer cela comme de la provocation. Il n’en est rien, le choix des produits ayant été fait bien avant que les risques de contamination ne menace notre sol. Mais cependant cela permet de remettre les pendules à l’heure.
Devons-nous avoir peur ? Non
Devons arrêter de déguster délicieux poulets rôtis, poules au pot et autres pintades aux choux ? Non, encore non.
D’ailleurs avons-nous aussi peur qu’on veut nous le faire croire ? Je n’en suis pas si sûre.  Chez mon boucher ou sur le marché dimanche dernier, les acheteurs étaient aussi nombreux que d’habitude à vouloir des volailles et dans les restaurants, on manque de poulet. Alors, pourquoi essayer de créer une psychose de la part des grandes surfaces qui n’ont plus commandes de volailles, ou des journalistes qui ne cessent de nous rabattre les oreilles avec la grippe aviaire et du gouvernement qui interdit les volailles au salon de l’Agriculture. (Si mes souvenirs sont bons, les bovins ne furent pas interdits de séjour à ce salon lors de la crise de la vache folle.)
En fait, je pense que nos peurs vis-à-vis de la nourriture remontent loin dans notre imaginaire collectif.
Nous pourrions avoir peur si cette maladie transmise par les volailles et oiseaux était devenue une véritable épidémie que nous n’aurions pas vu venir. Or, il n’en est rien, depuis des mois maintenant, nous observons les symptômes en Asie qui peu à peu s’étendent.  Nous voyons que tous les cas recensés de décès dus à la grippe aviaire sont uniquement des transmissions de volatile à homme  et uniquement dans des pays où l’hygiène alimentaire et la surveillance des produits alimentaires n’existent pas ou est peu rigoureuse. Les deux petits paysans turcs qui ont été victimes vivaient dans une ferme où les volailles et les hommes vivaient ensemble dans la même pièce.

En Europe, nous vivons dans un système  suffisamment évolué pour que l’information puisse passer, et nous connaissons les mesures de précaution, d’hygiène pour éviter la contamination : cuisson à 60° pour tuer le virus et que je sache, nous n’avons assez peu l’habitude de donner des abats de poulets morts comme jouets à nos enfants.
Nos craintes vis-à-vis de l’alimentation relève de nos peurs d’être contaminés, empoisonnés insidieusement. Or jamais notre alimentaire n’a jamais été autant et si bien contrôlée. Jamais nous n’avons eu une meilleure sécurité alimentaire. Nous pouvons savoir tout de suite de quel élevage provient n’importe quel animal contaminé et nous pouvons réagir immédiatement. Tout se passe comme si, dans une époque d’abondance de nourriture qui permet de pouvoir alimenter tous les individus de manière satisfaisante,  nous avions encore besoin de nous faire peur, de craindre des nourritures qui nous maintiennent en vie. Claude Fischler, auteur de «  l’Homnivore », apporte un élément de réponse : « Notre vieille angoisse face à la nourriture, peut être liée à notre condition d’omnivores menant au besoin d’établir un choix nécessaire entre plusieurs aliments possibles pour assurer un régime adéquat semble être liée à la prise de décision que cela implique et à ses conséquences sur notre corps. »
A cela s’ajoute les idées contemporaines sur la nourriture, sur les bienfaits de certains aliments qui relèvent, elles aussi, davantage de l’imaginaire que du rationnel. Influencés par les médecines parallèles et les informations de toutes sortes relayées par les revues et certains livres, nous prêtons aux valeurs nutritives de certains aliments (légumes verts, céréales complètes, poissons, ..) des vertus quasi magiques, en tout cas morales, d’énergie, de vitalité, de pureté, de minceur… et nous diabolisons graisses, sucre, bonne chère, avec l’idée que celles-ci peuvent salir, abîmer sans savoir ce qu’il en est véritablement des oligo-éléments, antioxydants, sels minéraux et autres vitamines auxquels on prête des qualités remarquables.
Finalement la nourriture garde toujours un rôle symbolique et l’acte de manger génèrent des croyances et des représentations qui s’inscrivent autant dans des traditions et des habitudes que dans un besoin nouveau de forme et de santé lié aux inquiétudes face aux changements de notre époque et au développement de la diététique et de la nutrition.


Dindon

Je vous livre un communiqué de presse que je viens de recevoir qui émane de l’ONG Grain.

COMMUNIQUE DE PRESSE                                                                                                          

   Bruxelles, le 8 février 2006.
 
Grippe aviaire :
Ne mettons pas tous nos œufs dans le panier de l’aviculture industrielle !
La grippe aviaire partie des élevages industriels va-t-elle détruire ce qu’il nous reste de l’aviculture paysanne en Europe ?
 
Les premières formes très pathogènes du virus H5N1 sont apparues dans des élevages hyper industriels d’Asie. Le transport par bateau ou avion d’oisillons en provenance de ces élevages intensifs infectés a ensuite contaminé d’autres pays. Dans un rapport récent[1], l’ONG Grain dénonce ces échanges de poussins, légaux ou illégaux, comme étant le principal vecteur de prolifération du virus. A l’heure où tous les projecteurs sont braqués sur les oiseaux migrateurs, nous tenons à rappeler qu’à l’origine ce sont les animaux domestiques, élevés dans des conditions concentrationnaires, qui ont contaminé la faune sauvage et non l’inverse.
Le confinement décrété comme mesure de sécurité sanitaire pénalise avant tout les élevages de plein air et n’apporte aucune solution de long terme. La concentration des animaux et l’homogénéisation des races imposées par les industriels de la volaille créent un terreau bien plus favorable à une propagation rapide du virus que les élevages fermiers de petite taille. Dispersés dans l’espace, ayant recours à une grande diversité génétique et des parcours de plein air, ces derniers produisent des volailles beaucoup plus solides et résistantes que celles des élevages industriels. La CPE demande que ces petits élevages soient soutenus puis qu’ils vont être les premières victimes de la crise.
Aujourd’hui, certains Etats Membres proposent de détruire les stocks de volailles saines en vue de réguler l’offre de volailles. Certes, le recul conjoncturel de la consommation en Europe pénalise les producteurs. Mais les plus gros industriels ont déjà une part de leur activité délocalisée au Brésil. Ils n’attendent qu’une chose : la destruction par l’Union Européenne de ses stocks pour qu’ils puissent réapprovisionner le marché européen à partir de leurs élevages intensifs brésiliens. Tant qu’une clause de sauvegarde à l’encontre des importations de volailles industrielles en provenance du Brésil ne sera pas activée, ces mesures de destruction serviront essentiellement les multinationales du secteur avicole. La régulation de l’offre doit se faire par une limitation immédiate des importations en provenance des élevages de volailles industriels et une dés-intensification du secteur avicole en Europe vers une production de volaille de qualité.
Les organisations paysannes de la CPE demandent aux Etats Membres de ne pas se tromper de cible en mettant en place des aides qui bénéficieront essentiellement à la filière industrielle. L’Union Européenne doit d’abord soutenir l’agriculture paysanne, déjà suffisamment menacée. L’agriculture a en charge de nourrir la population. C’est une activité beaucoup trop fragile pour être livrée aux règles actuelles du commerce international.

[1] Grain, Qui est le dindon de la farce ? Le rôle central de l’industrie de la volaille dans la crise de la grippe aviaire, février 2006.

 
Le rapport de Grain est visible en cliquant sur le lien suivant:

http://www.grain.org/briefings/?id=195 .

 

 

 

 La Coucou de Rennes

 

 

 

 


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le 25.02.06 à 17:27 dans Coup de gueule- Coup de coeur
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