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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Grenelle de l’environnement

Une révolution pour l’agriculture et la biodiversité ?
 Le Grenelle de l’environnement s’est terminé il y a quelques jours. J’ai lu  différents articles concernant cet évènement majeur et porteur d’espoir pour notre société et je me propose d’en faire un résumé rapide pour ce qui concerne l’agriculture et l’alimentation.  Ce n’est peut-être pas une révolution, mais un grand bond en avant, certainement. Le fait positif et assez nouveau est que les discussions se sont passées dans un esprit ouvert et qu’une majorité de voix ont pu se faire entendre. Au préalable, des groupes avaient planché sur les différents thèmes qui devaient être discutés. Ce qui nous intéresse ici, ce sont les propositions et décisions qui ont été prises concernant la biodiversité et l’agriculture.
 

  1. Les propositions qui ont été préconisées dans les rapports produits dans les différents groupes de travail : 
    1/ Biodiversité :

 il a été suggéré d’établir une fiscalité incitative, sorte de bons points, destinée aux agriculteurs qui accepteraient de réduire l’usage des pesticides et s’engageraient dans la préservation des milieux. 

Création d’une Trame verte dont nous reparlerons.
 

2/ Etat écologique des eaux :

arriver à un bon état des eaux d’ici 2015 avec une diminution de l’usage des pesticides et une mise en conformité des stations d’épuration. Il faut savoir qu’en France 146 stations sont non conformes et 32 millions d’habitants sont concernés par cete pollution..
 

3/ Production et consommation durable : (constat : La consommation des produits bio est en constante progression : + 9,5%/an, mais nous devons importer la moitié des produits alimentaires bio).  
-          objectif de 10% des surfaces agricoles en bio d’ici 2010 avec un soutien à la filière bio de la part des pouvoirs public consistant en l’obligation de commander des repas bio pour les restaurations collectives, comme cela se fait à Rome per exemple.
-          20% des produits agricoles devront être bio en 2012. 
-          interdiction d’une cinquantaine de substances chimiques dangereuses.
-          Changement progressif d’une agriculture conventionnelle à une agriculture durable avec l’année 2012 comme but à atteindre : 50% des exploitations devront être en haute valeur environnementale.
 

Les réponses du Grenelle de l’Environnement
1/ Biodiversité.
-          Le principe d’une fiscalité écologique incitative est accepté mais est soumis à l’appréciation et à la décision du Président de la République.
-          Le principe d’une « Trame Verte » est retenu. Les trames vertes sont des corridors écologiques créés pour garantir une continuité des espaces naturels et lever les obstacles à la circulation des espèces animales et végétales indispensables au maintien de la biodiversité. Cela rejoint la décision prise au niveau Européen de stopper l’érosion de la biodiversité d’ici 2010. Un flou cependant, il n’est pas donné de valeur juridique à ces fameuses trames vertes, comment seront-elles considérées dans les politiques d’aménagement du territoire ? 
 

2/ Pesticides :
-          Il est décidé de la suppression de 50% de leur usage dans les 10 ans. La FNSEA ayant opposé son veto à cette mesure, la réduction est conditionnée à la diffusion et à la mise au point de méthodes alternatives.
-          Interdiction à la vente de 47 substances dangereuses pour la santé d’ici 2 à 4 ans.
-          Interdiction des épandages aériens de substances dangereuses
-          interdiction de l’utilisation de ces mêmes substances à proximité des hôpitaux, des cours de récréation et des jardins publics. Le reste de la population peut continuer à être empoisonnée.
 

3/ Agriculture biologique :
-          6% des surfaces cultivées en bio d’ici 2012 et 20% en 2020
-          OGM : gel des cultures, ce n’est, hélas, qu’un moratoire temporaire qui ne s’applique que les mois d’hiver, il est décidé de l’adoption d’une loi sur les OGM avant les cultures de semis de printemps.  Sur ce dernier point, il convient de rester vigilant car les intérêts des lobbies des semenciers sont puissants et redoutables.
 

Le sénateur UMP de la Manche, Jean-François Le Grand qui était président du groupe biodiversité et de l’intergroupe OGM émet quelques propositions dans un entretien qu’il accorde  à un journaliste le 24 octobre dans le journal « La Croix » :
« Je souhaite la mise en œuvre d’un plan en trois parties sur les OGM. Lancer une véritable recherche  pluridisciplinaire ; créer une haute autorité indépendante qui conseillera le gouvernement ; et enfin, instituer une loi-cadre sur les biotechnologies comprenant un volet sur l’éthique, la responsabilité, la brevetabilité du vivant et distinguant bien les bactéries OGM qui servent à fabriquer des médicaments des plantes génétiquement modifiées. Ce qui signifie que certains OGM seront interdits, tandis que d’autres seront autorisés. Les essais dans les champs resteront nécessaires.
Il faut par ailleurs inscrire la biodiversité au cœur des politiques publiques.  Cela passe par la création d’un continuum de corridors réunissant les zones naturelles protégées et celles hébergeant une biodiversité ordinaire. La protection de la biodiversité englobe aussi des mesures relatives à la mer, à l’eau, aux forêts et aux DOM-TOM. On est entrain de vivre une révolution culturelle. »
Espérons que les propos optimistes de ce monsieur ne resteront pas lettre morte.  L’avenir nous le dira. Cependant ce grand débat sur l’avenir de notre environnement tellement menacé est devenu une préoccupation majeure des français (Le développement durable a été aussi un thème majeur des Semaines Sociales) et de beaucoup de citoyens du monde. Il est certain que, même si le terme révolution me parait un peu énorme, il n’en reste pas moins vrai qu’une page de l’histoire de notre agriculture et de notre alimentation est certainement en train de s’écrire.  Si certains syndicalistes de la FNSEA font de la résistance, d’autres ont changé de comportements comme le montre les acteurs du livre « Paysans » dont je vous parlé il y a peu.
Il est nécessaire, voire même indispensable que les hommes se rapprochent de la nature, se considèrent comme faisant partie de cette nature, comme des acteurs de sa pérennité.  Longtemps, les penseurs et les acteurs de la chose publique ont invoqué la raison pour se détacher de cette nature. Ce n’est plus possible. Il faut envisager une nouvelle manière de vivre qui nous détacherait de nos égoïsmes et de nos individualismes et aller davantage à la recherche du bien commun.  Je vous rappelle en conclusion la définition du développement durable : «  qui satisfait les besoins de la générations actuelles sans compromettre ceux des générations futures. »
Se rappeler que nous ne sommes que les locataires de la planète et que, comme il est dit dans certains endroits, nous devons la laisser dans l’état dans lequel nous l’avons trouvé. Le défi actuel est de la rendre plus propre que nous l’avons trouvée. Une sacrée motivation !

 

le 17.11.07 à 18:23 dans Agriculture
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