Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

DON ALIMENTAIRE

QUELQUES TEXTES EGYPTIENS SUR DES DONS ALIMENTAIRES

 Une petite pose littéraire avant de poursuivre notre histoire du don alimentaire, nous partons loin dans l'Egypte des pharaons.

Dans les temples égyptiens, les offrandes de nourriture étaient monnaie courante, ces offrandes pouvaient être destinées aux dieux et au personnel du temple. Il existait même des listes de quantités d’offrandes. Nous avons l’exemple d’une fondation funéraire assorti d’offrandes :
« Or quand le dieu sera satisfait des biens et que la statue aura reçu ses provisions, qu’on fasse paraître les offrandes pour le serviteur ci-présent, de la main du prêtre de service, selon la coutume journalière :

-         -  Pains au taux de 30 : 5 pièces

-          - Pains au taux de 40 : 7 pièces

-          - Total : 12 pièces

-         -  Bière au taux de 30 : 2 jarres

-         -  Vin : 2 jarres

-          - Tourterelles : 2 pièces

-          - Légumes : 6 bottes

Ecoutez, tous les prêtres et prophètes du temple qui viendront par la suite : sa majesté a donné, aussi bien à moi qu’à vous, pain, bière, viandes et légumes et toutes choses excellentes pour vous nourrir dans son temple. »

Il était également habituel d’offrir des libations aux morts lors de cérémonies de funérailles, voici celui d’un menuisier, lors du débarquement du cercueil que l’on pose sur un traineau tiré par quatre bœufs, sur son passage, on fait des libations d’huile et de lait « et dans la tombe : « on consacre les offrandes, on multiple les onctions, fumigations et libations »

Mais ce qui parait le plus important et qui est le plus souvent dessiné sur les parois des temples, ce sont les offrandes aux dieux, certaines offrandes permettent au peuple de remercier les dieux, telles celles faites à Renenoutet, déesse des moissons : « Quand les travaux de la moisson furent achevés, il y eut un jour heureux pour tous les travailleurs, car le maître du domaine avait dit : qu’on donne à tous pain-bière en abondance et toutes bonnes choses car la récolte a été belle ! Et qu’on fasse des offrandes à Renenoutet selon l’usage ! »

Suit la procession des offrandes à la déesse : « un prêtre présente une petite gerbe plate d’épis tressés, un autre offrait deux cailles. Les rituels accomplis, les fidèles s’approchaient à leur tour, apportant des touffes de blé, des pains blancs afin d’obtenir la protection de la déesse pour leurs guerriers et leurs semences. Ayant déposé les offrandes, les places, les chemins étaient remplis par la foule en liesse, partout on distribuait la bière et toutes bonnes choses offertes par le seigneur. »

Petite explication e texte: Neter c’est le dieu qui protège une chose et Renenoutet est la maîtresse des moissons et des guerriers, c’est pourquoi on lui offre les prémices de la récolte avec les fruits de la saison (les petits balais faits avec des épis). Les statues de Neter servent à recevoir les offrandes car les prêtres disent : « Craignez les dieux ; apportez-leur vos dons pour qu’ils ne vous soient pas défavorables. »

Les traditions de repas de moisson ou de vendanges sont issues de ces croyances et rites anciens qui consistent à remercier ls dieux de leur générosité ou la Terre-Mère de ses dons ainsi que les travailleurs de leur peine qui permettent de mettre à l’abri de quoi se nourrir et ces repas sont des ripailles car personne n’était jamais assuré d’avoir de quoi manger tout au long de l’année.

Textes tirés du livre de Schweller de Lubicz, « Her-Bak, Pois Chiche », Champs Flammarion 1981

le 01.11.21 à 20:00 dans Autour de la nourriture
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