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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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DON ALIMENTAIRE

Le don dans les sociétés primitives

 Dans les sociétés communautaires des époques primitives, une organisation et une régulation des dons sont mises en place. La manne tombe rarement du ciel et manger est une obligation quotidienne indispensable à la survie des humains comme des animaux.

 

A l’origine du don alimentaire.

Qu’est ce qui a poussé les hommes à partager leurs nourritures ? Pourquoi les sociétés de cueilleurs-chasseurs ont pratiqué le partage des animaux chassés ?
Peut-être et en premier lieu parce que les animaux et les plantes étaient considérés comme des dons des dieux. La nature étant la terre nourricière, tout appartenait à tout le monde, ce qui était chassé comme ce qui était cueilli. En second lieu, il me semble, parce que la vie étant communautaire, chacun dépendait des autres pour sa propre survie. Dans une tribu, le don est désintéressé, c’est une grande maisonnée au sein de laquelle, on n’attend pas de réciprocité au don offert. La chasse, le ramassage des plantes alimentaires et la préparation de la nourriture étaient des activités collectives, par conséquent le partage de la nourriture l’était également. Tant que les hommes pratiquèrent le nomadisme, le don alimentaire était lié au partage hors de toute idée de dépendance ou de réciprocité.
Par la suite, la sédentarisation et la naissance de système fondé sur le travail de la terre et l’élevage va entrainer des rapports de dépendance. Des hommes puissants, vont acquérir des terres ou se les approprier devenant alors les chefs de leur tribu ou de leur groupe. Ils tirent leur subsistance de leurs terres, travaillées par des moins forts et moins puissants. Ces derniers offrant régulièrement des dons de nourriture en échange de la protection offerte. Le don gratuit disparait alors sauf quand les surplus de nourriture engrangés sont redistribués lors de famine ou de disette. 
C’est le « hau » définit par  Mauss dans son Essai sur le don, Page77 et suiv. Le hau « c’est l’esprit des choses (un principe de vie) et en particulier celui de la forêt et des gibiers qui y vivent. » Mais le hau devient celui du donateur par conséquent cela oblige celui à qui le don est fait. Nait alors le concept de donner, recevoir, rendre. Mais dans le cas du « hau » des maoris, il s’agit d’un paiement sacrificiel offert à la forêt en dédommagement des oiseaux piégés par des oiseleurs, c’est un contre-don
C’est l’idée, l’obligation même du Potlach.   Un chef invite des chefs d’autres clans et après des cérémonies leur offre de nourriture en abondance. La nourriture dans le potlatch est peut-être un moyen de redistribution des ressources qui corrigerait ainsi les inégalités naturelles. Ces inégalités peuvent être provoquées par des disettes qui sont une menace permanente et qui peuvent être surmontées par des distributions de nourriture offertes par les groupes sociaux les plus avantagés. Rien n’est demandé en échange hormis de reconnaitre que cette nourriture exprime la richesse du donateur et cette richesse exprime à son tour le prestige. Un système d’échange qui contribue à la fois à la survie des populations mais aussi à la survie du prestige du chef.   
Que ce soit le potlach des Indiens de la côte Pacifique ou la kula des mélanésiens, est instauré un système de prestations réciproques qui montrent un lien entre la nourriture et les personnes à qui elle est distribuée qui confère au don une valeur sociale, religieuse, économique et politique, elle fait le droit et renforce les liens matrimoniaux En effet « cette redistribution, écrit Marshall Sahlins ( Âge de pierre, âge d’abondance, l’économie des sociétés primitives) pourrait être définie comme une forme d’organisation de la réciprocité. Une réciprocité équilibrée, un échange pas totalement intéressé entre des groupes qui se reconnaissent comme amis. » La redistribution devient une forme intermédiaire entre don pur et échange pur. Elle montre le souci éprouvé envers l’autre, le souci de ses conditions d’existence qui s’exprime par l’hospitalité, la protection, le don de vivres.
A suivre...

le 20.10.21 à 16:26 dans Autour de la nourriture
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