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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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DON ALIMENTAIRE

Comment s’exprime la fraternité au XIXe siècle ?

  Comment s’exprime la fraternité sous la Révolution ?

Tout ce qui venait de l’Ancien Régime est honni et disparait d’autant que la charité est principalement le fait d’ecclésiastiques et de riches bienfaiteurs.

La Révolution Française avait désorganisé la vie économique engendrant la misère pour des dizaines de milliers d’ouvriers et de domestiques. Difficile d’y remédier les instances dirigeantes d’alors étant assises sur des chaises instables et leurs têtes chutant souvent sous le couperet de la guillotine, il était impossible de créer une assistance aux pauvres pérenne .

 Le Grand Bureau des Pauvres disparait en 1789 et est remplacé après la révolution par le bureau de bienfaisance qui agissait sur le même principe par quartiers et arrondissement et non plus par paroisse. Durant la Convention, on considère que c’est à chaque citoyen de s’occuper de charité et un édit est publié en octobre 1793 en ce sens : "tout citoyen qui sera convaincu d’avoir donné à un mendiant aucune espèce d’aumône sera condamné à l’amende de la valeur de deux jours de travail, au double en cas de récidive"

 
Et Après ?

Sous le Consulat et l’Empire, on fait disparaitre de la vue les mendiants en les enfermant dans des dépôts de mendicité par un arrêt de la cour impériale : « L’envoi en dépôt de mendicité n’est point une peine, mais une mesure de police qui est à la discrétion de l’autorité administrative sans qu’il soit possible aux tribunaux de modifier la clause susdite. »

Cet arrêt disparait à la chute de l’Empire mais continue dans les faits car en 1869 on note 2548 arrestations de mendiants dont deux tiers d’hommes qui sont envoyé à la maison de répression de St Denis. Parallèlement, le 27 nivôse an IX, les hôpitaux de Paris sont réformés, réunis sous une même appellation : Assistance Publique.

Même si sur un plan statistique, le niveau de vie augmentait tout au long du XIXe siècle, et que le chômage baissait, il y avait encore beaucoup de mendiants du fait des bas salaires, des grèves et des accidents de travail, il suffit de lire Victor Hugo et Zola pour la France et Dickens pour l’Angleterre. Lors des grèves, des caisses de solidarité et des quêtes permettaient de nourrir mes travailleurs sans revenus mais encore trop nombreux sont les femmes, les hommes et les enfants qui vivent le ventre creux. Ainsi que le narre Baudelaire dans le Spleen de Paris dans son texte "Le Gâteau" :
«
 Je voyageais […] quand la matière incurable renouvelant ses exigences, je songeais à réparer la fatigue et à soulager l’appétit causé par une si longue ascension. Je tirais de ma poche un gros morceau de pain […] 
Je découpais tranquillement mon pain, quand un bruit très léger me fit lever les yeux. Devant moi se tenait un petit être déguenillé, noir, ébouriffé, dont les yeux, farouches et comme suppliants, dévoraient le morceau de pain. Et je l’entendis soupirer, d’une voix basse et rauque, le mot : gâteau ! Je ne pus m’empêcher de rire en entendant l’appellation dont il voulait bien honorer mon pain presque blanc, et j’en coupais pour lui une belle tranche que je lui offris. Lentement, il s’en approcha, ne quittant pas des yeux l’objet de sa convoitise ; puis happant le morceaux avec sa main, se recula vivement, comme s’il eut cru que mon offre ne fut pas sincère ou que je m’en repentisse.
 »

Alors que faire ?
L’Assistance Publique gère 14 établissements qui accueillent 2 400 000 pensionnaires, pour la plupart des déshérités affamés pour qui une bonne alimentation est importante pour les remettre en bonne santé.
Dans « Le mangeur du XIXe siècle », Jean-Paul Aron donne les chiffres suivants pour l’Hôtel-Dieu : en1847, on octroie par personne et par jour :
373,7 g de pain,
271,8 g de viande ou charcuterie ;
13,4 g de poisson,
6,2 g de volaille,
2/3 d’œuf,
175 cl de lait,
190 g de plantes et légumes frais,
55 g de pommes de terre,
9,4 g de fromage,
10 g de pruneaux,
10 g de beurre et 5 g de matières grasses.
Pour certains l’Assistance Publique étaitsynonyle d'bondance et de bien manger..

Sous la Restauration, on voit apparaitre des manuels de charité à l’initiative du Vicomte de Melun qui vont favoriser la naissance des Sociétés d’économie charitable. La charité est conçue comme une œuvre de miséricorde. Lamennais, Ozanam ou Buchez vont inspirer la doctrine sociale de l’Eglise qui montre l’intérêt d’une certaine élite catholique envers les pauvres et les œuvres caritatives qui vont être créer tout au long du siècle :Les filles de la Charité qui deviendront les Sœurs de St Vincent de Paul, Notre-Dame de la Charité du Bon Pasteur, par exemple. Elles vont jouer un rôle de catalyseur parmi les catholiques et les protestants car aimer son prochain, c’est lui procurer de quoi subsister.  Les œuvres de bienfaisance sont alimentées par des dons et legs privés, les ventes de charité, bien nommées, les souscriptions et quêtes auxquelles s’ajoutent parfois et selon les communes quelques subventions publiques. Certaines femmes de la bourgeoisie ou de l’aristocratie avaient leur « jour » durant lesquels elles distribuaient pain et soupe aux nécessiteux.
A suivre

le 24.11.21 à 17:13 dans Autour de la nourriture
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