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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Divine Ortie

Il fut une époque où divulguer la recette du purin d’ortie était plus sévèrement condamné que l’agression une vieille dame. Dieu merci, ces temps maudits sont derrière nous. Découvrons donc cette plante qui devient de plus en plus discrète, traquée qu’elle est par les herbicides.

Quid de l’ortie

En ce début de printemps, les orties sont très vivaces,  allez donc en ramasser dans les près et aux bords des chemins. Prenez un grand sac, une paire de gants et allez faire provision de cette Urticacée salvatrice.
L’ortie ne mérite pas l’opprobre dont on l’accable. Intimement liée à notre mode de vie, elle vit toujours près de l’homme, au pied des murs, sur les rebords des chemins, dans les décharges, partout où elle peut  se nourrir d’azote et de fer, on pourrait penser qu’elle vient réparer les outrages que les hommes font à la nature. Malgré ce compagnonnage,  nous ne l’aimons pas en raison des souvenirs brûlants qu’elles laissent sur nos jambes lorsque nous nous enfonçons dans les haies pour cueillir les mûres ou autres fruits sauvages.

Propriétés

Mais, vous la trouverez vraiment sympathique lorsque vous aurez découvert toutes ses vertus. Elles sont innombrables et concernent autant la médecine que l’industrie, et est bénéfique autant pour les hommes que pour les animaux ou la nature.
Simple recommandé par les médecins depuis l’Antiquité, on peut se demander comment cette humble plante a pu attirer l’attention des hommes, elle pique dès qu’on la touche, ne présente ni odeur, ni couleur attrayante. Cependant elle a su séduire les hommes par les bienfaits qu’elle leur offrait. Les hommes qui observaient attentivement la nature pour en découvrir ses secrets, ont vite remarqué que les vaches qui broutaient régulièrement des orties donnaient davantage de lait que celles qui n’en broutaient pas, que ce lait était plus riche et de meilleur goût. Par la suite, ils en nourrirent également leurs volailles et les chevaux, prévenant ainsi de maladies en augmentant leurs défenses naturelles et favorisant leur croissance. Et si on peut se nourrir de la chair et du lait d’animaux nourris aux orties, pourquoi ne pas les manger directement ? Elles piquent certes, mais si on les laisse sécher une ½ journée ou si on les fait cuire leurs propriétés urticantes disparaissent. Cuites, elles conservent un vert éclatant du à leur richesse en chlorophylle excellente pour le sang et apportant du fer. L’ortie est, par conséquent,  un excellent antianémique, un tonique remarquable par les minéraux qu’elles contiennent.

Utilisation

En cuisine. 
Faites des potages et des tartes aux orties, des flancs ou des accompagnements de poissons et viandes blanches, il suffit de la cuisiner à la manière des épinards ou de l’oseille. Et si vous êtes soucieux de l’éclat de votre teint et de la finesse de votre ligne, sachez que l’ortie est également légèrement diurétique, dépurative et laxative. Que du bon, vraiment.


En médecine
Les vertus de l’ortie ont été utilisées par les médecins qui utilisèrent bouillons et infusions d’orties pour enrayer les saignements, réguler les sécrétions intestinales et pour soigner des maladies de peau. Certains médecins, à la suite d’études sérieuses, préconisent une décoction de feuilles d’orties hachées (une poignée dans 200 gr d’eau) à boire 3 fois par jour pour faire baisser le taux de diabète de leurs malades.


Dans la fabrication textile
Comme l’ortie est une cousine du chanvre, on peut utiliser ses fibres pour tisser des textiles. On en fit, d’ailleurs longtemps des torchons quasi inusables en Haute-Savoie. Demandez à vos mères ou vos grands-mères qui ont du porter des jupes en toile d’orties durant la seconde guerre mondiale, qui, mal fabriquées, rétrécissaient sous la pluie.


Dans l’agriculture
Et l’homme utilisa l’ortie pour fertiliser la Terre. L’infusion d’ortie fermentée, dit purin d’orties qui fut un moment hors la loi, possède un pouvoir fertilisant exceptionnel qui depuis de siècles nourrit les sols sans danger de pollution.  Il est même dit que des rangées d’orties plantées entre les rangées de plantes aromatiques augmentent la teneur en huiles essentielles de ces dernières. 

Recette du purin d’ortie

Coupez 1 kg d’orties, mettez-les dans un grand récipient et versez dessus dans 10 litres d’eau de pluie de préférence.  Laissez macérer quelques jours au soleil. La macération va commencer à fermenter et dégager une horrible odeur. On comprend alors pourquoi cela s’appelle du purin.  Surmontez votre dégoût, filtrez la préparation et diluez ce purin et utilisez cette préparation comme fumure et comme insecticides et bactéricides.

Comme fumure et en pulvérisation contre les maladies cryptogamiques et le mildiou, diluez 2 l de purin d’orties dans 10 l d’eau.

Comme insecticides : 1 l de purin d’orties dans 10 l d’eau.

Versé pur sur du compost, il va en activer les pouvoirs fertilisants.

Plantons l’ortie, buvons-la et mangeons-la, vous m’en direz des nouvelles.

A propos de manger de l’ortie, peut-être voulez-vous la recette de la délicieuse quiche aux orties.

 

C’est une recette qui incite aux promenades bucoliques et à la découverte des herbes comestibles.

 

Vous faites un fond de tarte en pâte brisée, vous l’étendez dans son moule à tarte et vous le laissez au frais pendant que vous préparez l’appareil à quiche.

N’oubliez pas de mettre votre four à préchauffer thermostat 6.

 

Vous ébouillantez, 1 minutes, les orties, 2 à 3 grosses poignées, selon votre cueillette dans un endroit éloigné des rejets des pots d’échappement et des pulvérisations de produits phytosanitaires (termes politiquement correct qui désigne les poissons dont on arrose ce que l’on va ensuite manger…)

 

Maintenant, vous pouvez les prendre à pleines mains, vous les hachez grossièrement.

Dans une jatte, vous battez 2 à 3 œufs selon leur grosseur, salez et poivrez et ajoutez une grosse cuillerée de crème fraîche ou une petite boite de crème fleurette. Vous ajoutez les orties hachées. Et vous assaisonnez à votre goût.

 

Vous sortez votre fond de tarte du réfrigérateur, vous y versez votre préparation et vous enfourner pour environ ½ heure.

 

Avec une petite salade telle que l’a préparée Ronsard, vous m’en irez des nouvelles


 

 

 

 


Mots-clés : Technorati

le 04.04.08 à 17:34 dans Histoire des aliments
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Commentaires

Heelo à vous,
je me régale de vos articles, celui sur l'ortie est formidable.
je prépare aussi du purin d'ortie, vous mettez la recette que j'ai utilisé.
C'est vrai que cela dégage une odeur pestilentielle, mais c'est vraiment efficace.
superbe,
bravo à votre blog.
bonne soirée
amitiés sic

sic - 09.04.08 à 21:21 - # - Répondre -

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Mon livre

L'histoire des légumes, des potagers, du néolithique à nos jours en passant par les abbayes. Plus une cinquantaine de recettes de Michel Portos, cuisinier de l'année 2012 GaultMillau, avec les accords vins de Patrick Chazallet. De très belles photos d'Anne Lanta, une préface de Christian Coulon pour la beauté de l'ouvrage. alt : Widget Notice Mollat Analyse sur un ton léger des rapports des femmes au vin de l'Antiquité à nos jours, les interdits, les tabous, les transgressions, se ponctuant par quelques portraits de femmes du vin contemporaines. alt : Widget Notice Mollat

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