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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Coutumes viniques au Proche-Orient antique

 

Autrefois au Proche-Orient les hommes étaient les amis du vin et se plaisaient à le boire en société. La vigne y était cultivée et le vin élaboré dans presque tous les pays était l’objet d’échanges fructueux et de plaisir pour tous ceux qui aimaient s’en désaltérer.

 
Le banquet sous la treille, Babylone

Un égal amour du vin

La boisson nationale des babyloniens restait la bière. Mais le code d’Hammourabi, que l’on voir au Louvre, fait mention de boutiques à vins et non de maisons de bière. Le vin semblait plutôt réservé aux rois et aux prêtres, il faisait partie des tributs que les peuples des districts lui versaient. Un texte signalent les quantités de vin livrées au palais de la reine qui vont de 8 à 32 litres selon les personnes, mais rien n’indique pour quelle circonstances ni pour quelle durée.

Les babyloniens et les assyriens étaient réputés pour être de solides buveurs nous l’avons déjà dit et allaient se désaltérer dans des bars à vins tenus par des femmes qu’il était mal vu de fréquenter pour des personnes respectables car les tavernes tenaient lieu parfois aussi de maisons de prostitution. On y payait ses consommations en mesures de grains selon un tarif précis.

Les égyptiens étaient de grands consommateurs de vin et de bière. La bière davantage pour le peuple et le vin pour le palais du pharaon, les prêtres et les soldats. Ces derniers recevaient largement de quoi étancher leur soif et même plus, 4 mesures de vin/jour. S’ils buvaient cette quantité chaque jour, l’ennemi n’avait pas trop de souci à se faire !

Selon, Athénée, les égyptiens étaient des buveurs tempérants ne buvant que ce qui était nécessaire pour se réjouir le cœur. Hou ! le menteur, des peintures murales nous montrent des convives lors d’un banquet dans un état avancé d’ivresse, soutenus par des serviteurs ou vomissant leur vin. Et cela dans les palais et non dans des tavernes où d’ailleurs l’on s’enivrait joyeusement. Pas étonnant que ces endroits aient eu si mauvaise réputation.

 
Femme égyptienne vomissant après une beuverie


Du vin pour tous les usages

Les égyptiens parfumaient leurs vins avec le jus de la rue, de la belladone ou de l’absinthe pour des cérémonies religieuses pour lesquelles les offrandes consistaient en vin et en raisin au cours desquelles les fidèles recevaient des distributions de ces vins parfumés et pouvaient exceptionnellement boire de ce breuvage. On imagine qu’ils ne devaient pas devenir des fidèles réguliers de ces temples, par la suite.

Le vin et le raisin étaient aussi des offrandes funéraires et le vin servait à laver la cavité abdominale des défunts lors des cérémonies d’embaumement.

Les médecins de cette époque considéraient que les vins mélangés à de l’opium et de la stramoine étaient bons pour calmer la colère ou les chagrins. Mêlé à de a pierre de Memphis pilée, le vin acquérait des vertus hémostatiques et aidait à la cicatrisation des plaies.

  De la coupe aux lèvres

En Syrie, chez les sumériens, le vin était directement dans de larges bols à l’aide d’une paille. Partout ailleurs le vin était servi et bu dans des coupes. Contrairement aux grecs, ces peuples buvaient le vin pur et prisaient fort les vins parfumés aux épices qui les rendaient plus agréables à boire. Chez les hébreux ce type de vin était proscrit pour les cérémonies religieuses. Lors des cérémonies familiales le vin était partagé et chez les hébreux, plutôt tempérants d’ordinaire, la coutume voulait qu’on boive alors sans réserve et les excès n’étaient pas rares. Une ébriété, voire une ivresse surveillée et contrôlée par la communauté, un défoulement autorisé dans les limites prescrites par la société.  

 
Scène de taverne, femme penchée buvant à la paille

Des tavernes à la réputation sulfureuse

C’est au Proche-Orient que les tavernes ont vu le jour. Maison de vin et maison de plaisir, la distinction entre les deux est plutôt difficile à faire. De l’Egypte à Babylone en passant par l’Arabie, les hommes aimaient à se retrouver pour boire, jouer et discuter. En Mésopotamie, ces tavernes étaient tenues, semble t-il, exclusivement par des femmes, mais ailleurs les tenanciers étaient le plus souvent des hommes. Le personnel, lui, était le plus souvent féminin et c’est là que le bât blesse. Car de la servante à la fille de joie, le pas fut apparemment franchi bien des fois. En Egypte, une fresque montre un homme un peu aviné « pris en main » par deux jeunes servantes légèrement vêtues qui le massent et le parent de fleurs. En Arabie, les tavernes étaient des constructions cylindres jonchées de tapis et signalées par une branche verte suspendue au dessus de la porte, pour que le chaland sache où il allait entrer. Là assis ou couchés sur des tapis, les clients buvaient en écoutant de la musique. Des jeunes femmes leur servaient à boire et chantaient en s’accompagnant d’instruments parfois elles dansaient et comme dans les symposiums grecs se mêlaient aux buveurs. C’est pour cela que la réputation de ces lieux n’était pas bonne. D’abord parce que ces jeunes servantes étaient le plus souvent des étrangères, donc suspectes et que l’excès de vin pouvait entrainer à tous les excès. Vin et chair fraîche, de quoi faire rugir les épouses qui attendaient leurs douces moitiés au logis en filant la laine et surveillant leur progéniture.

 

Le vin fut bien source de civilisations dans le monde antique. Autour de lui furent instaurés des rites et des coutumes, des manières de boire. Toutes les sociétés antiques le considéraient comme un breuvage civilisateur qui permettait aux hommes de découvrir la convivialité. Les dieux  dont nous parleront bientôt leur avaient fait un somptueux cadeau.

 

Mots-clés : Technorati

le 26.06.09 à 09:00 dans Histoire des aliments
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Commentaires

Encore une fois un article intéressant !
J'ai commencé la lecture de votre livre... passionnant.

Marie-Claire - 02.07.09 à 16:41 - # - Répondre -

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