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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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autour du dîner de Babette, fin

 La nourriture n'est pas seulement un carburant qui nous permet de vivre ou de survivre,elle porte en elle aussi une charge émotionnelle liée au plaisir éprouvé et à ce qu'elle représente dans l'esprit d'un grand nombre d'humain. 

2        - La nourriture et les émotions

Le bonheur de la faim assouvie, celui de préparer un bon repas qui calmera la faim et procura une satisfaction gustative, celui de cultiver son potager et d’y planter les meilleures graines et plants sont bien davantage qu’assouvir un besoin vital. Jusqu’au XIXe siècle, tant que manger à sa faim dépendait en grande partie du climat ou des destructions causées par les hommes, la nourriture possède une valeur importante, produire la nourriture, la préparer avait un sens, c’était vital.

 

 

A/ Le Réconfort

Et si le 1er mot avait été Miam ?

La nourriture a la faculté de changer notre état d’âme. Après un dur effort, une journée de travail épuisante, une épreuve physique ou mentale, voire sentimentale, quand on ressent une grande fatigue, la nourriture apporte un sentiment de détente, de libération, de transformation.

Le partage de la nourriture renforce les liens sociaux. La nourriture est une sorte de monnaie avec laquelle les gens scellent leurs coalitions, leurs alliances (la Manne céleste, la Cène, banquet de mariage, banquet républicain, etc)

                  

 

B/ Angoisse et perte des repères alimentaires

Ce sont tous les scandales alimentaires récents qui montrent des hommes transgressant les habitudes, les modes d’alimentation naturelles des animaux herbivores qu’il nourrit de viandes animales, l’homme lui-même s’empoisonne, produit une nourriture qui n’est plus bienfaisante, qui le rend malade au lieu de le maintenir en bonne santé. Animaux malades, Nature malade, que peut faire le mangeur qui devient un consommateur d’objets de consommation que ne produit plus un paysan mais un exploitant agricole ? 

Produire pour remplir les rayons des magasins et les caddys ou paniers des consommateurs. Produire des articles alimentaires que l’on met sans réfléchir dans son panier après l’avoir choisi selon la valeur attractive de son emballage ou celui du marketing via la publicité. Article de consommation dont on vante sans cesse le prix plus le plus bas qui va déterminer l’achat. Cette baisse des prix qui entraine la perte de la valeur de la nourriture du respect qu’on lui doit ainsi qu’au paysan qui l’a cultivée. 

Produire toujours plus, mais pas toujours mieux. Produire trop de nourriture qui sera jeté, souffrir de trop manger quand d’autres meurent de faim, posent problème autant aux médecins, qu’aux penseurs et à tout homme qui veut donner un sens à sa vie et à sa manière de vivre.

Jeter de la nourriture, la rendre impropre à la consommation plutôt que la distribuer, cela choque, car alors la nourriture perd toute sa valeur symbolique, spirituelle, elle est devenue une marchandise dans le grand marché mondialisé, elle devient même un objet de spéculation financière.

Que penser du désir de certaines firmes de s’accaparer les sources d’eau, les semences, l’eau, vitale pour les humains n’est-elle pas à tout le monde, un don du ciel, les semences n’appartiennent-elles pas à ceux qui depuis si longtemps les ont acclimatées, améliorées et qui les cultivent ?

Des aliments emballés dans des boites, que l’on mange sans même y penser entraine une perte de contact avec la nourriture, celui qui l’a cultivée ou transformée, une perte du plaisir de cuisiner, de partager et de manger. Cette perte de contact entraine une suspicion, des angoisses et entraine également une désacralisation de la nourriture, car dans la plupart des cas, le lien entre la nourriture et le mangeur est rompu.

 

 

Conclusion

Paradoxe final, au milieu d’une abondance de nourriture insignifiante et au goût uniforme, d’excédents alimentaires demandant une énergie coûteuse pour être cultivé, dont on ne sait que faire. Face à  une partie de la planète, repue et obèse, a perdu l’appétit et le goût et le plaisir du repas partagé, et face au dernier tiers ou dernier quart de l’humanité, qui ne sait pas s’il va mourir de faim, en raison de la sécheresse, de la malchance ou de décisions stupides dont les conflits, les politiques agricoles et les plans de croissance aberrants font partie, la dimension spirituelle de la nourriture est complètement exclue.

 
 
 

le 23.11.19 à 22:19 dans Autour de la nourriture
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Mon livre

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