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Manger durant la Grande Guerre
Nous allons bientôt célébrer le souvenir de l'armistice de 1914, sif=gnat la fin de le Grande guerre comme on l'a appelé par la suite. Je vous propose une série d'articles qui permettront de découvrir comment les soldats et les populations civiles ont mangé durant cette période.
Juillet 1914 lorsque la guerre éclate, personne n’imaginait qu’elle allait durer de longues années au cours desquelles les gouvernements des pays belligérants ont dû organiser l’approvisionnement en nourriture des populations civiles et militaires. Les conditions ne sont pas les mêmes partout et seront très rapidement plus dures et plus tragiques en Allemagne. D’autant que le Blocus mis en place par le Royaume Uni et la guerre sous-marine vont priver les pays en guerre de leurs approvisionnements et produits alimentaires et matières premières ce qui va avoir des conséquences désastreuses pour les populations civiles comme pour les soldats.
L'Allemagne
En Allemagne, au début du XXème siècle, l’agriculture est négligée au profit de l’industrie, les paysans, pauvres et mal outillés, sous la domination des junkers dans l’est de l’Allemagne, émigrent vers les villes et vers l’étranger, la population agricole ne représente plus que 16% des actifs. L’Allemagne ne peut faire face et importait de l’étranger (Russie et Etats-Unis) 27% des protéines consommées, très vite après la déclaration de guerre, ce pays et tous les empires centraux vont connaitre d’importantes difficultés d’approvisionnement en nourriture, en énergie et en matières premières.
La rupture des circuits économiques traditionnels associée à la mobilisation massive des hommes rend difficile la reconversion en économie de guerre et donc de satisfaire aux besoins vitaux de la population. A cela s’ajoute dès mars 1915 le Blocus total et inconditionnel de l’Allemagne mis en place par les britanniques qui visait à « réduire toute la population par la faim, hommes, femmes et enfants, jeunes et vieux, blessés et bien portants. » (W Churchill, The World Crisis, 1927) pour forcer le gouvernement à négocier.
Le résultat ne se fait pas attendre, la pénurie d’engrais dans l’agriculture s’ajoute à la pénurie de bras valides.
Réquisitions dans le Nord de la France
Pour y remédier est organisé un système de réquisitions dans les zones occupées : la Belgique et le nord de la France avec recensements du bétail, des grains, pommes de terre, paille, foin, surfaces emblavées et cultivées dans chaque ferme et chaque maison qui permettent d’envoyer vers l’Allemagne la nourriture qui manque cruellement.
Le Reich allemand ne s’est pas préparé à une guerre longue de plusieurs années et à Berlin la plupart des stocks de nourriture sont épuisés en quelques mois. À partir de l’automne 1914, les autorités essayent d’intervenir dans la production et la distribution des denrées alimentaires. La mauvaise situation des approvisionnements et l’augmentation continue des prix entraînent d’abord une fixation de prix maxima pour les produits alimentaires, suivie, peu de temps après, par leur rationnement à grande échelle.
La France
La France se suffit à elle-même sur le plan agricole : les paysans représentent 40% de la population active et la production agricole : ¼ de la production intérieure brute. L’agriculture constitue la base de l’économie et de la société française. A la veille de la guerre, la France couvre ses besoins en produits animaux, mais importe environ 10% des céréales et du vin. Sans être isolée de l’extérieur, la France assure l’essentiel de son approvisionnement à partir du travail de sa population paysanne sauf pour les oléagineux, et le textile : lin, laine, chanvre et coton, elle exporte œufs, beurre, fromages et vins.
Les femmes remplacent les hommes
1er Août 1914 : 30% de la population active est retirée des champs et des usines, entre 1 500 000 et 2 000 000 agriculteurs sont mobilisés juste avant les battages et les vendanges. Mais dans l’euphorie d’une victoire proche, personne ne juge nécessaire de tenter d’adapter les structures productives à cette situation nouvelle parce que personne n’imagine que cette situation va se prolonger longtemps. On prévoit donc un approvisionnement temporaire venant de l’étranger poir un montant de 1800 millions de francs en 1913 et 1914 et 3315 M en 1915, des résultats désastreux pour les finances du pays. Dès 1914, 30 millions de quintaux de blé américain sont importés, en conséquence le prix du blé est multiplié par 3. La couverture des besoins alimentaires de certaines villes et des armées devient problématique.
Des solutions d’urgence
Dès les 1ères semaines de la guerre 12 départements sont envahis par l’armée allemande, après la bataille de la Marne 9 restent en partie aux mains des allemands : Nord, Pas-de-Calais, Somme, Oise, Aisne, Marne, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Vosges, les Ardennes sont totalement occupées. Cela représente 2 500 000 ha de terres agricoles, 6% de la superficie totale exploitée est soustrait de l’appareil productif national.
Réquisitions de troupeaux
De plus les réquisitions des animaux de trait entrainent une pénurie d’attelage, à cela s’ajoute une baisse des fournitures d’engrais. Par ailleurs il est difficile de transporter les produits alimentaires car les chemins de fer sont accaparés pour les besoins militaires. Et le manque de forgerons, charrons, mécaniciens et paysans affectent l’agriculture intensive alors que les petites exploitations se tournent vers une économie de subsistance. Les femmes doivent poursuivre les travaux débutés par leurs maris. Très vite une aide s’opère de ferme en ferme. Les animaux de bâts étant réquisitionnés, les femmes, les enfants et les vieillards travaillent ensemble pour rentrer les moissons et vendanger.
Pour les épauler, l’état a recours aux chômeurs et à une main d’œuvre immigrée et aux prisonniers de guerre (50 000) et à partir de 1917 aux permissions agricoles : ≈ 180 000 sursis sont octroyés aux soldats âgés de plus de 45 ans.
Le rationnement des populations civiles
Les difficultés résultent tout d’abord des pénuries : fourrage et grains pour les animaux, blé et farine pour la population. La pénurie alimentaire se développe assez vite. De plus l’inflation provoque une augmentation des prix de produits alimentaires.
Les pénuries alimentaires ou les insuffisances caloriques entrainent une détérioration sanitaire, notamment en ville : 50% des enfants sont sous-alimentés, maigres ou anémiques.
En 1917, la taille moyenne est de 2 à 3 cm inférieure à celle de 1913.
1915, on prévoit de rationner le pain qui est alors la base de l’alimentation populaire.
1916, la pénurie provoque le développement du marché noir et la pêche est interdite.
1917, 7 550 000 têtes sont réquisitionnées en 5 mois, soit 5% du cheptel bovin.
Carte d'alimentation pour catégorie A
L’état décide d’une répartition de la population en 6 catégories pour la mise en place de tickets de rationnements.
E : les enfants
A : les adultes
J : les jeunes
T : les travailleurs
C : les cultivateurs
V : les vieillards
Le Pain
Carte de rationnement de pain
Avril 1917, il est fait obligation aux boulangers d’utiliser des « farines extraites » et de fabriquer des « pains standard ». La farine et le pain sont rationnés, il est interdit de faire de la pâtisserie.
Les cartes de rationnement pour le pain resteront en vigueur jusqu’en 1919. Il est alloué 700gr/j/travailleurs, 300 gr/j/enfants jusqu’à 6 ans, 600gr/j/adultes.
Dès le 10 octobre 1918, les rations diminuent : 100 gr pour enfants de - 3 ans, 300 g jusqu’à 13 ans.
Pour les cultivateurs âgés de plus de 11 ans et pour les travailleurs de force : 500 gr/j.
Pour les groupes A, J et V : 400 gr/j.
Avril 1919, levée des restrictions quantitatives mais qualité reviendra lentement.
La viande
En 1913, la consommation de viande était de 175 gr/pers/j en ville soit 64 kg/an et 24 kg en campagne. Entre 14 et 18, on note une baisse de 6% de la consommation de viande en raison du prix qui est multiplié par deux.
1917, il est autorisé de manger de la viande 2 fois/semaine et les boucheries parisiennes sont fermées le jeudi et le vendredi.
1918, la consommation de viande remonte à 3 fois/semaine et on vend de la viande congelée pour maintenir des prix raisonnables.
Autres aliments
Le sucre est rationné à 750 gr/mois de 1917 à 1921. On échange des rations de saccharine contre des tickets. Selon les régions, le lait est plus ou mpoins rationné.
Il existe des tickets semestriels pour acheter quand il en existe des pâtes, du riz, des pommes de terre, du chocolat ou de la confiture.
Seul le tabac n’est pas rationné.
Pour pallier aux restrictions, les autorités encourageaient la culture de légumes frais dans tous les espaces disponibles y compris les parcs publics.
Mots-clés : guerre
le 31.10.18 à 19:16
dans Histoire des aliments
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L'histoire des légumes, des potagers, du néolithique à nos jours en passant par les abbayes. Plus une cinquantaine de recettes de Michel Portos, cuisinier de l'année 2012 GaultMillau, avec les accords vins de Patrick Chazallet. De très belles photos d'Anne Lanta, une préface de Christian Coulon pour la beauté de l'ouvrage. Analyse sur un ton léger des rapports des femmes au vin de l'Antiquité à nos jours, les interdits, les tabous, les transgressions, se ponctuant par quelques portraits de femmes du vin contemporaines.Tous les articles publiés
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