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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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Les crèpes sautent à la Chandeleur

La fête de la Chandeleur

Dans quelques jours, nous allons tous faire sauter des crêpes, le 2 février, c’est la fête de la Chandeleur. Le calendrier nous indique que nous fêtons ce jour-là soit la Chandeleur, soit la purification de la Vierge, soit la présentation au temple. Mais que viennent donc faire les crêpes dans cette histoire?

La Chandeleur est fêtée 40 jours après Noël, l’Eglise célèbre les relevailles de Marie qui vient présenter son enfant au temple. Qui dit cérémonie dans un lieu de culte dit cierges allumés. A la même époque, dans l’empire romain, on célébrait à cette époque des fêtes appelées Lupercales, en l’honneur du dieu Pan pour lequel on faisait des courses nocturnes aux flambeaux. Les fêtes catholiques ayant souvent emprunté aux fêtes païennes on prit l’habitude le jour de la Chandeleur d’aller dans les églises, au cours d’un office, allumer un cierge que l’on ramenait chez soi et qui était censé protéger des esprits malins. En effet, le mot Chandeleur vient de chandelles, de cierges.

Mais pourquoi des crêpes ce jour-là ? On fait des crêpes rondes et dorées comme le soleil, justement parce qu’elles évoquent le soleil selon les légendes celtes, le soleil qui depuis le solstice d’hiver se fait plus présent, qui réapparait peu à peu. Et on prête aux crêpes les mêmes vertus que les chandelles : protéger les maisons et leurs habitants. C’est sans doute pour cela que le pape Gélase I offrait des crêpes aux pèlerins qu’il accueillait à Rome, pour les protéger dans leur longue route.

On fit sauter les crêpes en signe d’abondance, de prospérité, de bonnes récoltes. De multiples coutumes existaient dans les diverses provinces françaises, donner la première crêpe aux poules, pour qu’elles pondent bien toute l’année, la retourner sur le fumier (qui engraissait la terre) pour avoir de bonnes récoltes, faire sauter une crêpe en tenant une pièce dans la main pour ne jamais manquer d’argent. La plus populaire et la plus répandue consistait à mettre une pièce d’or dans une crêpe que l’on mettait en haut d’une armoire, elle empêchait ainsi les récoltes de pourrir. A la Chandeleur suivante, on récupérait les restes de la crêpe et l’on donnait la pièce d’or au premier mendiant qui se présentait à la maison. Cela assurait la prospérité de la maison, l’abondance de ses réserves de grains. Car si l’on pioche abondamment dans les réserves pour faire des crêpes, c’est que l’on a confiance dans le fait qu’on a assez de grains pour tenir jusqu’aux prochaines moissons qui seront abondantes.

On aurait pu faire aussi des gâteaux dorés. Certes, cependant, c’est oublier un peu vite les manières de manger. Lorsque ces coutumes se sont mises en place, la grande majorité des gens se nourrissait de bouillies. A l’origine de la crêpe on trouve la bouillie, car qu’est ce qu’une crêpe si ce n’est une bouillie cuite et desséchée. Avant la découverte de la panification et l’utilisation régulière du levain, toute l’Europe et même l’Orient cuisait des bouillies de froment ou d’autres céréales locales. Dans certaines régions les bouillies cuites sont devenues des pains qui sont toujours consommés. Dans d’autres, la pâte ayant été améliorée par des ajouts de lait, d’œufs de parfums, elles sont devenues des crêpes que l’on mange dans toutes les régions de France et même d’Europe. La première mention de recettes de crêpes est écrite en 1390, dans le Mesnagier de Paris : on mélange de la farine de froment, des œufs, du sel, de l‘eau et du vin, on les cuit dans un mélange de beurre et de saindoux et on les mange saupoudrées de sucre. Je pense aussi à ce tableau d’un peintre flamand du 15ème siècle qui montre une femme faisant cuire des crêpes dans une poêle à long manche sur le feu de la cheminée. Dans notre imaginaire français, la crêpe est associée à la Bretagne car les crêpes se sont développées dans cette province lorsque leur consommation régulière a diminué dans le reste de l’hexagone, ne devenant plus qu’une pâtisserie occasionnelle. On ne mange parfois des crêpes qu’à la Chandeleur et on ne se contente plus de les saupoudrer de sucre, de multiples préparations de crêpes ont été inventées : à la confiture, au miel, au chocolat, flambée au Grand Marnier, au rhum, soufflée, fourrée de fruits, de crème diverses. On fait aussi des gâteaux de crêpes sucrées ou salées, des crêpes roulées au jambon et aux champignons, garnies de légumes et de préparation à base de viande ou de poisson. Il n’y a qu’à laisser courir son imagination.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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le 24.01.07 à 12:18 dans Histoire des aliments
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