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Boire et Manger, quelle histoire !
Le blog d'une historienne de l'alimentation

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La route des épices: la mainmise des dynasties musulmanes

Rôle de l’Océan Indien sous les dynasties musulmanes 



La route maritime des épices

L’Océan Indien est un gigantesque carrefour de cultures et de civilisations venant d’Extrême Orient, d’Inde, d’Arabie et d’Afrique. Depuis la plus haute Antiquité, c’est un lieu de rencontres et de confrontations entre des intérêts culturels et commerciaux, des impérialismes, des incursions et migrations de peuples. Elle exporte des clous de girofle, du bois de girofle et bois de santal vers la Chine, l’Ethiopie, la Perse et dans les cinq grands ports poivriers de l’Inde péninsulaire.
A partir du Ier siècle après J-C, en Iran, les Sassanides deviennent les maîtres des échanges avec l’Inde, la Chine et Byzance ; l’Iran Sassanide – région entre l’Iran et le Golfe Persique – est un centre économique et stratégique : Dès le VIIème siècle, et jusqu’à l’arrivée des Portugais, ils créèrent un empire en Inde appuyé sur les comptoirs
- de la côte de Malabar,
- de Serendib (Ceylan),
- des îles Laquedives et Maldives par lesquels se diffusent les plantes et produits tropicaux.
Dans l’Antiquité et au Moyen Age, on brûlait quantité de substances aromatiques. Dans les encens à brûler entraient des plantes poussant en Chine : cannelle, basilic, citronnelle, nard, costus, anis, térébinthe, gardénia et en  en Indochine et Indonésie : santal et aloès, benjoin, clous de girofle, ambre gris.
Tous les marchands arabes et persans qui fréquentaient les ports de Canton, Sumatra, Java, Ceylan et des Indes s’approvisionnaient de ces marchandises précieuses ainsi que des épices pour leur propre marché et pour la revente aux pays chrétiens. Ils  vendaient en Chine toutes les aromates et épices de l’Asie du Sud-Est. Les épices servaient pour les parfums, comme ajouts culinaires et substances médicinales. C’était un commerce considérable concernant le poivre, la cannelle, le gingembre, les clous de girofle et noix de muscade. 

 

Poivre de Ceylan

L'importance économique des marchands

Les négociants spécialisés du commerce des épices se nommaient en arabe KARIMI. Ils revendaient leurs marchandises aux commissionnaires d’Europe, surtout de Venise, qui se les procuraient à Alexandrie. Les bénéfices réalisés par cette guilde puissante ne manquèrent pas de susciter la jalousie du gouvernement mamelouk, lequel, se substituant au commerce libre, s’en assura le monopole. C’est donc le Trésor Public égyptien qui fut directement atteint par la découverte du Cap de Bonne Espérance par Vasco de Gama, les portugais livrant alors les épices en Europe à meilleur compte.
Et aussi Venise qui avait une prédilection pour les denrées de luxe, peu volumineuses lesquelles, du fait de leur rareté, permettaient des gains importants. Venise avait dans les ports d’Alexandrie et de Tyr des « fondouks » - quartiers réservés aux marchands étrangers tenus de payer des droits de douane et des bakchichs pour faire rentrer les marchandises achetées. A Alexandrie, Venise achetait les épices et, à Tyr, les produits arrivant par les caravanes de la route de la soie ou des épices, les deux transportant indifféremment ces marchandises. A Tyr, les vénitiens chargeaient surtout des épices : rhubarbe, musc du Tibet, poivre, cannelle, noix de muscade, clous de girofle, camphre, aloès, encens, dattes de Libye, santal, gomme, baume…
Les commerçants vénitiens et génois étaient les intermédiaires des Arabes auprès des villes du nord de l’Europe, en particulier les villes hanséatiques. Comme nous l’apprenons par le récit d’un marchand juif d’Ancône commerçant avec la Chine quelques années avant Marco Polo. Récit très intéressant puisqu’il concerne le monde du réseau marchand juif du Moyen Age : cet homme rapporte du poivre, du gingembre, de la cannelle, de la Muscade, des clous de girofle, du safran et de la rhubarbe de Quanzhou. C’était le port le plus important pour le commerce avec l’Extrême Orient. Il importait du poivre de l’Inde, de la girofle des Moluques et de la cardamome du Cambodge. Le voyage aller durait huit mois en profitant de la mousson et autant au retour.
Au XIIIème siècle, les échanges entre ces deux foyers de l’économie européenne : Pays-Bas et Italie se faisaient par le biais des foires de Champagne à mi-chemin des deux pays.


Mots-clés : Technorati

le 20.10.05 à 12:16 dans Histoire des aliments
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